«Montrer que la nature est belle, même morte»
À Beaumont-Louestault (Indre-et-Loire), Sandrine Housseau a la manie de ramasser tous les petits éléments naturels qu'elle trouve sur son passage. Elle les transforme en de délicates créations artistiques... sous cloches !
Trouver des petits trésors dans la nature pour les magnifier, c'est le sens que Sandrine Housseau a donné à son chemin artistique. Après un parcours scolaire en arts appliqués, puis un passage par l'école des beaux-arts de Tours, cette habitante de Beaumont-Louestault s'est toujours intéressée au dessin, à la photographie. Elle immortalise la nature, s'enthousiasmant autant pour la faune que la flore, découvrant par ce biais le monde du tout petit. C'est ainsi qu'elle s'émerveille de tous les petits éléments naturels qu'on trouve si facilement : glands, feuilles, fleurs sèches, plantes... «Je viens d'une famille où l'on ne jette pas, on n'achète pas, on récupère, explique l'artiste. Et j'ai pris l'habitude de ramasser ces petites choses, sans savoir forcément tout de suite ce que j'allais en faire.» Mais l'esprit de Sandrine est insatiable et elle a toujours une idée, une fois à son atelier au milieu de toutes ses trouvailles. Car avec ces «petits trésors», comme elle les appelle, elle invente des compositions délicates, nichées ensuite sous un globe en verre pour les protéger du temps qui passe.
Un écrin qui apporte aussi un côté précieux et un peu de magie. La minutie est de mise pour celle qui travaille avec des pinces d'entomologiste, indispensables pour manipuler écorces, plumes d'oiseaux, végétaux séchés.
Ramasser ce que la nature offre
«Je trouve la nature belle, tout simplement. J'ai ramassé une fois un hortensia... dans un caniveau ! raconte Sandrine, tout sourire. Je l'ai pris car il avait séché et m'a fait penser à de la dentelle. Derrière la saleté, j'ai vu la beauté ; je l'ai nettoyé et je l'ai intégré dans une création. Je considère que rien ne meurt pour rien, tout peut être beau.» Les éléments de création sont très divers : graminées des champs, du potager, des fossés, jachères défleuries. Côté fleurs, la plasticienne travaille notamment les versions sèches des fruits de monnaie-du-pape, des salsifis sauvages (tragopogon), de l'allium étoilé et ses ombelles poétiques, des acanthes, des chapeaux de coquelicot, des nigelles... «50 % de ce que je ramasse n'est pas pérenne et s'abîme. Je n'ai pas de technique de séchage particulière. Je stocke et je vois ce qui tient dans la durée», précise-t-elle.
Elle ne collecte que des éléments secs ou morts, mais laisse vivre les fleurs fraîches par exemple. Et l'artiste ne cesse de dénicher de nouvelles possibilités. «Chaque variété se ramasse à un moment précis où sa forme est intéressante. Et d'une année sur l'autre, on ne trouve pas les mêmes choses dans la nature.» Elle utilise aussi des coraux, tels que les gorgones du bord de mer. Dans toutes ces petites choses, Sandrine voit des structures. «Comme le datura par exemple, ou les tiges de courgette qui ressemblent, une fois séchées, à des colonnes vertébrales ! Il y a aussi les cardes ou les artichauts séchés...»
Transformer et magnifier
Dans ses créations, on remarque une composante récurrente : une forme de tête de mort. «Il s'agit de cosses de graines de muflier. Je les travaille pour avoir ce rendu qui plaît beaucoup», indique la créatrice. On s'y méprendrait... Pendant le séchage, elle a parfois des surprises. En effet, «certains éléments changent de forme, parfois ils éjectent des graines quand ils ont été ramassés verts après la défloraison.»
Pour compléter sa palette, l'artiste n'oublie pas la faune et intègre parfois des insectes à ses compositions. Cétoines (hannetons des roses), libellules, papillons... «ça implique de s'intéresser aux saisons, pour savoir quand trouver des insectes morts». L'artiste utilise aussi des crânes d'animaux. Son voisin Frédéric Mercerand, éleveur de volailles à Nouzilly, fait parfois office de fournisseur. Tout comme les oeufs d'émeus, venus du parc animalier d'Autrèche. Pour assembler tout ce petit monde, Sandrine insère un morceau de bois en guise de structure, puis joue de la colle, puis d'un vernis fait maison, au pinceau ou en pulvérisation selon la fragilité. Certaines étapes sont plus que délicates, les éléments étant secs et donc cassants et friables. «Je transforme et je magnifie, résume l'artiste. Il faut que ce soit beau et un peu magique, que ça raconte une histoire. Car quand je ramasse un élément, c'est que j'ai été touchée par sa beauté. Je veux transmettre ça, montrer que la nature est belle, même morte, éveiller le regard des gens sur cette nature.» Sa façon à elle d'offrir une seconde vie à ces petits riens.
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