LA FDSEA de l'Oise à la rencontre de la Fop et de l'AGPB à Paris
L'initiative de cette rencontre revient à Adrien Dupuy, président de la section céréales et oléoprotéagineux et administrateur à la Fop (Fédération des oléoprotéagineux). L'occasion de mieux connaître ces associations spécialisées de la FNSEA et de comprendre tout le travail qui s'y fait au service des filières.

Jean Lefèvre, Fabrice Carbonnaux, Olivier Delignières, Grégoire Omont, Benoît Susset, Roger Vannier, Arnaud Aelvoet, Yves Langlois-Meurinne, accompagnés de Céline Vincent, animatrice FDSEA, ont fait le déplacement à Paris pour rejoindre Adrien Dupuy à Monceau, le nom des locaux où sont regroupés tous les acteurs de la filière oléoprotéagineuse : Fop, Groupe Avril, Sofiprotéol, Terres Inovia et Terres Univia notamment.
Xavier Dorchies, directeur de Sofiprotéol, Arnaud Rondeau, chargé de mission syndicale et environnementale à la Fop, et Thibault Ledermann, chargé des relations terrain et de la communication Fop, sont intervenus aux côtés des élus de la Fop, Benjamin Lammert, agriculteur alsacien et président, et Fabrice Moulard, secrétaire et agriculteur dans l'Eure, et ont partagé une partie de la matinée avec le groupe de l'Oise. L'essentiel des échanges a porté sur l'organisation de la filière car les agriculteurs de l'Oise voulaient comprendre, et ils ne sont pas les seuls, les imbrications entre le Groupe Avril, la Fop et Sofiprotéol.
Une organisation pensée
Le groupe Avril est né en 1983 de la mobilisation de la filière oléoprotéagineuse suite à l'embargo du soja américain. Grâce aux CVO (contributions volontaires obligatoires) prélevées sur les livraisons, la filière se dote d'un fonds, Sofiprotéol, qui, pour assurer les débouchés des producteurs, acquiert des outils de trituration au bord de la faillite. Puis il finance des entreprises de la filière : semences, outils de transformation... Les maillons de la chaîne de valeur s'interconnectent progressivement pour assurer le développement et la pérennisation de la filière en France. Avril devient un opérateur industriel leader dans la trituration et l'alimentation animale avec le rachat de Sanders pour valoriser les tourteaux auprès des éleveurs français.
La cohabitation Sofiprotéol/Avril devient difficile à gérer juridiquement et une remise à plat est réalisée en 2015.
De son côté, Avril est détenu par deux entités, la Fondation Avril, inaliénable, et le Fidop. Avril SCA est une société en commandite par actions pour détenir le patrimoine et Avril Gestion en assure la gestion avec, aux commandes, des agriculteurs qui ont une minorité de blocage. «Ce mode de foncionnement a été pensé pour que la ferme France soit toujours représentée dans un monde concurrentiel tout en gardant une grande efficience», assurent les responsables. Le Groupe Avril a ainsi réalisé 9 milliards d'euros de chiffres d'affaires en 2022, sans doute autour de 8 en 2023.
Sofiprotéol reste une société de gestion de fonds pour des investissements dans la filière. Il est détenu à 70 % par une filiale d'Avril et les 30 % restants sont aux mains d'investisseurs financiers (Crédit Agricole, Groupama, Crédit Mutuel, Natixis... pour 20 % et les 10 % par les interprofessions). Ils sont garants de la mission de ce fonds qui a augmenté ses capacités de 150 millions d'euros auprès de tous ses actionnaires afin de garder son ancrage agricole et de financer des projets durables et innovants. Par exemple, Sofiprotéol est entré au capital de trois entreprises de semences concurrentes : Lidea, RAGT et Limagrain Europe. Le fonds participe également aux projets liés au biocontrôle, via la société De Sangosse, ou de diversification en productions végétales ou animales.
Sofiprotéol agit comme un levier d'entraînement pour autres acteurs financiers. Si la Fondation Avril a plus des missions d'intérêt général dans les territoires, Sofiprotéol développe des financements avec une notion de rentabilité mais toujours dans des projets servant la filière et donc l'intérêt des producteurs (débouchés aux graines françaises).
