Intervention de Christiane Lambert lors de l'assemblée générale de la FDSEA60
Invitée de marque lors de la journée de l'adhérent le 20 février 2018, Christiane Lambert est venue réagir sur la situation agricole. Le président Guillaume Chartier l’avait annoncé d’emblée : «on est là pour construire une vision commune de notre agriculture.»
En cela, il a été exaucé : le dialogue qui s’est engagé entre les adhérents présents et leurs représentants a été franc et direct. Toutes les inquiétudes ont été soulevées, les doutes exprimés et les colères dévoilées. Finalement, un huis-clos, cela sert à cela.
La matinée avait commencé par l’intervention en duo des deux secrétaires généraux, Bernadette Bréhon et Régis Desrumaux. Prenant tour à tour la parole, se répondant dans un dialogue, ils ont égréné l’année passée en rappelant les fondamentaux de la FDSEA de l’Oise : l’adhérent au cœur du projet. Carte moisson, accompagnement juridique, dossiers Pac... tout est mis en œuvre au sein des services pour l’adhérent.
Et, en 2017, il y a eu du grain à moudre tant les dossiers ont été variés : glyphosate, compensations écologiques plutôt fonctionnelles que surfaciques autour du canal Seine Nord Europe, cartographie des cours d’eau, dégâts de gibier, avance de trésorerie, États généraux de l’alimentation... le syndicalisme a dû être sur tous les fronts en 2017. De quoi alimenter le débat.
Jean Lefèvre soulevait le ras-le-bol des dégâts de gibier, Xavier Leroy se demandait comment se diversifier si l’accès à l’eau est limité, Laurent Coussement s’alarmait de l’arrêt du lait dans les exploitations du Nord-Ouest et Joël Bomy souhaitant savoir si la FDSEA avait pu recontrer Édouard Philippe et Bruno Le Maire, en visite à Lassigny la semaine dernière.
Sur ce dernier point, il a été rassuré par les explications du président Chartier : une recontre a été organisée au pied levé avec un conseiller du Premier ministre sur le Mercosur. Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA, informait l’assemblée sur le travail engagé par la commission fiscale de la FNSEA en vue d’une loi.
Quatre mois seront utilisés pour présenter un projet de réfome de la fiscalité agricole. En premier lieu, la profession demandera le maintien des exonérations TIC (taxe intérieure sur les carburants) et plus-values et, ensuite, plaidera pour une évolution de la DPA/DPI (dotation pour aléas, dotation pour investissement) vers un outil de gestion pluriannuelle, une épargne de précaution proportionnelle au chiffre d’affaires.
Un discours sans langue de bois
Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA invitée d’honneur de l’assemblée, s’est ensuite livrée à un échange franc et direct avec l’assemblée. Posée, ferme dans ses arguments et ouverte au dialogue, la présidente a dévoilé aux adhérents le contexte politique dans lequel travaille la FNSEA et les trésors de diplomatie et de stratégie qu’elle doit déployer pour se faire entendre de politiques, parfois plus ouverts aux idées d’autres groupes de pression. Interrogée par Damien Heurtaut sur le nouveau contexte sans-quota des betteraves sucrières avec une coopérative qui pèse sur le marché, faisant le parallèle de la production laitière avec Sodial, Christiane Lambert a expliqué que les agriculteurs doivent s’habituer à travailler dans un contexte où la volatilité des prix est la règle : de - 30 % à + 30 %, avec les conséquences négatives sur les trésoreries et les impacts psychologiques. C’est pour cela que la profession travaille à la mise en place d’outils permettant un lissage pluriannuel.
Pour ce qui est de Sodiaal et de l’image qui en a été donnée dans l’émission Cash investigation, Christian Lambert a tenu à faire quleques mises au point en rappelant l’historique de la coopérative Sodiaal qui a subi de nombreuses pressions syndicales lorsqu’il s’est agi de reprendre les collectes des producteurs lâchés par Lactalis. Néanmoins, temporisait la responsable, l’obligation de transparence s’impose et les producteurs ne doivent pas hésiter à s’impliquer dans les conseils d’administration.
De même, revenant sur les producteurs laitiers qui abandonnent cette production au profit de la viande, elle rappelait que la consommation est en baisse et qu’il ne faudrait pas engorger les marchés, déjà bien fragiles. Une reconversion, cela se réfléchit sue le moyen terme.
Sur la problématique des dégâts de sangliers, sujet récurrent dans de nombreux départements, Christiane Lambert a d’abord rappelé l’importance de son clasement en nuisible. Évidemment, ce classement ne plaît pas aux chasseurs mais elle affirmait que des préfets énergiques savent prendre les décisions qui s’oimposent devant la prolifération des sangliers, à savoir l’organisation de battues administratives dans les points noirs. Christiane Lambert soulignait le sens de la communication qu’ont développé les chasseurs, en particulier autour de l’environnement qu’ils se sont appropriés. Elle rappelait que les discussions sont compliquées au niveau national et qu’elle apprécie d’y être épaulée par des responsables comme Thierry Leyssens, président de la section faune sauvage de l’Oise. «Nous ne devons pas lâcher sur le sanglier, même si je passe pour une petite énervée auprès des chasseurs» confiait avec humour Christiane Lambert.
Enfin, la président de la FNSEA ne cachait pas son opposition au discours du Président de la République qui, alors qu’il n’était que candidat, prônait l’arrêt de l’utilisation des produits phytosanitaires. «Désolée, mais le zéro phytos, on ne sait pas faire aujourd’hui. Les Français rejettent la chimie mais la solution réside dans le contrat de solutions que nous avons proposé. Car c’est toute la filière (semences, matériel, firmes...) qui doit œuvrer à la recherche de solutions alternatives. Nicolas Hulot, à qui nous avons présenté notre initiative, s’est montré très intéressé.» Devant tant de conviction et d’énergie, pas étonnant que le ministre ait été convaincu.
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