L'Oise Agricole 14 juin 2024 a 08h00 | Par L'Oise Agricole

L'AGPB veut redonner sa place à l'agriculture

À son congrès, l'Association générale des producteurs de blé (AGPB) a adopté un ton offensif pour que l'agriculture, secteur stratégique pour l'Europe, occupe sa vraie place dans le conflit qui l'oppose à la Russie, et que les réglementations tatillonnes n'entravent plus le déploiement de la céréaliculture européenne alors que la guerre est à nos portes.

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L'AGPB a tenu son congrès les 29 et 30 mai à Strasbourg dans le Parlement européen, à quelques jours des élections européennes.
L'AGPB a tenu son congrès les 29 et 30 mai à Strasbourg dans le Parlement européen, à quelques jours des élections européennes. - © dr

«Nous avons une Europe de bisounours. L'OMC est inefficiente à faire respecter ses règles. La Russie a développé ses capacités de production de blé et elle a déjà livré six navires de blé gratuit à des pays africains. C'est pour-quoi à l'AGPB, nous ne cessons de nous battre pour la compétitivité de l'agriculture européenne», a déclaré Éric Thirouin, président de l'AGPB, au congrès de l'as-sociation, qui s'est tenu les 29 et 30 mai à Strasbourg dans le Parlement européen, à quelques jours des élections européennes. L'Europe «est dans une phase difficile sur le plan politique et économique. On a vraiment du souci à se faire», a averti le grand témoin du congrès, Joseph Daul, agriculteur, ancien député européen et ancien président du Parti populaire européen (PPE). «Le PPE doit reprendre le poste de commissaire à l'Agriculture, même s'il vient d'un petit pays. Les ONG ont pris les places dans l'administration, ne les laissons pas tout diriger.» Le congrès a été l'occasion pour plusieurs intervenants d'alerter sur le manque de combativité. Par exemple l'UE met huit à dix ans pour homo-loguer un produit de biocontrôle, contre deux à trois ans aux États-Unis et au Brésil, a rappelé Hermann Mellaert, président d'Ibma Global. De même dans les accords de libre-échange, «quand dans une négociation on a tout donné, on est mal barré», s'est exclamé Luc Vernet, directeur de Farm Europe.

Arme alimentaire russe

Malgré leurs divergences, quatre candidats sur les listes des élections européennes ont tenu, du moins dans leurs discours, un ton pro-Pac affirmé, au «grand oral» organisé par l'AGPB. Ils se sont tous prononcés pour une Europe qui cesse de battre en retraite et qui renforce son agriculture. Ce débat a fait ressortir à quel point les engrais et l'arme alimentaire sont au centre du conflit. «Poutine nous a coupé le gaz, l'étape d'après sera de s'emparer des terres noires (fertiles) d'Ukraine. Il faut se mobiliser pour que l'Europe soit plus indépendante», a déclaré Irène Tolleret, ex-députée Renaissance, qui avait choisi de ne pas se représenter. Olivier Cleland, candidat pour Reconquête, a reproché à Paris d'avoir renoncé à sa place de premier plan dans l'innovation nucléaire, qui lui aurait permis d'atténuer, aujourd'hui, la dépendance européenne vis-à-vis des engrais azotés. Il a insisté sur l'importance de l'autonomie énergétique, clé de tous les domaines, y compris l'irrigation. Néanmoins, pour retrouver de la souveraineté alimentaire, «il faudra rehausser le budget de la Pac», a affirmé Frédéric Nihous, candidat pour Les Républicains, qui a toutefois appelé à la vigilance car le risque n'est pas nul de se voir imposer «un impôt européen». Virginie Joron, candidate pour le RN, a indiqué qu'une des premières me-sures qu'elle prendrait, si elle est élue, est l'augmentation du budget de la Pac. Frédéric Nihous a appelé l'Europe à construire une industrie des phytos souveraine, avec l'aide du budget général européen et non celui de la Pac. Il a fustigé les «lubies antinucléaires» qui ont rendu l'UE plus dépendante du gaz russe. Les prix des engrais azotés risquant encore d'augmenter du fait du Mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF), Irène Tolleret a plaidé pour une période de remboursement de la taxe aux agriculteurs et pour une politique de soutien à l'économie circulaire à travers les digestats de méthanisation.

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