L'Oise Agricole 27 octobre 2022 a 08h00 | Par L'Oise Agricole

Un prix attractif, condition nécessaire au maintien de la betterave

La coopérative Tereos s'est engagée auprès de ses adhérents sur un prix d'acompte de 40,04 EUR/t auquel il faut ajouter des primes, pour un total de 41,85 EUR/t. De son côté, Saint Louis Sucre avait annoncé un prix minimum de 35 EUR/t. Les industriels, coopératifs ou privés, semblent avoir tenu compte de la bonne santé du marché du sucre pour proposer des prix qui donnent envie de continuer à produire.

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Une juste rémunération de la betterave est l'un des critères sinon le critère le plus à même d'inciter les planteurs à produire face au contexte climatique, réglementaire et conjoncturel.
Une juste rémunération de la betterave est l'un des critères sinon le critère le plus à même d'inciter les planteurs à produire face au contexte climatique, réglementaire et conjoncturel. - © gutner

Alexis Hache, président de la CGB de l'Oise, se réjouit de ces annonces qui, après des années d'atonie, donnent des perspectives à la production. «Je veux y voir un signal fort de la nouvelle équipe dirigeante de Tereos. De même, je suis sûr que Saint Louis Sucre proposera des compléments de prix pour aboutir peu ou prou à des niveaux similaires en commission de répartition de la valeur», veut croire le président.

Côté planteurs Tereos, Luc Messéan, le nouveau président de région Picardie Ouest des planteurs, et Grégoire Langlois-Meurinne, membre du conseil d'administration, insistent sur le fait que le prix de 41,30 EUR/ t (prix d'acompte 40,04 + engagement 0,40 + prime richesse 0,89) résulte de l'application de la grille tarifaire qui prend en compte le prix de vente du sucre. Les équipes commerciales du groupe coopératif ont vendu le sucre à un prix qui tient compte des coûts de production de la betterave.

La transparence est désormais de mise et tout coopérateur peut vérifier que ce prix résulte bien des ventes de sucre. Désormais, dans le cadre de sa stratégie de vente, Tereos intègre le niveau de prix du gaz de la période et un prix rémunérateur d'achat des betteraves et fixe en conséquence un prix plancher minimum à ses commerciaux. «Nous avons replacé le coopérateur au premier plan et choisi de ne pas baisser les prix de vente du sucre pour maintenir les prix de betteraves au risque de perdre des parts de marché. Nous assumons cette politique mise en place depuis deux ans», affirme Grégoire Langlois-Meurinne. Ce prix sera payé à tous les coopérateurs Tereos et sur toutes les betteraves qu'ils livreront, même au-delà de leur engagement. Un acompte de 50 % sera versé en novembre, les 50 % restants en mars 2023 et même peut-être plus si les ventes d'alcool et d'éthanol vont au-delà des objectifs fixés. C'est en septembre 2023 que le coopérateur connaîtra le prix final de ses betteraves 2022. «C'est vrai qu'à l'heure où 55 % des coopérateurs vont devoir se réengager, ce prix est une bonne nouvelle pour tous», insiste Luc Messéan. Les deux responsables Tereos restent confiants : le groupe continue sa trajectoire de désendettement, la production de sucre en France et en Europe reste déficitaire et les prix élevés du sucre devraient se maintenir malgré la crise en Ukraine, les conséquences du changement climatique sur la conduite des betteraves et les incertitudes réglementaires.

Des dossiers en attente

La production betteravière est en effet dans l'attente de la résolution de difficultés réglementaires et techniques. «Nous allons demander une nouvelle dérogation NNI pour l'année prochaine mais, pour ce faire, il fallait attendre la nomination des quatre députés au PNRI (plan national de recherche et d'innovation). C'est chose faire depuis peu et nous constatons que trois d'entre eux sont élus dans des départements betteraviers, Aisne, Seine-et-Marne et Marne», annonce Alexis Hache. Car les variétés tolérantes à la jaunisse qui vont être inscrites ne sont pas les plus productives et il faut s'attendre à une baisse de rendement dans l'attente de variétés tolérantes et performantes. Un décrochement des rendements s'observe d'ailleurs dès cette année dans les betteraves non traitées NNI.

