L'Oise Agricole 04 mai 2017 a 08h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

2017, la filière betteravière se prépare à changer d’ère

À la veille de la fin des quotas, l’assemblée générale du Syndicat betteravier de l’Oise (SBO), ce mardi 2 mai, avait un parfum particulier.

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De gauche à droite : Étienne Lenaerts, directeur du SBO, Olivier Grard, trésorier, Pierre-Emmanuel Bois, directeur de la CGB, Éric Lainé, président de la CGB, Hans Dekkers, président du SBO, et Louis Bricout, vice-président.
De gauche à droite : Étienne Lenaerts, directeur du SBO, Olivier Grard, trésorier, Pierre-Emmanuel Bois, directeur de la CGB, Éric Lainé, président de la CGB, Hans Dekkers, président du SBO, et Louis Bricout, vice-président. - © Dominique Lapeyre-Cavé

l’équation en ces termes : «au premier octobre, les quotas disparaissent et avec eux, les prix garantis aux planteurs. Nous entrons dans une ère plus concurrentielle où la volatilité des prix est la règle. Mais l’ambition de la filière d’augmenter la production semble bien partie puisqu’environ 20 % de surfaces supplémentaires ont été emblavées, signe que cette ambition est partagée par tous».

Étienne Lenaerts, directeur du SBO, rappelait les temps forts de 2016, année mouvementée avec la préparation de la suppression des quotas, le respect des règles de la concurrence et la libéralisation du marché. Le marché mondial du sucre subit de grandes variations, le prix varie de 1 à 3,5 entre le point le plus bas et le plus haut. La filière européenne, planteurs et industriels, s’y est préparée au cours de cette année 2016 qui a aussi été une année de construction.

D’abord, sur le coût de production évalué à 25,5 t/ha de betteraves à 16°, chiffre fourni grâce aux centres de gestion et aujourd’hui incontesté. Ensuite, sur les propositions faites par les groupes sucriers pour l’après-quotas : Tereos, Saint Louis Sucre et Cristal Union ont pu proposer aux planteurs des contrats avec tonnages et prix. 20 % de tonnages supplémentaires ont été contractualisés pour assurer une meilleure rentabilité aux usines.

Des accords interprofessionnels ont pu être signés pour trois ans et 2017 sera une année de transition d’un régime avec quota à un régime sans.

 

Plus de sucre et donc plus de betteraves

Car la compétitivité est le nœud de l’affaire. Pour améliorer la rentabilité des usines françaises et donc leur capacité de concurrence, il faut produire plus de betteraves et cela passera par un allongement de la durée de campagne d’une vingtaine de jours. De 106 jours environ en France, la campagne dure 120 jours en Allemagne.

Sachant qu’entre le 6 septembre et le 30 novembre, le rendement augmente de 30 t/ha, quel planteur acceptera un arrachage plus précoce pour allonger la durée de la campagne ? Étienne Lenaerts rappelle qu’un groupe de réflexion s’est constitué au niveau de la CGB pour imaginer les mécanismes de compensation qui devront être trouvés.

De même si la fin de campagne est reculée. Stocker des betteraves dans le Loiret, les Ardennes ou dans la Marne ne pose pas les mêmes problèmes.

De nombreux points sont donc à prendre en compte : prompt enlèvement, possibilité de charger sur route, qualité des pulpes...

La projection dans cette nouvelle ère sans quotas suppose un travail sur tous les fronts, mais c’est le quotidien de la CGB. La France a de nombreux atouts à faire valoir dans cette nouvelle configuration.

Hans Dekkers insiste sur la nécessaire maîtrise des charges de production qui augmentent lentement mais sûrement depuis de nombreuses années.

Certes, la recherche sur les semences a permis aux rendements d’augmenter de 2 %/an, mais il faudrait 4 %/an pour maintenir la compétitivité. Il faudra baisser les intrants dans le même temps. «Car les capacités de résilience des agriculteurs sont limitées. Au moindre courant d’air, ils s’enrhument» déplore le président Dekkers.

La conclusion de la matinée est revenue à Éric Lainé, président de la CGB, qui a rappelé que le maître-mot de l’avenir est compétitivité. Malgré les contraintes réglementaires, les outils d’aides à la décision, l’amélioration des semences... doivent permettre de maintenir le potentiel de la filière, il faut garder confiance.

«Nous devrons faire plus vite dans un monde plus compétitif, nous ne devons pas avoir peur de l’après-quotas. Mais nous aurons besoin de tous les planteurs pour peser dans la balance.»

 

Quelles solutions pour gérer les risques sans quota ?

Pierre Rayé, responsable des affaires économiques de la CGB, rappelait en préambule que la variabilité du revenu agricole est de 1 à 2 sur les dernières années et que le taux d’endettement des exploitations agricoles, médian à 39 %, recouvre en fait des situations contrastées. Comment, demain, sans quota betteravier et donc sans prix plancher et avec une amplitude du prix mondial du sucre de 1 à 3, et avec des aides directes Pac en baisse, continuer à gérer le risque sur les fermes ? Il faudra repenser la boîte à outils existante pour à la fois sécuriser les volumes pour la filière et permettre aux agriculteurs un minimum de vision pour continuer à investir.

Si les risques normaux sont assurables avec des contrats ou une épargne de précaution (dotation pour aléas), un soutien public est nécessaire pour les risques extrêmes. C’est le cas de l’assurance récolte dont le seuil de déclenchement doit être ramené à 20 % au lieu de 30 actuellement. Cette modification sera peut-être possible dans le cadre de la révision de la Pac.

Enfin, sous l’impulsion de la Commission européenne, un fond mutuel sectoriel pourrait être mis en place. Abondé par le public et le privé, il devrait déclencher et permettre ainsi d’amortir les risques.

Pierre Rayé estime que c’est la complémentarité de ces systèmes qui fera leur succès.

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