«Durant la crise sanitaire, les consommateurs ont de plus en plus souhaité se fournir en produits locaux. Et cette mouvance continue», affirme Sébastien Windsor, président des Chambres d'agriculture (APCA). 79 % des Français veulent privilégier des produits locaux. Les consommateurs sont de plus en plus nombreux à faire le choix de la proximité pour leurs achats alimentaires. «Cependant, il est compliqué pour les personnes d'aller chercher du fromage d'un côté, puis des fruits autre part, et ainsi de suite. Il fallait trouver une solution pour remédier à cette problématique» ajoute-t-il.

Dès lors, les Chambres d'agriculture ont présenté un tout nouveau réseau de magasins, spécialisés dans la vente de produits fermiers en circuit-court. Avec ses 8.000 producteurs partenaires labellisés Bienvenue à la ferme, ce nouveau réseau mise sur le label du même nom.

Trois magasins pilotes, Saveurs de Normandie (Ménilles, Eure), Le Champ des saveurs (Craon, Mayenne) et La ferme de sous la ville (Lantic, Côtes d'Armor) sont déjà opérationnels. Un quatrième point de vente devrait ouvrir ses portes en janvier à Argentan (Orne).

La SAS Fermes and Co est chargée de développer et d'animer le réseau de magasins en circuit court. Dotée d'un capital de 752.000EUR, elle accompagne la création de magasin à toutes les étapes du projet : l'étude préalable, le choix du local commercial, la recherche de financements, l'aménagement, le merchandising, la définition de l'offre, le sourcing, la formation du personnel, la communication de lancement. Puis, elle appuie leur développement à travers un suivi commercial, une animation des ventes, des dispositifs de communication, l'offre produits, la logistique.

«Une dizaine d'autres de projets sont dans les tuyaux. Nous souhaitons ouvrir, in fine, 100 magasins d'ici cinq», annonce Patricia Sijilmassi, directrice générale et du développement de Fermes and Co. Pour Jean-Marie Lenfant, président de Fermes and co, sa volonté est de devenir le premier réseau organisé de produits fermiers. «C'est un projet qui s'inscrit dans un cercle vertueux au service des consommateurs, des producteurs et pour l'emploi sur les territoires» affirme-t-il.

Mais ce genre de projet ne se construit pas tous seul. Plusieurs actionnaires participent à l'aventure pour soutenir ce concept. Aux côtés des Chambres d'agriculture France (34,8 % du capital de la SAS), on trouve Normandie Seine Participation (19,94 %), le Crédit agricole Bretagne participations (12,89 %), la Banque Populaire Grand Ouest (11,5 %), la Banque Populaire Val de France (11,5 %) et la fondation Avril (9,3 %).

Afin de se développer, tous les types de profils sont acceptés. La sélection naturelle se fait logiquement par des candidats déjà labellisés par Bienvenue à la ferme. Patricia Sijilmassi explique que «les franchisés d'autres secteurs qui souhaitent se développer et se diversifier sont également des profils intéressants. Comme les personnes en reconversion. Nous sommes vraiment ouverts à tous types de candidats, qu'ils soient agriculteurs ou non. Et pour l'instant, dans les projets en cours de développement, nous avons un mélange de tous ces profils.»

La seule chose souhaitée par la directrice générale et directrice du développement de Fermes and Co est le partage des valeurs et d'authenticité. Les magasins Bienvenue à la ferme peuvent se situer au sein des fermes, en périphérie ou en centre-ville de petites communes. Les villes moyennes et les grandes agglomérations, telles que l'Île-de-France ou à Clermont-Ferrand, sont également dans la liste de Bienvenue à la ferme.

«Le choix de l'emplacement se fera en fonction du profil du porteur de projet. Et nous déciderons ensuite, selon le type d'emplacement, de la surface du point de vente. Car les magasins n'auront pas une taille identique s'ils sont en centre-ville ou en périphérie.» précise-t-elle.

Ainsi, si en moyenne les magasins franchisés Bienvenue à la ferme ont une surface de 200 à 250 mètres carrés, en centre-ville, le concept est adaptable sur des locaux de 120 mètres carrés. «Nous ne voulons pas faire au-dessus de 350 mètres carrés. On n'est pas dans l'optique de faire des grandes surfaces. Nous ne sommes pas une centrale d'achat. Car notre essence, c'est le circuit-court et pour nous, cela n'est pas compatible. Notre volonté est de veiller à la qualité et à la traçabilité des produits. C'est notre promesse et notre valeur», affirme Patricia Sijilmassi.

Pour intégrer le réseau, il faut compter un investissement de 200.000 euros dont un droit d'entrée de 20.000 euros HT pour une création de magasins. Petit rectificatif : pour les commerçants évoluant déjà sur le marché des produits vendus en circuit-court, le droit d'entrée est abaissé à 10.000 euros HT. «Nous demandons aussi une redevance d'exploitation, indexée sur le CA, à hauteur de 2,6 %. Côté chiffre d'affaires annuel, un magasin est en mesure de réaliser entre 3.500 et 9.000 euros par mètre carré. Nous estimons qu'il y a facilement le potentiel entre 300 et 400 magasins en France,» souligne Patricia Sijilmassi.

La proximité avant tout

Le local et la proximité restent les mots d'ordres de l'enseigne. Les consommateurs accèdent à une large gamme de produits de la ferme, frais et 100 % de saison, complétés par les produits secs et l'épicerie. Les produits locaux sont privilégiés de manière systématique, avec au moins 50 % de produits issus du réseau Bienvenue à la ferme. Chaque magasin partage ces critères d'approvisionnement rigoureux. Les propriétaires construisent une gamme unique et l'offre est renouvelée d'un commerce à l'autre.

Les producteurs qui font le choix de la diversification en circuit court accèdent à un nouveau débouché durable, leur permettant d'avoir une meilleure visibilité sur leurs ventes tout en percevant une juste rémunération de leurs produits. Les entrepreneurs commerçants disposent du cadre structurant de l'affiliation pour sécuriser leur projet de magasin.