Se pose aussi la difficulté à bâtir une succession culturale derrière betteraves traitées NNI ou à élaborer un assolement quand la surface en betteraves est trop importante, notamment au regard de la Pac 2023, ce qui peut en décourager certains.

Autre point, la hausse des coûts de production, engrais et produits phytosanitaires notamment. Seul un prix élevé de la betterave peut combler ces charges croissantes, mais il est tributaire des cours du sucre dont la variabilité peut être forte. Les cours sont élevés cette année, pourraient le rester et cela devrait inciter les planteurs à semer des betteraves en 2023. Par ailleurs, l'explosion des cours du gaz pèsera sans doute à terme, même si les industriels bénéficient parfois d'une couverture grâce aux contrats passés avec les fournisseurs d'énergie. Avec la récolte moindre de l'année, la campagne sera plus courte donc moins consommatrice d'énergie.

Enfin, de nouvelles molécules, tant en désherbage qu'en traitement contre la cercosporiose, devraient arriver sur le marché dès 2023 et 2024, permettant aux planteurs de trouver des solutions techniques. «La recherche se poursuit au sein des firmes, c'est plutôt bon signe et rassurant pour les planteurs», ajoute le président de la CGB de l'Oise.

Et puis les planteurs Tereos ont la chance d'avoir un outil industriel dans l'Oise et de faire partie d'un groupe dont les deux tiers du chiffre d'affaire se réalisent hors betteraves sucrières, avec des dividendes à la clé grâce aux activités au Brésil et dans l'amidon. «C'est un aspect que les coopérateurs doivent considérer, au delà de l'intérêt de la betterave dans une rotation, qu'il faut ramener à une place cohérente d'un point de vue agronomique. Sincèrement, les voyants sont plutôt au vert. Que les coopérateurs n'hésitent pas à nous interroger», affirment Luc Messéan et Grégoire Langlois-Meurinne.

«Gardez la betterave sucrière dans vos assolements. Nous avons connu le pire ces dernières années, le meilleur est sans doute à venir !», lance de son côté le président de la CGB Oise aux planteurs.

Point de campagne betteravière

Depuis début septembre, les arrachages de betteraves se déroulent de façon régulière malgré les quelques averses. Environ 40 % des betteraves ont été récoltées dans l'Oise et 30 % sont réceptionnées en usine. Pour rappel, en 2022, le département compte 35.500 ha de betteraves sur les 198.610 ha de la région Hauts-de-France, une surface en baisse ces trois dernières années. Les conditions sèches du début de campagne où les arrachages étaient compliqués ont été rapidement amoindries par l'arrivée de pluies providentielles. À cela s'ajoutent des parcelles fortement marquées par le salissement ; les chénopodes, entre autres, ont parfois envahi les betteraves et génèrent des complications lors de l'arrachage, des ralentissements de chantiers, des bourrages de machines de récolte, pouvant aller jusqu'à des abandons de parties de parcelles pour les cas extrêmes, lors du chargement des betteraves et particulièrement au déterrage. Enfin, bien que l'essentiel ait été éliminé, les mauvaises herbes restantes n'ayant pu être piégées perturbent aussi le process industriel puisqu'elles usent prématurément les coupe-racines.

Les betteraves ont souffert des conditions caniculaires de l'été et sont particulièrement sensibles aux chocs, il est nécessaire d'être attentif à la conservation. Les planteurs peuvent consulter l'OAD de l'ITB Silobet sur http://silobet.fr/ qui leur permet de raisonner la date d'arrachage en fonction de la date de mise à disposition.

En termes de rendement, la moyenne départementale se situe actuellement à 64 t à 16 par hectare, ce qui est très faible. De plus, des fortes disparités sont enregistrées. Les rendements évoluent peu en poids de racine, comparé aux années antérieures. La richesse, annoncée à 20° fin août lors des derniers prélèvements en parcelles réalisés par la CGB, se situerait quant à elle à 18,4 ; cette baisse s'explique par les précipitations des dernières semaines.

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