Les ingrédients d'Unilet pour produire de bons légumes
Du changement climatique en passant par la gestion de la main-d'oeuvre au sein des exploitations agricoles, la rémunération des agriculteurs et la protection des cultures, l'interprofession des légumes transformés a fait dernièrement un point en région sur les chantiers qui l'occupe.
Quel travail se cache derrière une boîte de pois-carottes ou un sachet de haricots surgelés et surtout, qui sont les acteurs de la filière des légumes en conserve et surgelés qui occupent encore 4 500 agriculteurs et 23 sites de transformation ? C'est pour l'expliquer au grand public que l'Unilet (interprofession) organisait un voyage de presse début septembre dans les champs de la Somme jusqu'à l'usine Bonduelle d'Estrées-Mons. Au programme de la journée, une visite de la plateforme d'expérimentation de l'Unilet à Arvillers, la visite d'un chantier de récolte de haricots beurre à Verpillières et, enfin, une immersion dans un site de transformation.
Une filière organisée
En termes d'organisation, la filière légumes transformés fait souvent office d'exemple, et pour cause : «Historiquement, il y a une contractualisation entre des organisations de producteurs et des industriels», rappelait ainsi Cyrille Auguste. Directeur général de la division des produits de longue conservation de Bonduelle Europe Long Life, il est également le président d'Unilet depuis juin 2022. «Notre objectif est de réussir à fabriquer ce que les marchés attendent.» Basée sur des estimations, la production doit être calibrée au plus près, d'où une contractualisation annuelle. Cette même production est répartie en trois grands bassins (nord, grand-ouest et sud-ouest) afin «de limiter les risques climatiques sur une même zone géographique».
En termes de chiffres, la filière française des légumes en conserve et surgelés représente un tiers des surfaces de légumes cultivées en France, soit 74 000 ha cultivés et 905 000 t récoltées. La sécheresse qui a touché une bonne partie du pays durant l'été 2022 devrait, sans doute, avoir des répercussions sur les rendements de la campagne 2022, comme s'y attend Cyrille Auguste : «Compte tenu du fait qu'une part négligeable de nos productions sont irrigables et irriguées, le compte n'y sera pas partout.» À cette situation exceptionnelle s'ajoute une concurrence toujours acerbe entre les productions - notamment avec les céréales - et des conditions de culture qui se durcissent. Pour en témoigner, Éric Legras, agriculteur dans l'Aisne, président de l'organisation de producteurs OPL Vert et vice-président du Cénaldi : «En plus des conséquences de la sécheresse, nous devons composer avec de plus en plus de freins réglementaires sur la protection des légumes. Nous sommes d'accord pour ne plus utiliser un certain nombre de solutions chimiques, mais il nous faut des alternatives...» Trouver ces alternatives fait justement partie des principales missions d'Unilet (75 %) grâce à des plateformes d'essais que l'interprofession exploite elle-même, ou par le biais d'essais mis en place chez des agriculteurs.
Les conditions de la réussite
Pour l'Unilet, la garantie de proposer des légumes transformés «bons et sains» passe inconditionnellement par la réunion de quatre leviers : un prix attractif payé aux producteurs de manière à garder le savoir-faire et les surfaces ; un travail à réaliser sur la gestion de la ressource en eau (irrigation) et le changement climatique ; la gestion de la main-d'oeuvre au sein des exploitations agricoles et, enfin, la protection des cultures.
Si le président d'Unilet botte en touche les questions sur le volet «économique» de la production légumière, celui du Cenaldi est en revanche plus disert. Le 8 septembre dernier, il assurait que les négociations entre organisations de producteurs (OP) et industriels étaient «encore en cours», même si certains d'entre eux avaient déjà «annoncé la couleur» quelques semaines plus tôt. Pour Jean-Claude Orhan, les discussions devraient être terminées «pour fin septembre, début octobre». «Il y a une attente de la part des producteurs. S'il n'y a pas de revalorisation, on risque de perdre entre 25 et 30 % des surfaces». La demande des OP réunies au sein du Cénaldi est «de couvrir au moins le coût de l'augmentation des coûts de production», défend M. Orhan. «Entre 16 et 20 %, c'est un mininum. Si la filière veut rester attractive, il faudra que ce soit bien plus...» Se posera ensuite la question de la répercussion de ces augmentations (attendues) dans les charges des autres maillons de la filière. Pour le président du Cénaldi, «sans noircir le tableau, il faut quand même que l'on dise les choses et que l'on remonte la pente. Le contexte économique du moment n'est quand même pas terrible. L'Ukraine, la sécheresse... tout cela commence quand même à compter après le Covid...».
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