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N°1604 (40)

06 octobre 2023 | Semaine 40 1604
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L'édito

Des pulpes, mais pas pour tous !

Régis Desrumaux, Président de la FDSEA de l'Oise

Les betteraves sont en cours d’arrachage et la récolte devrait, selon les estimations, être bonne. Nous pouvons nous réjouir du faible développement de la jaunisse cette année. Elle a épargné notre département, mais a touché ceux situés au Sud du bassin parisien.

Malgré sa richesse en sucre, la betterave laissera un goût particulièrement amer à certains éleveurs de l’Oise dont les systèmes de production sont tournés vers l’utilisation dans les rations de coproduits comme la pulpe.

Pourquoi ? Rappelons-nous le passé : la pulpe, avant d’être un coproduit de la betterave, était surtout un résidu dont les sucreries cherchaient à se débarrasser une fois le sucre extrait. Depuis, l’évolution vers de nouvelles productions permet l’utilisation des pulpes et leur redonne un intérêt économique au-delà de l’élevage. Cela permet de revaloriser le prix de la betterave payé aux planteurs et nous nous en réjouissons.

Malgré les difficultés d’approvisionnement en pulpes dues à la forte baisse de rendement de ces dernières années, des sucreries privées maintiennent un équilibre dans leurs livraisons et soutiennent notre élevage en assurant aux éleveurs la pulpe demandée. Parmi elles, citons Saint-Louis Sucre ! Nous tenons d’ailleurs à remercier le groupe et son directeur pour les échanges et le travail effectué ensemble.

D’autres sucreries, pourtant sous forme coopérative et donc logiquement plus sensibles à la fibre agricole, ont semé la peur dans les élevages en distribuant à tour de bras des courriers annonçant aux éleveurs la fin prochaine des livraisons de pulpes, et cela alors que les betteraves 2023 ne couvraient pas encore la terre.

Maintenant, ils pénalisent des éleveurs en définissant avec un compas leur zone de livraison. Au-delà de 50 km, chers clients depuis plus de 30 ans, circulez, il n’y a rien à voir ! Est-ce normal de la part d’une coopérative ?

Non. Pourtant, Tereos, puisqu’il s’agit de ce groupe, n’hésite pas à laisser des éleveurs sans solution. Malgré tous nos échanges, en région avec la FRSEA et les élus régionaux de Tereos, nous n’avons obtenu que des “non” catégoriques. Où est passée la solidarité agricole dans cette coopérative ? Cette même solidarité qui nous menait à Paris pour soutenir la filière betteraves face à l’interdiction des NNI ! Les élus et administratifs de la coopérative l’ont-ils oublié ?

Bien évidemment que la filière a besoin de planteurs pour faire tourner les usines, qu’il est important d’inciter les agriculteurs à semer de la betterave et c’est le message que nous passons depuis déjà plusieurs années.

La pulpe permet le maintien de l’élevage sur certains secteurs et bon nombre d’éleveurs ont déjà fait le choix de devenir planteur, mais n’oublions pas les exploitations où même avec la meilleure volonté du monde, la plantation de betteraves est impossible !

Dans ces cas, on parle uniquement d’environ 3.000 tonnes. Une broutille !

La position de Tereos n’est pas partagée par tous les élus de la coopérative et de nombreux coopérateurs-planteurs se scandalisent de cette décision et certains sont même prêts à mettre à disposition leur propre tonnage en pulpes mais évidemment, les contrats ne le permettent pas. Je tiens, malgré tout, à les en remercier.

Chers éleveurs, soyez-en sûrs, le problème ne vient pas de la demande des méthaniseurs, mais est bien engendré par des décisions politiques de Tereos.

Le nombre d’éleveurs est en diminution chaque année dans notre région et refuser de leur livrer des pulpes, ce n’est pas les aider. Carton rouge à Tereos qui lâche des éleveurs qu’elle a été bien contente de trouver par le passé !

Je tiens tout de même à assurer que le syndicalisme continuera de soutenir, sans faille, cette belle filière, d’être auprès des planteurs pour maintenir la betterave sur notre territoire. Mais certaines choses doivent être dites, surtout quand une coopérative a la mémoire bien courte…

N°1601 (37)

15 septembre 2023 | Semaine 37 1601
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L'édito

Absurde ! Quand la biodiversité prime sur l'alimentation...

Régis Desrumaux, Président de la FDSEA de l'Oise

Voilà un nouvel exemple de notre capacité d’adaptation à tout type de situation. Nous sommes des chefs d’entreprise de l'extrême : s’adapter aux conditions météorologiques, au changement climatique, à des variations de prix et de charges et maintenant, attendre de savoir à quelle sauce nous allons être mangés  ! Comment voulez-vous effectuer sereinement nos assolements sans savoir si nous allons obtenir la dérogation aux 4 % obligatoires de surfaces non productives (jachères). Nous l’avons dit et redit à plusieurs reprises : cette réglementation de la BCAE 8 est totalement débile ! Imaginée par des écolo-bobos prônant la décroissance. Comment laisser des terres non productives quand le monde est à deux doigts de crever de faim ? Comment nous imposer un non-revenu sur 4 % de nos SAU (surface agricole utile) ? Messieurs et Mesdames nos dirigeants, un peu de bon sens  ! L’autonomie alimentaire et énergétique n’est pas une priorité pour vous ? Faites-vous le jeu de Poutine ?

Les JA et la FNSEA ont fait le job et ont su faire prendre conscience à notre ministre de la nécessité de cette dérogation. De nombreux autres pays européens l’attendent aussi. Mais c’est sans compter sur la Commission européenne qui arc-boute sur sa position soit-disant écologique qui obscurcit totalement l’aspect alimentaire et économique.

Je vous conseille donc, chers amis, d’intégrer ces 4 % à votre assolement même si, soyez-en assurer, votre FDSEA continue de mettre un maximum de pression pour obtenir cette dérogation. En attendant ce retour, je vous souhaite bon courage pour les travaux en plaine à venir. Amitiés.