«Il n'y a pas de citoyens de seconde zone»
À l'approche des élections régionales, Xavier Bertrand, président de la région des Hauts-de-France et candidat à sa propre succession, a visité une exploitation agricole à Bacouël pour débattre sur la politique agricole.
En tête des intentions de vote dans les Hauts-de-France, Xavier Bertrand, aux côtés de ses conseillers, a visité l'une des rares exploitations d'endives dans l'Oise à Bacouël, chez la famille Mazan.
Denis Pype, revêtu de sa casquette de conseiller régional délégué à la production et de la transformation des bio-ressources, a rappelé au début de la rencontre que l'agriculture est l'une des activités économiques importantes de la région «Il est primordial de rencontrer la profession agricole sur le terrain surtout dans une période où l'agriculture est parfois mise à mal et montrée du doigt. L'agriculture a toute sa place notamment dans les Hauts-de-France.»
Pour Manoëlle Martin, vice-présidente en charge des lycées et de l'orientation, l'avantage de la liste électorale est la présence d'agriculteurs «trois agriculteurs, Jean Cauwel, Anaïs Pamart et Denis Pype, défendent assurément votre profession au sein de la région».
Cependant Régis Desrumaux, président de la FDSEA 60, pointe quelques petits bémols pour lancer le débat «On peut voir les côtés positifs de l'agriculture que ce soit dans le département ou dans la région. Par contre, on a beaucoup de questionnements sur le nombre d'agriculteurs présents sur cette liste, la ruralité en générale, l'agribashing, le photovoltaïque, l'irrigation...».
Gwenaëlle Desrumaux, présidente des Jeunes Agriculteurs de l'Oise, a, quant à elle, poursuivi sur le problème de l'installation «Les agriculteurs vieillissent et de moins en moins de jeunes reprennent les exploitations. Il faut trouver la solution pour les attirer, mettre le paquet sur le DJA et la PCAE».
311 millions d'euros consacrés au soutien à l'agriculture
«Que l'on habite à Compiègne, à Beauvais, à Amiens, ou à Lille, il n'y a pas de citoyens de seconde zone ! J'ai une jambe urbaine, j'ai une jambe rurale ! Et la ruralité, j'y tiens. Jusqu'à preuve du contraire, les urbains ne dictent pas et ne dicteront pas la ligne de conduite des ruraux. Quant aux ruraux, vous n'imposerez pas aux urbains leur mode de vie. Que demandent les ruraux ? Qu'on les aide sur leurs projets et que l'on trouve des solutions à leurs problèmes. Tant que je serais là, pêcheurs, chasseurs, agriculteurs, ce sera comme ça. Vous me trouverez toujours à vos côtés» exprime Xavier Bertrand. Il poursuit en se déclarant «être» un candidat pas comme les autres, loin d'être un vert idéologue qui s'entête à apprendre le métier d'agriculteur aux agriculteurs. «J'ai choisi mon camp depuis des années. En politique, j'ai compris une chose : il ne faut pas chercher à plaire à tout le monde, il faut être fidèle à ses convictions.» ajoute-t-il. Il souligne la nécessité d'une commission agriculture pilotée et présidée par un agriculteur. Depuis, le début de son mandat, le cheval de Troie du président de la région est l'agribashing. «On a toujours été présent à vos côtés pour vous défendre face aux personnes qui vous trainent dans la boue et qui vous traitent de pollueurs» martèle-t-il.
Xavier Bertrand a rappelé aux personnes présentes que le plus gros des soucis concerne la prise de décisions. Selon lui, la Région subit fortement les choix de l'État mais aussi de l'Europe. Comme ceux concernant les vaches allaitantes avec la Pac 2023 et les questions de surtranspositions de réglementation avec l'État.
Avec l'aide des représentants et des Chambres d'agriculture, le Conseil régional a pu venir en aide à un agriculteur sur deux dans les Hauts-de-France. Tant sur leurs projets que sur leurs problèmes à l'exemple du photovoltaïque. Même si ce domaine n'est pas pris en compte par la région, Xavier Bertrand, déterminé, s'engage à investir cette énergie renouvelable. Autre point, l'irrigation. Malgré la présence «virulente des écologistes et la réticence de l'État à ce sujet», le président du Conseil régional souhaite mettre le paquet sur l'irrigation. Et si cette dernière n'est pas acceptée, il s'engage à investir lourdement dans le forage. «On doit avoir accès à l'eau pour l'agriculture !» précise-t-il. La région des Hauts-de-France a consacré 311 millions d'euros au soutien du monde agricole dont la moitié provient du fond européen.
«Le ministère de l'écologie semble plus important que celui de l'agriculture»
La région Hauts-de-France met un poing d'honneur à défendre toutes les agricultures. Les agriculteurs voulant faire du bio peuvent bénéficier de l'aide à la reconversion, et les agriculteurs conventionnels continueront à percevoir des aides. «Ce n'est pas toutes les régions qui font ça. Le fond du problème, c'est que nous ne pilotons pas seuls, nous devons constamment rendre des comptes.» souligne le président de la région.
Christian Jacob, député en Seine-Maritime, approuve les idées de Xavier Bertrand et prône l'importance de l'agriculture au niveau alimentaire mais surtout au niveau économique. «Il y a 60 ans, on était trois milliards d'habitants sur la planète, dans 30 ans on sera neuf milliards. Donc, tout ce qui s'inscrit dans une logique de décroissance va dans une logique de folie ou dans une idéologie d'agriculture paysagiste et non de production». Selon lui, l'agriculture, l'agroalimentaire et l'alimentaire sont devenus des enjeux stratégiques. «On doit aujourd'hui répondre à la demande alimentaire de la population. Mais depuis 2018, la France a perdu son autosuffisance alimentaire. Et quand on n'est plus capable de nourrir sa population, c'est que l'on a raté quelque chose.» poursuit-il.
Le chiraquien s'alarme également sur l'incapacité de la France à s'imposer sur la scène internationale. Les normes nationales, encore trop contraignantes comparées ne serait-ce qu'aux normes européennes, freinent la compétitivité française. «La France doit faire le choix de se positionner sur le fait de gagner des parts de marchés ou laisser l'exportation agricole aux autres pays tel que la Russie, le Brésil ou les États-Unis.» enchaîne-t-il.
Pour Christian Jacob, il faut jouer sur la qualité de la production française mais aussi la diversité de l'agriculture. «Il faut être capable de répondre à tous, en ayant des circuits-courts, une partie en bio, une partie dédiée à l'export... De plus, l'État se doit de développer le domaine de la recherche. Et surtout de trancher sur la question des OGM. Notre pays ne dispose plus d'espace pour faire de la recherche appliquée. Nous devons trouver des variétés résistantes à la chaleur ou à la maladie par exemple. Que ce soit la solution ou non, nous devons avoir un éventail de possibilités pour faire rayonner notre savoir-faire».
Lors du débat, Régis Desrumaux a exprimé sa satisfaction sur le travail mené entre la région et le département et sur la qualité des échanges. «Vous aidez en cas d'urgence et en cas de crise, c'est bien, mais il va falloir anticiper davantage pour obtenir des résultats encore plus convaincants et pérenniser les compétences de la région. Moi, restant, à la tête de des Hauts-de-France, je resterai à vos côtés et me ferais l'avocat du monde agricole.» conclut Xavier Bertrand.
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