L'amour est dans le pré de Périnne
Moutons, chevaux, vaches, cochons, Périnne André adopte tous les animaux victimes de violences ou destinés à l'abattoir. Dans sa ferme pédagogique, les animaux obtiennent une nouvelle vie pour le plus grand bonheur du public. Découverte de l'arche de Périnne.
Périnne André n'est pas du tout du milieu agricole. C'est par le plus grand des hasards que cette ancienne cavalière a eu l'idée d'ouvrir d'une ferme pédagogique à Montépilloy, dans l'Oise. «Auparavant, j'étais responsable commerciale régionale, mais le Covid-19 a tout chamboulé. J'ai remarqué qu'il y avait une pâture disponible et vu que j'avais du temps à perdre, j'ai commencé à adopter des animaux en mauvaise santé», explique-t-elle.
La création d'une ferme pédagogique était son rêve depuis ses 15 ans. Et c'est avec l'aide d'une cagnotte Miimosa et beaucoup de patience que ce dernier s'est enfin réalisé. «Mon désir est d'accueillir des familles, d'éveiller des enfants et de les initier à l'agriculture, aux animaux. Accompagner des enfants en situation de handicap est la genèse de cette ferme pédagogique. Quand nous étions gamins, on nous apprenait à reconnaître les animaux de la ferme. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas. En revanche, les enfants connaissent par coeur tous les personnages de Fortnite par exemple. Il faut leur faire redécouvrir les valeurs de l'agriculture», ajoute-t-elle.
Pour le moment, elle a le statut d'entreprise agricole individuelle mais, dans un avenir proche, cela deviendra une association afin d'être reconnue comme un refuge. Aujourd'hui, on compte 50 animaux sauvés dans la ferme de Périnne. «J'ai la chance inouïe d'accueillir depuis un an des animaux qui ont tellement d'amour et de câlins à revendre qu'il est de mon devoir de le faire partager au plus grand nombre. En effet, cette ferme doit être un refuge pour tout le monde, c'est pourquoi j'ai petit à petit crée ma marmaille, surnom que porte mon troupeau et qui signifie un groupe d'enfants qui fait beaucoup de bruit. Elle se constitue d'animaux issus de sauvetages, d'adoptions, de passés compliqués ou de coups de coeur mutuels...». Au départ, des particuliers contactaient Périnne pour des animaux récupérés au bord des routes.
Maintenant, le projet a pris tellement d'ampleur qu'elle travaille désormais avec plusieurs associations pour récupérer tous les autres animaux en détresse. Les éleveurs commencent à la contacter également. Mais, malheureusement, les places sont encore limitées. Elle a choisi de mettre en place un immense enclos pour que tous les animaux puissent vivre ensemble.
On y trouve exclusivement des animaux de la ferme, sauf un âne, des lapins et des animaux de la basse cour. «Je souhaite que les gens rentrent propres dans l'enclos. À la fin de la visite, les gens vont certes ressortir sales, sentir la terre, le crottin ou encore la chèvre mais ils auront à coup sûr passé un moment magique et ressortiront avec des étoiles plein les yeux. C'est ça la ferme, le vrai visage de l'agriculture. Et le plus édifiant, c'est ce que souhaitent les personnes (rire).»
Avec 70 visiteurs par jour, le concept plaît énormément. Autour d'une nurserie et d'une grande pâture, tous les animaux vivent entre eux. Pour les soins, Périnne fait appel au vétérinaire du village, une aubaine pour elle. «Dans notre département, on constate une désertification des vétérinaires. J'ai de la chance d'en avoir un au sein de mon village. La seule fois où j'ai dû me déplacer, c'était à Château-Thierry pour récupérer des médicaments. J'ai donc beaucoup de chance. Grâce à mon conjoint, les foins et la paille sont disponibles. En aliments, je teste différentes graineteries», assure-t-elle.
Depuis plus d'un an, Périnne observe les animaux et leur comportement envers les enfants et la curiosité qu'ils éveillent chez ces derniers. «Les adultes ne sont pas en reste, ils s'amusent et craquent devant eux tout autant que les petits, confirme Périnne en riant. Grâce à eux, je ressens l'une des plus intenses émotions de toute ma vie en assistant aux extraordinaires bienfaits de la thérapie animale sur les enfants en situation de handicap. Les enfants s'expriment, s'éveillent, communiquent et les animaux les comprennent», poursuit-elle.
En effet, elle travaille avec des groupes et des centres d'enfants en situation d'handicap, notamment atteints d'autisme. C'est là qu'opère la magie de la médiation animale. En fonction du degré du handicap, les enfants peuvent faire de l'éveil avec du toucher et du massage sur les animaux ou bien ils peuvent soigner et nourrir les animaux avec Périnne.
La prochaine projection à court terme est de pouvoir développer sa ferme. Elle cherche à agrandir les infrastructures pour le public afin de mieux les accueillir et d'augmenter son cheptel. De plus, elle souhaite étendre son projet aux établissements scolaires. «Je suis également contactée pour des prestations en itinérance comme les Ehpad. Le but est de me déplacer afin de faire de la médiation animale directement dans les centres. Je vais donc prendre ma petite bétaillère avec mes animaux et mon chien médiateur. Des mairies me proposent également des événements sur l'environnement et le bien-être animal. Les personnes ne pouvant pas se déplacer doivent également avoir accès à la médiation animale. Les animaux sont extraordinaires, surtout ma marmaille (rire) et il y a tellement de choses à faire avec eux», insiste Périnne André. Donc, si l'occasion se présente, allez découvrir la marmaille de Périnne et tombez sous le charme de ses animaux.
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