Difficile début de campagne pour les fruits et légumes
Le marché des fruits et légumes est quelque peu chahuté en cette période estivale tant dans la production nationale qu’au plan de la balance commerciale. Explications.
Malgré un climat estival instable en juillet, les campagnes d’été de fruits et légumes ont toutes de l’avance. En conséquence, beaucoup de produits estivaux manquent encore de demande. C’est le cas du melon «boudé par les consommateurs en raison des températures peu élevées pour la saison», constate FranceAgriMer. Le concombre et la laitue d’été connaissent également une baisse de demande à la suite des mauvaises conditions climatiques. Ces deux productions subissent en plus une forte concurrence européenne, mais aussi dans l’hexagone, entre les différents bassins de production. En tomate, la demande manque durant une grande partie du mois de juillet et l’offre s’accumule.
Retard pour l’origine «France»
En fruits, les volumes de production limités permettent au marché de l’abricot de conserver une certaine fluidité. À l’inverse, la faible demande pour la pêche-nectarine alourdit le marché et des stocks se forment. Concernant la distribution, l’activité redevient normale pour la saison au début du mois de juillet. Les achats sont plus importants en fin de semaine et les hypermarchés récupèrent leur clientèle. Point négatif : certaines productions nationales ne sont pas encore complètement bien installées dans les rayons ; le réassort d’origine France «ayant pris du retard en grande distribution». Par ailleurs, «malgré la réouverture des restaurants, les vacances estivales et l’incertitude de nombreux opérateurs concernant le tourisme entraînent une faible évolution de la demande sur le circuit de la restauration hors domicile», précise FranceAgriMer.
Hausse des importations de fruits en mai
D’après les derniers chiffres de la douane française, en mai 2020, les importations de fruits frais ont atteint 464 000 tonnes (tous produits confondus), soit une hausse de 15 % par rapport à mai 2019. Ce sont principalement les agrumes, ainsi que les premiers fruits d’été (pêches, abricots, cerises) qui ont tiré les volumes. Une tendance que l’on retrouve dans les origines : + 31 % pour le Maroc, + 27 % pour l’Espagne. Les exportations françaises sont également en hausse, mais dans une moindre mesure (+ 5 % à 107 000 tonnes). Cette hausse est en grande partie due aux bonnes performances de la filière pomme (+ 25 % à 25 000 tonnes). Pour les légumes frais (hors pomme de terre), les importations sont en hausse de 5 % à 110 000 tonnes. Les importations de tomates sont notamment reparties à la hausse (+ 11 % à 39 000 tonnes). Les exportations françaises de légumes frais sont en recul de 4 % à 40 000 tonnes. Les prix ont été globalement supérieurs à la moyenne pour les importations comme pour les exportations.
Météo et Covid-19 font grimper les prix
«Force est de constater que tous les fruits et légumes frais ne sont pas accessibles à toutes les bourses.» C’est le constat global dressé par l’association Familles rurales dans son observatoire des prix des fruits et légumes 2020 présenté le 28 juillet. Menée début juin, l’étude portait sur un panier de huit fruits et huit légumes frais conventionnels et bio dans quatre types de surfaces de vente (hyper/supermarchés ; enseignes à dominante à marques propres (EDMP) et hard discount ; marchés et magasins spécialisés). Principaux résultats : en un an, le prix des fruits a bondi de 17 % en conventionnel et de 6 % en bio, tandis que le prix des légumes a augmenté de 4 % en conventionnel et de 1 % en bio. C’est dans les EDMP que le panier est le plus compétitif «malgré une hausse de 22 %», par rapport à 2019, tandis que le marché demeure la surface la plus onéreuse (25 % plus cher qu’en EDMP), note l’association. Elle calcule que manger cinq fruits et légumes par jour - tel que recommandé dans le plan national nutrition santé (PNNS) - représente 12 à 21 % d’un Smic net mensuel pour une famille de quatre. Dans le contexte de crise économique, «les injonctions du PNNS (…) paraissent impossibles à tenir pour certaines familles», souligne Familles rurales.
Pour Interfel, météo et Covid-19 sont responsables
Pour l’interprofession des fruits et légumes frais (Interfel), cette hausse des prix constatée par Familles rurales est «à remettre en perspective face aux événements exceptionnels de 2020». À savoir, les difficultés de main d’oeuvre et logistiques rencontrées durant la crise sanitaire qui «ont eu des conséquences directes sur les prix des fruits et légumes frais». Et, les conditions météorologiques «particulièrement peu favorables» avec notamment un manque de froid hivernal indispensable au mûrissement des fruits à noyau.
De plus, l’observatoire de Familles rurales a été réalisé en juin, une période «de transition» avec la fin des produits de printemps et l’arrivée des produits d’été, pointe Interfel. «Cette année, le mois de juin est plus que jamais une période de transition pour la consommation avec la période de déconfinement, les règles sanitaires toujours en place et certains débouchés non disponibles. Les prix reflètent donc l’effet d’offre et de demande de cette période», assure l’interprofession.
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