L'Oise Agricole 26 février 2023 a 09h00 | Par actuagri

2023, année fraîche pour les légumes d'industrie ?

L'Interprofession française des légumes en conserve et surgelés (Unilet) s'est inquiétée du manque d'approvisionnement de ses usines de transformation en produits frais. Entre hausse des coûts de production et risque accru de pénurie de matières premières, l'année 2023 s'annonce critique.

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L'année 2023 s'annonce encore une fois compliquée pour la production de légumes pour l'industrie.
L'année 2023 s'annonce encore une fois compliquée pour la production de légumes pour l'industrie. - © V.F.

La campagne 2022, marquée par la sécheresse, a révélé les faiblesses de la filière française des légumes en conserves et surgelés. Producteurs et transformateurs estiment être à un «tournant historique». Pour rebondir et continuer à contribuer à la souveraineté alimentaire de la France, les professionnels s'engagent dans une démarche de responsabilité sociétale, intitulée «les légumiers de demain». Ils demandent également l'aide de l'État en matière de recherche.

2022, année calamiteuse

Des fécondations de fleurs avortées, des chaleurs étouffantes qui multiplient les ravageurs et les dégâts sanitaires, une pénurie d'eau, l'été 2022 aura été une calamité pour les producteurs de légumes de plein champs destinés à la conserve. Résultat : des chutes de rendement de 40 % par exemple pour les haricots verts et une baisse de la qualité. Des usines non approvisionnées et des plannings chamboulés. De quoi décourager certains producteurs qui préfèrent se tourner vers les céréales. À cela s'ajoute la poussée inflationniste sur les engrais, les carburants, l'énergie, de 60 à 160 % selon les postes.

Malgré ces coûts, la filière a contenu les hausses sur les légumes transformés entre 4 et 8 %. Ces produits restent plébiscités par les consommateurs en raison de leurs qualités nutritionnelles. Face à ces difficultés, Unilet a décidé de relever le défi en lançant la démarche «légumiers de demain». Celle-ci repose sur trois axes : privilégier des pratiques respectueuses de l'environnement, valoriser le travail de tous les acteurs de la filière pour une création de valeur juste et pérenne, produire des légumes bons, sains et locaux. Les professionnels devront respecter dix engagements prioritaires avec des indicateurs de progrès mesurables en 2027.

Manque d'eau

Mais ces engagements ne porteront leurs fruits que si les pouvoirs publics soutiennent la recherche, car cette petite filière n'a pas le budget suffisant pour développer la R&D. «Nous ne nous opposons pas aux interdictions de pesticides», explique Jean-Claude Orhan, représentant des producteurs, «mais pour l'instant nous n'avons pas de solutions de remplacement. Sans solutions, pas de production.» Concernant l'irrigation, tout en prônant une gestion collective et un emploi raisonné et économe de l'eau, il adresse cette question aux citoyens et aux responsables politiques : «nos productions légumières sont-elles prioritaires ?» Lors de la dernière campagne, 3 % des surfaces annoncées, même en Bretagne, n'ont pas été semées en raison du manque d'eau.

Recherche de compétitivité

Le gouvernement devrait présenter un «plan de souveraineté fruits et légumes» à objectif 2030, lors du prochain salon de l'agriculture. La compétitivité de la filière conserves et surgelés s'est en effet dégradée. En vingt ans, le déficit de la balance commerciale a été multiplié par quatre. Il faudrait augmenter la production de 200 000 t pour retrouver le niveau d'il y a dix ans, soit le tiers de la production actuelle. «Il faut un choc d'investissement et un soutien de l'État en matière de recherche», explique Cécile Doaré, directrice d'Unilet. Les pistes de recherche portent sur les rotations des cultures, sur la sélection variétale, sur le travail du sol, sur l'agronomie, sur le stockage de l'eau. Il faudra également relancer les campagnes pédagogiques en faveur des fruits et légumes, car près de la moitié des Français n'en consomment pas assez selon les recommandations du Programme national nutrition santé (PNNS).

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