L'édito
Joël Bomy, figure emblématique du syndicalisme agricole, est mort
À l’âge de 66 ans, Joël Bomy, ancien agriculteur de l’Oise et symbole de la FDSEA 60, est décédé d’une crise cardiaque.
À l’âge de 66 ans, Joël Bomy, ancien agriculteur de l’Oise et symbole de la FDSEA 60, est décédé d’une crise cardiaque.
«Salut l’artiste ! Joël, t’es parti. Ton nom, Bomy, exprime pour nous la joie, la tendresse, la gentillesse. Un nom que tout le monde applaudissait alors que tu nous faisais tant rire avec ton numéro digne des Coluche, Fernandel, Bourvil lors de l’assemblée générale de la Fédé.
«Joël, non, non, tu ne peux pas dire ça. Non, attends, enlève cette phrase. Joël attention, il y a le préfet dans la salle. Arrête de taper sur les fonctionnaires : il y a le directeur de l’agriculture, il y a les services fiscaux, il y a aussi les services vétérinaires. Tu vas trop loin !» répètais-je.
Et Joël me répondait :
«Mais non ma p’tite Yvette. J’tape pas sur eux. Regarde, j’ai pas d’arme, j’ai que mes papiers ! Et pis, tu l’sais, j’suis pas un méchant.»
Dans la salle, nous étions 400, 500 paysans, même 600 les années à «réforme de la Pac». Il y avait les discours des présidents, et puis les questions. Joël levait la main, Gérard ou Willy lui tendaient le micro. Et comme il avait toujours très consciencieusement préparé «ses» discours, Joël montait à la tribune lentement, le sourire malicieux vers la salle. Christian Patria, Jean-Baptiste Soufflet, Jean-Luc Poulain et ceux qui ont suivi se souviennent des topos de Joël en assemblée générale ! On retenait son souffle. Joël était pendant ces moments-là le «patron». Le patron du rire, le patron de ceux qui parlent vrai et ne se prennent pas trop au sérieux. Le patron à la voix douce, amusante et amusée. Celui des mots forts, des phrases qui portent, celui au ton plein de malice. Alors il parlait, lisait son topo, riait, faisait rire, était tout simplement heureux : il prenait soin de s’arrêter pour nous laisser le temps entre deux éclats de rire, de reprendre notre souffle, et rire encore, et rire toujours...
Tu savais parler des éleveurs, de leur travail, de leur fierté.
Joël, tu étais le gars de toutes les manifs : Bruxelles, Paris, Strasbourg, Compiègne, Choisy, Beauvais, Canly, Calais. C’était une terrine de pâté, quelques baguettes et l’ambiance copains que tu affectionnais tant.
Le monde agricole, pour toi, c’est tous ces copains que tu avais plaisir à inviter à l’assemblée cantonale de Lassigny ; des copains à qui tu as aimé présenter ta famille, votre ferme, parler de votre élevage, et faire découvrir ton village Mareuil-la- Motte.
T’es parti, Joël. Nous, on est restés... et là où tu es, tu entends certainement nos applaudissements.
Salut l’artiste ! T’es vraiment un super gars : un gars Bomy, Bomy, Bomydable. Bravo Joël.»
Yvette Autricque