Chevrières: campagne betteravière moyenne, mais perturbée
Le 25 janvier, les adhérents de la Société coopérative betteravière de Chevrières étaient en assemblée générale mixte.

Qui dit assemblée générale dit petit retour en arrière, puisqu’il faut statuer sur les comptes de l’exercice passé, clos pour cette coopérative de Chevrières au 30 septembre. Ils reflétaient donc l’activité liée à la récolte 2015, mais cette réunion est aussi l’occasion de revenir sur la dernière campagne betteravière, jugée «moyenne» en termes de rendements, mais perturbée à cause de problèmes techniques rencontrés à l’usine de Chevrières.
En introduction de cette assemblée présidée par Gilles Bollé, celui-ci présentait ses vœux pour «une meilleure année agronomique». Il rappelait cependant que «la betterave s’en sort plutôt bien», avec un rendement moyen de 82,4 t/ha pour le secteur de Chevrières et une richesse de 18,4.
Le rendement peine de nouveau à rester sur sa courbe croissante, mais avec des conditions météo exceptionnelles qui ont montré «le bon potentiel d’adaptation de la betterave», disait Alexis Tordeur, qui remplace, comme responsable agronomique de Tereos, Jean-Michel Chassine qui va partir prochainement à la retraite.
En effet, après des semis précoces, les levées ont été lentes à cause d’un printemps froid, suivi de la pluviométrie très excessive de mai-juin avec un déficit de rayonnement solaire de 35 %, provoquant du jaunissement dû à l’hydromorphie ou l’aphanomyces. Puis il y a eu une période de sécheresse jusqu’aux pluies irrégulières de septembre qui ont bien profité aux betteraves sur leur fin de végétation, apportant une progression très marquée du rendement.
D’où les conseils pour des arrachages retardés, d’autant que la durée de campagne pour les usines a encore progressé, passant à plus de 110 jours pour celle de Chevrières.
Des campagnes plus longues
Et cela va très nettement s’amplifier dès la prochaine campagne, puisque tous les groupes se sont donnés pour objectif d’augmenter les surfaces de 20 % dès les semis 2017, Tereos approchant même les + 25 %. Cela est lié à l’abandon des quotas et l’ouverture du marché qui met tous les groupes en concurrence, chacun cherchant à s’y positionner en disposant d’une offre suffisante pour répondre à des marchés potentiels en croissance.
Et comme les prix du sucre ont enfin repris des couleurs après 5 années de baisse, même si c’est moins vrai au niveau européen, cette concurrence est exacerbée. Les premiers effets visibles chez les planteurs seront l’augmentation de leur sole betteravière. Il y a aussi l’arrivée de nouveaux coopérateurs, des planteurs ayant adhéré en changeant de groupe sucrier, ou des agriculteurs qui n’avaient pas de quota et ont pu souscrire leur adhésion assortie d’un contrat de production.
Pour Tereos, à un prix minimum garanti pour tous ses planteurs de 25 € la tonne pulpes comprises, pour deux ans; cet engagement, unique en Europe, a été pris par Tereos dès janvier 2016, même si le prix du sucre venait à redescendre.
Les usines sont donc appelées à travailler des tonnages beaucoup plus importants. Sans pouvoir théoriquement augmenter les capacités journalières, la seule solution est l’allongement de campagne, qui va permettre de réduire le coût de transformation équivalent à 3€ par tonne de betterave.
Tereos a prévu 6 mesures d’accompagnement pour les planteurs, dont des compensations pour les arrachages précoces (pour des mises à disposition de silos antérieures au 22 septembre) et en fin de campagne, des primes de stockage, une augmentation de la franchise tare terre (de 6,5 % pour les enlèvements du dernier tour, au lieu de 5 %) et une indemnité pour la protection des silos. Par ailleurs, Tereos a négocié pour les planteurs des ristournes importantes sur les semences.
L’adaptation est aussi recherchée par des mesures internes, dont du stockage longue durée en usine, tel que cela a été testé avec succès en fin de campagne dernière à Lillers, avec un chaulage des betteraves.
Toutes les actions continuent d’être menées pour adapter au mieux la qualité de la récolte, les plannings d’arrachage, la gestion des silos (avec la limite de 250° jour) et leur protection contre le gel dès que nécessaire.
La dernière campagne pour l’usine de Chevrières a été cahotique à cause de problèmes techniques, en particulier des pannes sur la chaudière charbon.
Le fonctionnement de l’usine a dû être ralenti, occasionnant des modifications de plannings en plaine et des reports sur deux autres usines.
En moyenne journalière sur cette campagne, 10.653 tonnes de betteraves ont été travaillées à Chevrières. Sur cette usine, Alain Detappe, son directeur, a expliqué que les derniers investissements réalisés ont été faits pour la recompression mécanique de la vapeur, le four à chaux, la station d’épuration et, courant 2016, pour l’augmentation de capacité de l’atelier de cristallisation avec de nouveaux malaxeurs sous vide et la construction d’une cuve de 45.000 m3.
Pour 2017, cette usine, pour laquelle il faut reconfigurer la chaudière charbon - le charbon reste l’énergie la moins chère - devra absorber la production de quelque 24.000 ha de betteraves. 24 embauches sont prévues.
Ces adaptations sont réalisées dans un plan concerté au niveau du groupe, dont la santé financière est très bonne. Pour la coopérative de Chevrières, l’exercice clos au 30 septembre 2016 montre un résultat d’exploitation de 432.000 € (en hausse de près de 40 % par rapport à l’exercice précédent) ; pour les planteurs, le prix moyen de la betterave a été de 27,18 €/t (récolte 2015, contre 25,06 €/t pour 2014-2015), soit une recette/ha de 2.209 €.
S’ajoutent le versement des dividendes sur le capital et la bonne santé financière du groupe qui a permis le versement au 30 septembre dernier d’un complément de prix de 1 €/t.
Ce groupe a anticipé ce cap de 2017 et, en ayant participé pour la France au nouvel accord interprofessionnel et en adaptant ses équipements, s’est aussi préparé à l’après-2020, avec une nouvelle Pac, en ayant une vision de filière.

Des élections
Des élections ont organisées pour le renouvellement du tiers sortant des administrateurs.
Ont été réélus pour 3 ans Pierre de Wilde, Marc Lamoureux, Michel Lartigue, Antoine Piot et Philippe Poulain. En remplacement de Dominique Ouachée, qui avait annoncé sa décision de ne pas se représenter pour cette responsabilité, Grégoire Langlois-Meurinne a été élu administrateur de la coopérative, également pour 3 ans.
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