Ce qu’une Région peut faire ou pas pour ses agriculteurs
À l’occasion d’une récente rencontre avec la profession agricole, Xavier Bertrand a rappelé le soutien du Conseil régional des Hauts-de-France à un certain nombre de dossiers, appelant en même temps l’État à faire preuve d’autant de responsabilité sur des sujets qui lui incombent.

Installation, plan protéines végétales, agroécologie, soutien à la filière pommes de terre, gestion de l’eau ou encore plan national stratégique… les sujets abordés entre la profession agricole et le président de la Région Hauts-de-France ont été nombreux en ce début de semaine dernière.
La traditionnelle rencontre qui se tient d’ordinaire pendant le Salon international de l’agriculture n’ayant pas pu avoir lieu en «présentiel», c’est donc sous forme d’un échange en visioconférence qu’elle a eu lieu. Pour Xavier Bertrand, qui a passé la semaine dernière sur les routes des cinq départements à la rencontre d’agriculteurs et des représentants des filières, ce nouveau rendez-vous était l’occasion «de faire le point sur les sujets où on peut être utile», dixit l’intéressé.
Au menu de la discussion, les considérations techniques sont mises de côté pour se concentrer sur une feuille de route, des objectifs et un peu de politique. Par ces objectifs, celui d’être «offensif» : «Il n’est pas question de faire avec l’agriculture ce que l’on a fait avec l’industrie. On doit arrêter de se mettre des balles dans le pied et ne pas se contenter de politiques qui font moins mal que d’autres.» Ceci étant dit en préambule, le président Bertrand écoutera ensuite chaque participant faire un point d’étape sur les sujets précédemment cités.
Installation, agroécologie, protéines
Premier d’entre eux : l’installation. Alors que la profession agricole régionale craint la diminution des dotations européennes pour financer l’installation de nouveaux agriculteurs - le trou serait de 2,2 millions d’euros si l’on tient compte d’un statut quo de la part versée par l’État -, Xavier Bertrand se dit «prêt» à assumer. «On va faire court, répond le président des Hauts-de-France à Karel Lesaffre. On va financer ces 2,2 millions d’euros. S’il s’agissait de 20 millions, ce serait autre chose. Là, ce n’est pas rien, mais on va le faire».
Interrogé sur un éventuel soutien du Conseil régional à d’autres dispositifs - tuilage cédant-repreneur, période d’essai avant d’intégrer une forme sociétaire d’exploitation -, Xavier Bertrand apprécie des idées «novatrices», mais veut «savoir combien cela va coûter». En ce qui concerne le développement de la production de protéines végétales, là encore, les marges de manœuvre semblent larges.
Après la mise en place d’un Master Plan dédié à la bioéconomie - lequel comprend un volet «protéines», le Conseil régional se montre en effet enthousiaste à l’idée d’accompagner la création de filières. Mais tous autour de la table ronde virtuelle s’accordent sur un autre point : «Il y a des aspects techniques à résoudre, mais s’il n’y a pas de prix, il n’y aura pas de filières…», rappelle Olivier Dauger. Pour Christian Durlin, «le sujet doit être travaillé par les deux bouts. Il faut à la fois travailler le volet opérationnel mais, en même temps, travailler sur l’amélioration de la marge, les espèces, le rendement…»
En matière d’agroécologie et depuis que la Région a affiché son ambition d’avoir 25 % des fermes régionales engagées d’ici cinq ans, les choses semblent avancer plus vite… à condition de financement suffisant. Si bien qu’alors que la Chambre d’agriculture conditionne ce développement à la réalisation de diagnostics dans les fermes, le Conseil régional annonce «qu’il mettra au pot», assure son président. 1,5 million d’euros pourrait ainsi être débloqué pour réaliser quelque 200 diagnostics par an, dans chaque département.
Vigilance et attention
Si le président de Région sait se montrer à l’écoute (et généreux) pour des sujets étant du ressort de sa collectivité, pas question en revanche de le prendre en défaut sur d’autres qui ne sont pas de la compétence du Conseil régional. Des exemples ? La construction de réserves d’eau le long du tracé du futur canal Seine-Nord : «Ce n’est pas à la société du canal (Xavier Bertrand en est le président, ndlr), de payer autre chose que ce pourquoi elle a été créée. Je ne veux pas charger la péniche plus qu’il ne faut», indique M. Bertrand. Idem en ce qui concerne le futur Plan stratégique national (PSN) pour lequel il considère que les régions ne sont pas les mieux placées, «si l’on s’en tient aux relations entretenues entre l’État et les régions…» Sur la question de l’accompagnement des producteurs de pommes de terre dans la gestion de l’après-CIPC, profession et Région s’accordent cette fois sur le fait que c’est désormais à l’État de financer des investissements en bâtiments au-delà de ce qu’il accorde dans le cadre des PCAE. «Si l’État enlève des molécules, c’est à lui de compenser», défend Laurent Degenne, président de la FRSEA Hauts-de-France. Mais certains, à l’image de l’axonais Jean-Yves Bricout, craignent que l’État fasse avec la pomme de terre «ce qu’il a fait avec la betterave», autrement dit «une asphyxie d’une filière d’excellence». Pour cela, dit-il, «la Région doit être vigilante et ne pas baisser la garde». Xavier Bertrand attend, pour sa part, du monde agricole qu’il lui propose un plan d’investissement pour l’irrigation, se dit prêt à accompagner «avec les maires» l’aménagement en zone de biodiversité des zones de non-traitement (ZNT) ou encore à soutenir des initiatives pour faire de «la communication positive».
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