La résilience des exploitations à l’AG de la FRSEA Hauts-de-France
La FRSEA Hauts-de-France tenait son assemblée générale annuelle le 17 mai, l’occasion de se projeter sur quelques éléments fondamentaux pour l’avenir des exploitations.

Les modalités de la future Pac, l’emploi en agriculture, l’accompagnement à l’investissement dans les exploitations et les débouchés des productions agricoles régionales ont composé le menu de la réunion. Ces éléments sont autant de facteurs de résilience des exploitations agricoles, c’est-à-dire des éléments qui ont un impact sur la capacité des exploitations à résister aux aléas économiques et climatiques qui les entourent.
Pour alimenter le débat, Laurent Degenne, président de la FRSEA, avait invité Jérôme Volle, membre du bureau de la FNSEA, président de la commission nationale emploi formation et viticulteur en Ardèche, Claude Soudé, directeur adjoint de la FOP (Fédération des producteurs d’oléoprotéagineux) et responsable des relations internationales et européennes, Ertgren Shehu, nouveau directeur du service Agriculture de la Région Hauts-de-France, Philippe Hincelin, directeur d’Agrosphères (association des entreprises agroalimentaires des Hauts-de-France).
L’agriculture, premier employeur
À travers l’enjeu du renouvellement des générations, mais aussi le recours de plus en plus fréquent à la main-d’œuvre salariée, la production agricole est la première source d’emploi en milieu rural, selon Jérôme Volle. Il existe encore près d’un agriculteur dans chaque commune rurale en France. Aussi, la production agricole génère un excellent maillage du territoire. D’un point de vue économique, le recours à la main d’œuvre salariée est un facteur de développement des entreprises et de bien être des exploitants. La typologie des exploitations et le mode de vie des agriculteurs évoluent et le recours à la main d’œuvre salariée ne fait qu’augmenter.
Cependant, le recours à la main-d’œuvre salariée engendre de nouvelles responsabilités pour l’exploitant : vis-à-vis de la personne qu’il emploie, au niveau sécurité, organisation du travail et vis-à-vis de la compétitivité de son entreprise, qui doit être en capacité de dégager les salaires. Pour le réseau FNSEA, il s’agit d’accompagner individuellement les adhérents dans leurs démarches et collectivement, travailler avec les services de l’État et les collectivités sur le recrutement, l’attractivité des métiers, les compétences nécessaires.
Pac : discussion au niveau de l’UE
La future réforme de la Pac, prévue initialement pour 2020, mais qui risque d’être reportée à 2021 ou 2022, est en cours de discussion au niveau européen, dans un contexte mouvant. En effet, les modalités du Brexit sont encore incertaines, les institutions européennes sont en renouvellement, aussi bien au niveau du Conseil des ministres (tous les 6 mois), qu’au niveau du parlement européen (élections le 26 mai) et de la commission européenne. Les propositions qui sont sur la table sont donc encore incertaines. C’est ce qu’a rappelé Claude Soudé.
La Pac devrait peser 30 % du budget global environ et bénéficier à 27 États membres. Les évolutions de la Pac sont liées aux évolutions des besoins et des demandes sociétales, portés par les représentants issus des États membres. À l’heure actuelle, les objectifs sociaux et environnementaux ont pris plus d’importance que le rôle économique de la Pac. L’UE fixera les grands principes : tels que les soutiens de base et redistributifs devront peser 60 % des aides directes au maximum.
Un paiement additionnel appelé Eco-Scheme est introduit en contrepartie de pratiques bénéfiques pour le climat et l’environnement. Le second pilier de la Pac est conservé. Il devra comprendre une partie environnementale beaucoup plus importante. Selon Claude Soudé, tout l’enjeu est d’utiliser cette nouvelle Pac pour créer de la valeur. Par exemple, les protéagineux présentent des atouts environnementaux qui pourraient être valorisés à travers la Pac. Pour que cela ait un intérêt, il faut que les filières économiques se développent.
L’accompagnement à l’investissement
La future réforme de la Pac laisse craindre une diminution des aides directes pour nos régions. La reconquête de compétitivité passe par la capacité à investir et se diversifier sur les exploitations. Et en la matière le conseil régional, doté de la compétence économique, dispose d’un panel de mesures d’accompagnement des exploitations. C’est ce qu’a présenté Ertgren Shehu, le nouveau directeur de l’agriculture. En tant qu’autorité de gestion des aides du second pilier de la Pac, la Région est en charge du PCAE qui accompagne l’investissement de projets, selon un cahier des charges bien précis. 2.000 projets ont été accompagnés en Hauts-de-France depuis l’ouverture de la mesure en 2015. Un fond de garantie et une avance remboursable ont également été mis en place pour favoriser la levée bancaire et permettre à des exploitations de développer un atelier et sécuriser leur système. Des programmes spécifiques à l’élevage ou à l’agriculture biologique sont mobilisables. L’objectif de la Région est de développer un panel d’outils permettant de créer du développement ou de conforter des exploitations fragiles.
Un tissu d’industries agroalimentaires dense
Avec 1.900 établissements agroalimentaires, les Hauts-de-France ont un potentiel de transformation et de valorisation des productions très important, assuré aussi bien par de grands groupes à rayonnement national voire international que par des PME.
Philippe Hincelin, directeur d’Agrosphères, relève qu’une part non négligeable des industries agroalimentaires sont d’origine agricole, basée sur un savoir faire pour valoriser une production de l’exploitation.
Il a encore des places à prendre en création de valeur ajoutée et aussi en productions innovantes pour servir des filières locales spécifiques, a-t-il déclaré.
Le constat est fait que ces initiatives sont bien souvent individuelles. Il y a peu de stratégies collectives de création d’outils de transformation. Cela est peut-être une voie à explorer.
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