Pour ce qui est des dossiers en cours, le président évoque le maintien des moyens de production (génétique, pas de retrait de phytos sans alternative, en modifier les usages plutôt que les interdire), agir au niveau européen, le travail sur l'assurance récolte, des programmes régionaux pour plus de protéagineux en alimentation humaine et animale, le développement des biocarburants dont le B 100 pour la décarbonation... «Toutes les entités de Monceau travaillent en synergie au bénéfice de la filière et les échanges sont nombreux avec la FNSEA et les autres associations spécialisées car nous avons de nombreux dossiers communs», assure Benjamin Lammert.
Même son de cloche à l'AGPB (Association générale de producteurs de blé) où Philippe Heusèle, secrétaire général, agriculteur en Seine-et-Marne et administrateur Valfrance, François Jacques, secrétaire général adjoint, agriculteur lorrain et secrétaire général d'Arvalis, ainsi que Patrice Auguste, en charge des relations terrain, ont accueilli la délégation de l'Oise, à quelques stations de métro de Monceau. Bientôt centenaire, l'AGPB défend le revenu des céréaliers, fait partie intégrante de la FNSEA comme la Fop, et assure une défense commune sur certains dossiers avec la Fop, la CGB (Confédération générale de la betterave) et l'UNPT (Union nationale de la pomme de terre).
À côté de l'AGPB, Arvalis, son institut technique, et Unigrains, un fonds doté d'un milliards d'euros pour développer l'agro-industrie, conforter les débouchés des céréales avec une solidarité inter-filières, notamment vers l'élevage ; mais aussi Fert, coopération avec les pays en voie de développement, Sol et civilisation, un think tank sur les enjeux sociétaux, et Intercéréales, l'interprofession avec trois collèges : les producteurs (AGPM maïs, AGPB, France grandes cultures), le commerce et l'export (coopératives, négoces, export) et la transformation (meunerie, amidonnerie, aliments du bétail, malterie, semoulerie...).
Des COV sont prélevées et le budget est destiné à 70 % à Arvalis, les 30 % à Passion céréales (outils de communication) et France export céréales (promotion des produits céréaliers à l'exportation UE et hors UE).
L'AGPB travaille à valoriser les démarches environnementales (haies), faire évoluer les réglementations et souhaite fédérer la filière énergies. «Produire et produire mieux», résume Philippe Heusèle : rester compétitifs (avec le label bas carbone), arrêter la spirale des contraintes (contrat de solutions), répondre aux attentes sociétales et le prouver (certification, stratégie biodiversité), gérer les risques (assurance récolte) et redonner sens et fierté aux producteurs (Nouveaux céréaliers).
Lobbying et financements
L'AGPB est fortement intervenue sur le projet de loi de finances et a permis l'annulation de la hausse de la RPD (redevance pollutions diffuses) et de la taxe sur l'eau, la pérennisation du crédit d'impôt sur la HVE (haute valeur environnementale), de la dotation pour épargne de précaution, la création d'un crédit d'impôt de 2.500 euros pour les entreprises agricoles générant des crédits carbone labellisés bas carbone (LBC). La structure pousse à un choc assurantiel mais avec la liberté pour chaque agriculteur de prendre ou pas l'assurance climatique et s'inquiète de l'effet ciseaux à venir avec la hausse des charges et la baisse des prix. Elle veut travailler, en vue des prochaines élections européennes, à déterminer sa position vis-à-vis de la prochaine Pac dont les négociations vont commencer.
Quant à Unigrains, il a soutenu et soutient plus de 1.000 entreprises en consolidant des projets avec des participations qui durent environ 7 ans : coopératives, industries agro-alimentaires... Au départ, il s'agissait d'aider les filières animales ; aujourd'hui, tous les secteurs sont concernés, pour une moyenne de 10 à 20 opérations par an. Unigrains entend peser dans la transition écologique et pourrait faire évoluer sa stratégie.
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