L'Oise Agricole 01 mars 2018 a 09h00 | Par Dorian Alinaghi

«Agridemain, c'est être aussi présent sur le 360° degrés de la communication»

Lors du Salon de l'agriculture, Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA et président d'Agridemain, est venu faire le point sur la situation de l'agriculture et sur l'après-salon.

Abonnez-vous Reagir Imprimer
«L'agriculture française est performante, elle n'est pas low cost, elle est premium» souligne Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA et président d'Agridemain.
«L'agriculture française est performante, elle n'est pas low cost, elle est premium» souligne Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA et président d'Agridemain. - © Dorian Alinaghi

«Le salon est une super fenêtre médiatique. Pendant dix jours, c'est l'occasion de parler de l'agriculture à toute la France et c'est vraiment, au-delà des 600.000 visiteurs, une grande opportunité. Aujourd'hui, on a un gros problème de décalage sur ce que nous faisons sur nos exploitations et la réalité de ce qui est perçu dans des émissions, souvent à charge. Les 85 émissions d'agribashing de l'année 2017 le prouvent, le monde s'est urbanisé et il y a notamment une méconnaissance de ce qui est l'agriculture. Donc le Salon de l'agriculture 2018 permet de faire de la pédagogie, de montrer la réalité de l'agriculture, de tous les efforts et de prendre surtout le consommateur et le citoyen à partie en leur disant ce qu'ils veulent vraiment de notre agriculture.

Nous, on est prêt à faire tous les efforts possibles mais est-ce que, demain, les personnes payeront le prix exact de nos produits ? Car, aujourd'hui, les agriculteurs n'arrivent plus à vivre de leur produit.

Depuis 10 à 15 ans, les agriculteurs ont été trop silencieux ou alors, trop souvent sur la défensive. Ils n'ont jamais été pro-actifs. Aujourd'hui, avec notamment Agridemain, les agriculteurs doivent prendre la parole et qu'ils arrêtent de laisser les autres parler de leur métier. Ils peuvent raconter de très belles histoires sur leur quotidien et leur action positive sur l'environnement.

Il faut savoir que l'agriculture occupe 65 % du territoire, c'est donc la première activité économique et la première au niveau de l'emploi avec 3,5 millions d'emplois. La richesse de ce métier est la diversité des modèles agricoles, tout en étant complémentaires. En 2014, les exportations françaises des produits agricoles et agroalimentaires représentent 14 % des exportations totales de biens.

La balance commerciale des produits agricoles bruts et transformés s'élève à un excédent 9,1 milliards d'euros. Ce secteur occupe ainsi le 3e excédent sectoriel de la France, après l'aéronautique et le secteur de la chimie et de la cosmétique.

Grâce à ces résultats, la France occupe le 5e rang des exportateurs mondiaux de produits agricoles et agroalimentaires.

Agridemain est composé de 300 agriculteurs dispatchés partout en France qui ont décidé de donner un peu de leur temps pour prendre la parole, comme avec la fête des moissons. C'est similaire à la fête des voisins. Il s'agit d'ouvrir les exploitations et de se reconnecter avec ses voisins afin de leur montrer tout notre travail pour leur enlever toutes les fausses idées liées à l'agriculture. Mais c'est aussi un moment de convivialité et de solidarité.

Agridemain, c'est être aussi présent sur le 360° degrés de la communication en utilisant les réseaux sociaux tels que Twitter, Youtube, Facebook pour aller vers les personnes. À travers ces moyens, on peut expliquer que la modernité n'est pas contre l'agriculture, mais qu'elle va permettre de plus d'agronomie. Le numérique va aussi permettre de se préoccuper de la santé et de l'impact environnemental pour aboutir à une agriculture durable qui a toute sa place en France.

Il s'agit de répondre à tous les marchés, comme le circuit court en intervenant dans les hors-foyers. Il s'agit, ici, de fournir des produits dans les établissements scolaires mais aussi un marché basé sur l'exportation.

L'agriculture française est performante, elle n'est pas low cost, elle est premium. Nos produits de qualité permettent d'éviter le gaspillage alimentaire. En effet, de nombreux pays attendent beaucoup de l'agriculture française et on a le devoir d'y répondre. Notre richesse, on la cultive avec notre diversité.

Je qualifierai les États généraux de l'alimentation par le mot valeur et prix. Cela fait des années que l'on se bat pour redonner du prix et de la valeur à nos productions et les EGA vont être une révolution. Pendant de nombreuses années, on a habitué les consommateurs à des bas prix. Et la guerre des prix dévastatrices de la grande distribution fait qu'aujourd'hui, les agriculteurs n'arrivent plus à vivre de leur travail. Il était donc temps de faire un printemps de l'agriculture pour donner du sens à notre métier. Cela va également permettre de répondre aux attentes de la société et du citoyen.

L'image de l'agriculture est souvent peinte par des manifestations, mais on veut surtout, dans le cadre de ce salon, montrer l'agriculture de demain. Ici, il est question donc d'une agriculture de solution qui permettra demain de répondre aux défis alimentaires, énergétiques. Mais aussi une agriculture de service, on peut le constater dans le cas des inondations, en noyant les champs et les prairies au lieu des maisons. Les Français aiment leurs agriculteurs et ce qui est important, c'est que derrière, la confiance s'instaure et cela sera traduit par sur les actes d'achats, plus verts, plus chers.»

Régis Desrumaux, secrétaire général de la FDSEA de l'Oise et éleveur à Offoy

«Le Salon de l'agriculture est une très belle vitrine de notre profession et cela aura des répercussions positives par la suite»

Sur notre SEA (syndicat d'exploitation agricole), on a organisé un voyage pour aller visiter le salon de l'agriculture. C'est une superbe opération de communication car, sur les 63 personnes qui composaient notre bus, seulement trois étaient des agriculteurs. Moi étant agriculteur éleveur, je viens m'imprégner de toutes les manières de travailler, de rencontrer d'autres agriculteurs éleveurs.

Mais ce que j'attends de ce salon, c'est que les gens aiment leur agriculture, leurs éleveurs. Les enfants découvrent cet univers merveilleux rempli d'animaux qui vont les fasciner. On aura cette chance que, cette fois-ci, la majorité des journalistes vont braquer leur caméra durant une dizaine de jours sur le monde agricole car on a des messages à faire passer.

Que ce soit sur les États généraux de l'alimentation, sur le Mercosur... j'ai été frappé sur la communication importante au sujet des dégâts du loup. J'ai été étonné que le Président Emmanuel Macron se fasse siffler à ce point-là, mais ce salon aura des répercussions positives pour la suite. Automatiquement les milliers de visiteurs auront une image encore plus belle de notre agriculture, il faut donc que l'on persévère pour l'après-salon afin que l'on ne soit pas oublié. Il faut que les personnes s'interrogent et se posent les bonnes questions.

Réagissez à cet article

Attention, vous devez être connecté en tant que
membre du site pour saisir un commentaire.

Connectez-vous Créez un compte ou

Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,