L'Oise Agricole 23 avril 2014 a 09h03 | Par Laetitia Brémont

Société - Le dangereux jeu du foulard à l'école

Par simple curiosité, les enfants expérimentent parfois des pratiques dangereuses.

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- © JC Gutner

Cela se  passe un soir d'hiver dans les locaux de l'Udaf 27 à Evreux. Une petite vingtaine de personnes a fait le déplacement pour écouter Françoise Cochet, présidente de l'Apeas (Association de parents d'enfants accidentés par strangulation). Le sujet, «les jeux dangereux», est austère et encore mal connu, même s'il est régulièrement évoqué dans la presse. Et pourtant, le constat dressé par Françoise Cochet montre que ces pratiques sont courantes et que la prévention est essentielle !

En 2000, Françoise Cochet a perdu son fils de 14 ans alors qu'il pratiquait un «jeu» de strangulation. De ce drame, est née l'association qu'elle préside aujourd'hui. Elle sillonne ainsi régulièrement la France pour animer des réunions, échanger avec des enfants, des enseignants, des parents autour de la prévention des accidents.

Des enfants épanouis, curieux
D'une voix claire et posée, Françoise Cochet commence par dissiper quelques idées reçues sur le sujet. «Non, ces pratiques ne concernent pas uniquement des enfants en difficulté avec un penchant morbide. Au contraire, les enfants qui essaient de tels jeux, car pour eux ce sont de simples jeux, sont épanouis, curieux, intelligents, appartiennent à toutes les catégories socio-culturelles. Seulement, le problème, c'est qu'ils n'ont aucune conscience du danger qu'ils courent.»

Françoise Cochet explique ensuite le principe des «jeux» d'étouffement : «Il existe un nombre incalculable d'appellations : le jeu du foulard, le jeu de la tomate, le rêve indien...

Parfois, les enfants ne leur donnent pas de nom. Dans la majorité des cas, ces « jeux » se font en groupe dans la cour de l'école et se propagent par le bouche-à-oreille. Il arrive que les enfants découvrent et expérimentent seuls de telles pratiques, avec un risque accru d'accidents».

Le principe est simple, il s'agit de bloquer sa respiration et d'appuyer sur les carotides (voire l'abdomen) après une hyperventilation. L'enfant tombe en syncope et expérimente toutes sortes de sensations : de la plus désagréable (le noir total) à la plus agréable : hallucinations visuelles et auditives, sensation de décontraction extrême. Des d'objets sont parois utilisés (ceinture, serviette). L'accident est imprévisible et parfois dramatique. Souvent, les parents n'ont rien vu, rien deviné.

À l'heure de visionner des témoignages, Françoise Cochet s'éclipse discrètement. Elle confie avoir trop vu ces témoignages au cours des réunions qu'elle anime. Les parents qui s'expriment à l'écran sont poignants. Les personnes prennent alors pleinement conscience que tous peuvent être confrontés à ce phénomène.

Une prévention simple
«Au travers d'une enquête Ipsos, nous avons interrogé des enfants qui connaissent ces jeux, mais qui ne veulent pas les essayer. Ils expliquent qu'ils trouvent cela dangereux», complète Françoise Cochet.

La prévention des accidents apparaît donc très simple et à portée des parents. Il faut expliquer aux enfants le fonctionnement du corps, sa fragilité, le rôle essentiel de la respiration. «C'est quelque chose que l'on peut faire, même pour des petits en maternelle. Pour ceux qui ont peur de donner de mauvaises idées, je tiens à préciser qu'il n'est absolument pas besoin de parler directement des «jeux» dangereux pour être efficace», conclut avec optimisme Françoise Cochet. Dans l'assistance, nul doute, le message est passé.

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