L'Oise Agricole 10 février 2022 a 08h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Quand se laver les dents devient un geste éco-citoyen

Cocorico ! Bioseptyl est un fabriquant français de brosses à dents installé à Beauvais et dont les produits, fruit d’un savoir-faire ancien et certifiés made in France, cochent toutes les cases en terme de respect de l’environnement.

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Olivier Remoissonnet présente la gamme des brosses à dents Bioseptyl, fabriquées à Beauvais.
Olivier Remoissonnet présente la gamme des brosses à dents Bioseptyl, fabriquées à Beauvais. - © DLC

C’est l’histoire d’une brosserie, héritière d’une activité traditionnelle installée dans la vallée du Thérain au XIXe siècle, qui avait vécu toutes les grandes étapes de l’industrialisation (machinisme, électrification, automatisation, arrivée du plastique....), mais qui n’a pas su prendre le virage de la mondialisation. Ses produits ne pouvaient pas concurrencer les brosses en plastique made in China vendues en grandes surfaces. La brosserie était condamnée à la fermeture comme de nombreux fleurons industriels dont la qualité française n’a pas résisté à l’importation massive de produits bas de gamme, mais peu cher.

C’était sans compter sur l’énergie d’un de ses salariés, Olivier Remoissonnet, qui, avec un associé, Olivier Voisin, pensent que l’aventure de la brosserie dans l’Oise et de ses savoir-faire ne peut pas se terminer ainsi et reprennent donc l’entreprise à un poil de la fermeture. «Comme il nous était impossible de concurrencer les produits chinois, nous avons entamé un virage à 180 degrés en choisissant de produire des brosses à dents made in France, en relocalisant tous les outils de production. Nous avons réfléchi aux matériaux utilisés et à la fin de vie de nos produits pour entrer dans une démarche vraiment vertueuse, pas une opération de green washing».

Une gamme complète

Aujourd’hui, la marque Bioseptyl propose des brosses à dents en plastique recyclé en premier prix, entre 3,5 et 4,5 €, «soit le même prix que le made in ailleurs pour du plastique recyclé, mais sans les kilomètres pour les acheminer». Puis une gamme autour de 5 à 5,5 euros, avec des manches en bois français, du hêtre essentiellement. «Nous prenons des bois qui sont déclassés de la production de meubles, les parties les moins nobles», précise le responsable.

Le modèle emblématique de la gamme premium est Edith, une brosse à dents dont la tête est interchangeable. «Il faut lui faire tourner la tête (!) pour la dévisser du manche, lequel est proposé en trois matières de bioplastique différentes : du plastique avec des anas de lin ou avec du liège, issu d’une collecte de bouchons usagés réalisée par une association, ou des coquilles saint-jacques broyées», développe Olivier Remoissonnet.

La gamme de brosses à dents est complétée par des dentifrices bio, en pâte ou sous forme de stick solide pour les voyages, dont la fabrication est confiée à des partenaires dans la même démarche éco-citoyenne. Et voilà comment un produit de tous les jours, et même de deux fois par jour, devient vertueux car fabriqué à partir de déchets ou de co-produits.

De même, les filaments, achetés à un fournisseur dans la même démarche, sont fabriqués avec du bioplastique dont 70 % est d’origine végétale (une plante grasse). Tout est réfléchi sur le site pour peser le moins possible sur l’environnement. Les cartons PEFC, issus de forêts gérées durablement, sont imprimés avec des encres végétales et ceux des fournisseurs sont ré-utilisés jursqu’à ce qu’ils soient suffisamment abimés pour partir au recyclage. L’usine est éclairée avec des leds et la chaleur des moteurs à air comprimé qui servent à emboutir les filaments dans les têtes des brosses à dents est récupérée et sert à chauffer les ateliers.

Trente-deux salariés s’activent donc rue du Pont d’Arcole à Beauvais pour concevoir, fabriquer, vendre et expédier les gammes de brosse à dents. Les équipes sont autonomes et comprennent des personnes en réinsertion. «Toute l’électricité utilisée dans l’usine est verte, issue de l’hydraulique ou de l’éolien.» Histoire de bien ancrer toute la démarche, le dirigeant n’a pas hésité, dès 2012, à soumettre tout son process à la certification Origine France Garantie qui audite toutes les étapes avant d’apposer le précieux logo, bien meilleur gage que le «fabriqué en France» qui s’apparente plus à une démarche marketing pour séduire le consommateur devenu sensible à ces aspects.

Commercialisation et recyclage

Huit millions de brosses à dents Bioseptyl (sur les 200 millions vendues en France chaque année) sont distribués dans 1.800 magasins bio, des indépendants ou des chaînes comme La Vie Claire, Biocoop, mais aussi en ligne, pour 50.000 clients. Sur le site, les achats peuvent se faire à l’unité ou sous forme d’abonnement. «Souvent, un consommateur est incapable de dire depuis combien de temps sa brosse à dents est dans son gobelet. Un Français en change tous les 5,5 mois, alors qu’un habitant d’Europe du Nord le fait tous les 2,5 mois. Avec un abonnement dont le client choisit la périodicité, nous lui envoyons automatiquement une nouvelle brosse à dents à échéance. Et nous lui fournissons une enveloppe retour dans laquelle il nous renvoie sa brosse à dents usagée que nous recyclons», explique Olivier Remoissonnet. Car le fabricant s’est interrogé sur la fin de vie de ses produits et ainsi à leur retour pour recylage : des enveloppes pour les clients en ligne, des boîtes dans les magasins. 858 kg de brosses à dents ont été retournés en 2021,un record.

Il n’a pas non plus hésité à demander à un expert certifié Ademe une étude comparative, en terme d’empreinte carbone, entre les produits Bioseptyl et les produits made in ailleurs. «Ainsi, nous pouvons dire que nous offrons une alternative crédible avec un mode de consommation respectueux des savoir-faire et de l’environnement. Nous prouvons ce que nous annonçons : nos brosses à dents émettent en moyenne quatre fois moins de CO2 et même jusque vingt fois moins que celles en bambou fabriquées en Chine et importées par avion», sourit Oliver Remoissonnet. À noter que Bioseptyl est une des marques fabriquées sur place, d’autres marques de brosses (à cheveux notamment) comme 1845 et Empreinte sont produites par La Brosserie Française, toujours à Beauvais.

Un banal produit de consommation prend ici tout son sens et, cela, on ne s’en brosse pas.

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