L'Oise Agricole 03 août 2017 a 08h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Des séchoirs et nettoyeurs à grain made in Picardie

Les agriculteurs picards, lorsqu’ils livrent leur récolte, ne le savent pas, mais il y a des chances que leurs grains soient séchés, nettoyés, séparés et calibrés par des machines fabriquées dans l’Oise, à Tricot, sur le plateau picard.

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Fabrice Debout, le directeur général de CFCAI.
Fabrice Debout, le directeur général de CFCAI. - © Dominique Lapeyre-Cavé

L’entreprise CFCAI y est installée depuis 1993 sur la zone industrielle à la sortie du village. Elle est propriétaire des marques Law (séchoirs de petite et moyenne capacité, de 20 à 1.000 t/j), Satig (séchoirs plus industriels, de 400 à 6.000 t/j) et Émile Marot (nettoyeurs, trieurs et calibreurs). Tous les types de graines sont travaillés par ces matériels : céréales, colza, tournesol, maïs, soja, riz, mais aussi noix, pépins de raisin et pépins de pommes. Les clients de la société sont des coopératives, des négociants, mais aussi des agriculteurs qui stockent à la ferme, pour des séchoirs Law, de plus petite capacité dans ce cas commercialisés par Agri-Consult, revendeur exclusif de la marque.

Made in Picardie

Fabrice Debout, directeur général de CFCAI, détaille l’organisation de l’entreprise répartie sur trois sites en France. D’abord, un bureau d’études dédié à la marque Satig est installé près de Dijon et emploie une dizaine de personnes. Ensuite, un service après-vente à Tonneins, dans le Lot-et-Garonne, avec également 10 personnes et enfin, le site principal, celui de Tricot, qui emploie une centaine de personnes : fabrication, bureau d’études, commercialisation, fonctions support... Le travail dans les ateliers se fait à la commande, pour une production importante : de 80 à 100 séchoirs de toutes tailles et 250 à 350 nettoyeurs sortent chaque année de l’usine de Tricot.

12.000 m2 d’atelier dans lequels entrent uniquement des tôles à plat. Les tôles sont découpées, soudées, mises en forme par les ouvriers dans une première ligne de production, avant d’être peintes, puis les séchoirs et nettoyeurs sont assemblées avant livraison. «90 % de la fabrication se fait à Tricot, assure Fabrice Debout. Seuls les moteurs, automates, quincaillerie sont achetés. Nous fabriquons nous-mêmes les ventilateurs qui vont dans les séchoirs Law

Qualité assurée

«Notre force, c’est la qualité de nos produits, leur fiabilité et la garantie de performance énergétique que nous assurons à nos clients», affirme le directeur. Car la tendance, dans les séchoirs et nettoyeurs, trieurs et calibreurs, est l’optimisation énergétique, même si les cours bas du pétrole et du gaz actuellement rendent cette problématique moins prégnante. «Grâce au pilotage et à la régulation de l’installation, à la conduite logicielle associée à nos produits, nous pouvons assurer à nos clients une solution moins énergivore. D’ailleurs, quand nous installons de nouveaux matériels, nous assurons à nos clients une formation à l’éco-utilisation.»

Services au client

Si CFCAI représente 90 à 95 % du marché français des séchoirs, c’est parce que le service au client est extrêmement bien calibré. «Nos clients n’utilisent leurs séchoirs que quelques semaines par an, alors il est hors de question de ne pas assurer en cas de panne. Le service après-vente est composé de techniciens qui interviennent 7 jours sur 7, de 7 h à 22 h et c’est ce qui fait la différence avec la concurrence.»

L’entreprise assure aussi l’entretien régulier des matériels et ce pendant longtemps, car ce service est assuré pour des modèles qui ne sont plus fabriqués depuis 30 ans. «Au départ, l’entreprise était à Senlis et fabriquait des broyeurs pour aliments à la ferme. Nous sommes encore capables de fournir des pièces détachées et de réparer des broyeurs qui ont 40 ans» explique Fabrice Debout. Entretien, dépannage et même modification des séchoirs et nettoyeurs sont assurés.

Développement

CFCAI équipe de nombreuses installations en France. Par exemple, dans l’Oise, elle a récemment fourni un nettoyeur à Agora pour son silo de Roye-sur-Matz, un séchoir à maïs pour Valfrance et pour l’Ucac. Mais elle vend surtout des séchoirs à maïs en Alsace, Champagne, vallée du Rhône... Ses client sont InVivo et Euralis et aussi le port de Bordeaux.

Le tout pour un chiffres d’affaires annuel de 25 millions d’euros en moyenne. L’entreprise a, comme les agriculteurs, enregistré une baisse en 2016 (20 millions d’euros de chiffre d’affaires), mais devrait enregistrer un meilleur résultat en 2017.

Mais sa force réside aussi dans sa capacité à exporter, ce qui est déjà le cas pour un tiers de la production. La majorité des séchoirs et nettoyeurs sont vendus en Europe : Italie, Espagne, Slovaquie, Ukraine, Allemagne, Tchéquie... Toutes les plaines céréalières sont clientes et des implantations plus inattendues ont été réalisées : des nettoyeurs au Maghreb et un séchoir à riz au Sénégal.

Mais ces marchés requièrent une logistique importante, ce qui est un frein. Par contre, CFCAI mise sur l’Europe pour développer ses ventes au travers de distributeurs locaux qui assurent dans ce cas le service après-vente. «Nous venons ainsi de réaliser 5 belles installations en Ukraine et notre objectif est de cibler 20 pays européens à 1 million d’euros chacun pour développer nos ventes» se réjouit Fabrice Debout.

CFCAI recherche toujours des ouvriers métallurgistes, des ingénieurs, des commerciaux. «C’est un challenge de faire venir ces compétences à Tricot» confie le directeur. Pourtant, ce petit village picard est assurément un grand dans le monde des séchoirs, nettoyeurs et autres machines de travail du grain.

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