Covid-19, le confinement s'installe dans la durée
Les agriculteurs et les filières agricoles s'adaptent au confinement et aux diverses restrictions imposées par les pouvoirs publics.
«Pour l'instant, grâce aux bonnes conditions météorologiques, les agriculteurs sont à fond dans leurs travaux de préparation et de semis de printemps», reconnaît Régis Desrumaux, président de la FDSEA de l'Oise. «Tous les partenaires, coopératives, concessionnaires, centres de gestion... se sont organisés pour que le travail puisse continuer à se faire. Certes, il y a bien quelques retards de livraison, à cause des transporteurs qui sont parfois très sollicités. Le carburant ou les engrais sont livrés parfois en retard mais, soyons indulgents et reconnaissants, cela ne pénalise pas trop l'avancées des chantiers.» Le président se réjouit de la solidarité et du professionnalisme des partenaires des agriculteurrs.
Côté livraison de bovins, Christophe Debruyne, directeur Elvea, constate la chute des commandes, environ 50 %. «Les Etablissements Lucien, nos clients, ne livrent que des restaurants, collectifs ou pas. Ils ont donc fermé. De même, il semble que les consommateurs aient boudé les rayons de boucherie traditionnels des grandes et moyennes surfaces au profit du rayon libre-service, en barquettes. Les achats sont plus rapides, il y a moins de promiscuité, c'est peut-être une explication. Pourtant, confinés chez eux, les consommateurs achètent plus puisqu'ils ne déjeunent plus à l'extérieur comme avant», avance le directeur. Il compte sur les commandes de Lidl, qui ne vend qu'en barquettes, pour assurer la commercialisation et espère que certains magasins, qui ne se sont pas trop investis pour assurer leur approvisionnement en produits carnés, feront marche arrière pour assurer la fréquentation de leurs magasins.
Pour l'instant, ce n'est pas le cas de Martin Degauchy, maraîcher, qui a pourtant perdu des marchés. «Heureusement, ceux auxquels je participe sont maintenus et les clients qui ne peuvent plus aller à leur marché viennent sur l'exploitation. Pour l'instant, cela se passe plutôt bien car nous respectons scrupuleusement les mesures barrières et les clients aussi», affirme-t-il.
Même son de cloche pour Radouane Azarkane, de la ferme Saint-Jean de Beauvais. «Nous vendons beaucoup plus sur place, avec toutes les précautions nécessaires et nous avons compensé la fermeture du marché de Beauvais par de la livraison aux particuliers qui nous passent commande. Finalement, nous sommes débordés. Ce confinement a permis aux consommateurs de découvrir qu'à côté de chez eux, il y a des producteurs et il préfère venir directement acheter plutôt qu'aller au supermarché.»
Bilan sur le territoire français
«Le confinement est actuellement la seule stratégie réellement opérationnelle, l'alternative d'une politique de dépistage à grande échelle et d'isolement des personnes détectées n'étant pas pour l'instant réalisable à l'échelle nationale», a expliqué le groupe d'experts qui conseille le gouvernement. Le retour à la vie normale va devoir attendre. Le conseil scientifique sur le Covid-19 a envisagé que le confinement mis en place le 17 mars pourrait durer «vraisemblablement au moins six semaines», donc jusqu'à fin avril. L'épidémie de coronavirus s'intensifie dans l'Hexagone. Selon le bilan des autorités sanitaires mardi soir 24 mars, 1.100 décès ont été enregistrés et 2.516 patients étaient en réanimation sur un total de 10.176 hospitalisés.
À ce stade, la chloroquine, l'un des traitements testés qui fait débat, pourra être administrée aux malades souffrant de «formes graves» du coronavirus, mais pas pour des formes «moins sévères». Le président a installé mardi un nouveau Comité d'analyse, recherche et expertise (Care), qui réunit 12 chercheurs et médecins, pour conseiller le gouvernement sur les traitements et les tests contre le coronavirus.
Les actes vétérinaires sont maintenus dans la région
En cette période inédite, par une instruction technique du 20 mars 2020, la DGAL a confirmé que la continuité des missions vétérinaires doit être assurée :
- missions de santé publique comme les prophylaxies (bovine, petits ruminants et porcine)
- ou encore prélèvements nécessaires pour les mouvements d'animaux, indispensables pour garantir la sécurité sanitaire et alimentaire.
Bien que réalisée pour plus de 80 % des élevages, la prophylaxie bovine (y compris les tuberculinations), pour les animaux concernés doit être terminée, dans la mesure du possible, avant la mise à l'herbe. En cas d'impossibilité de réaliser les actes obligatoires avant le 30 avril, les éleveurs devront en informer leur GDS, les vétérinaires devront informer la DDPP et l'organisme vétérinaire à vocation technique, de préférence par mail.
La surveillance évènementielle est également maintenue, notamment pour la gestion des avortements et les épisodes de mortalité, les euthanasies. Dans tous les cas, il convient de limiter le nombre de personnes sur le site, respecter les règles d'hygiène et garantir une contention optimale des animaux. À noter que le service d'équarrissage fonctionne quasi normalement et que les autopsies sur site sont toujours réalisées.
Laboratoires d'analyses en activité
Les laboratoires départementaux d'analyses ont également mis en place un plan de continuité de leur activité pour la maitrise du risque en santé animale, en santé des végétaux et sur la chaine alimentaire. Pour les dépistages auriculaires BVD, vous devez continuer à envoyer les prélèvements de cartilages auriculaires aux laboratoires départementaux tout le temps que La Poste continue à ramasser le courrier (le prélèvement doit arriver au laboratoire dans les 15 jours). Si la collecte du courrier par La Poste n'est plus possible, les prélèvements de cartilage sont à congeler à moins 18°C (indiquez «congelé» sur l'enveloppe T dans ce cas). Le GDS reviendra ensuite vers les éleveurs pour leur indiquer quand les décongeler et dans quelles conditions.
Treize marchés de plein air subsistent dans l'Oise
Le 24 mars 2020, le préfet de l'Oise a ainsi autorisé la tenue de marchés dans les communes suivantes : Pont-Sainte-Maxence, Saint-Paul, Le Plessis-Brion, Creil, Plailly, Lagny-le-Sec, Lamorlaye, Montataire, Milly-Sur-Thérain, Crépy-en-Valois, Compiègne, Tracy-le- Mont, Gouvieux. L'ouverture de ces marchés doit permettre un approvisionnement alimentaire de qualité aux habitants du département tout en continuant d'assurer des débouchés pour la filière agricole.
Conformément aux annonces du Premier ministre hier soir, le décret du 23 mars 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l'épidémie de covid-19 dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire dispose que «la tenue des marchés, couverts ou non et quel qu'en soit l'objet, est interdite». Seules les demandes de dérogation exprimées par les maires concernés et adressées au préfet seront instruites sous des conditions d'organisation très strictes et sous la responsabilité du maire.
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