Les JA pour une agriculture durablement performante
Jeunes Agriculteurs de l’Oise a tenu son assemblée générale jeudi dernier 22 janvier.
Elle a débuté par une intervention de Michel Dubois, directeur de la spécialité agriculture de l’Institut LaSalle, qui insistait sur le besoin de formation des agriculteurs : il faut qu’ils aient le même niveau de formation que leurs conseillers car ils doivent pouvoir s’adapter en permanence pour maintenir une agriculture économiquement et écologiquement performante. Il faut donc définir les cursus de formation en anticipant les évolutions de l’agriculture.
Et il faut répondre à une demande croissante de produits alimentaires, donc produire davantage pour nourrir une population mondiale en très forte hausse. Or, des régions entières, l’Asie en particulier, devront s’approvisionner par l’importation puisque leurs surfaces agricoles sont très limitées. Dans ce contexte, le prix du lait et de la viande «vont croître à terme», selon Michel Dubois, qui pose la question de la régularité du revenu agricole : il faut que les agriculteurs soient des «stratèges» en gestion, quitte à ne pas pouvoir profiter de prix élevés mais instables, en s’organisant. Les agriculteurs doivent rester force de propositions.
Par ailleurs, ils doivent chercher à améliorer leur image : plutôt que parler d’installation, il faudrait parler de reprises d’entreprises agricoles, montrant mieux que l’agriculteur est un vrai chef d’entreprise, qui crée de la richesse, disait Michel Dubois.
Puis cette assemblée générale s’est poursuivie par le traditionnel rapport d’activités, présenté en images et avec beaucoup d’humour. La rétrospective sur l’année écoulée rappelait les manifestations nationales, comme la finale mondiale de labour qui s’est déroulée début septembre près de Bordeaux (manifestation que les JA de l’Oise avaient proposé d’accueillir) et le congrès national JA ou celles organisées au niveau régional ou départemental, dont le forum régional à l’installation et Campagne en fête à Breteuil fin août.
Sans oublier les actions syndicales aux côtés de leurs aînés de la FDSEA, à Rungis en juin, et celles du 5 novembre à Beauvais où les JA avaient, dès 4 h du matin, bloqué les entrées principales de la DDT, du centre des impôts, de la Direccte et de la préfecture. Et ils ont de nouveau participé le 13 novembre à l’action de préservation du foncier agricole en remettant en culture une parcelle de 5,5 ha que la communauté d’agglomération du Beauvais laissait en friches depuis 9 ans ; une demande de négocation avec les collectivités territoriales a de nouveau été formulée afin de confier à des agriculteurs, par des contrats précaires, des espaces en attente d’aménagement.
Un autre épisode était rappelé, celui de la rencontre «plus que décevante» avec les parlementaires : seuls deux représentants avaient répondu à l’invitation, montrant «le mépris pour le monde agricole» de nombreux élus.
Aux JA de participer
Jean-Luc Poulain était venu à cette assemblée générale expliquer les réflexions en cours pour une nouvelle organisation consulaire. Il va y avoir regroupement des régions, qui ne seront plus qu’au nombre de 9 au 1er janvier 2016. Sans nécessairement aller aussi vite, les organisations consulaires doivent logiquement se structurer de la même façon et le président de la Chambre d’agriculture de l’Oise disait son souhait de faire la démarche au cours de la mandature actuelle, pour 2018. Il milite pour «la formule la plus aboutie», avec un employeur unique au niveau régional des 220 salariés actuels des 4 Chambres picardes (les trois départementales et la régionale) ; un transfert partiel est prévu à échéance 2017 (la Chambre régionale passant de 20 salariés à 62) et divers scénarios restent en discussion. Il faudra aussi chercher à s’organiser avec la Chambre d’agriculture du Nord-Pas-de-Calais.
Cette future organisation régionale, qui permettra de rationaliser les ressources et de développer des services, se fera en maintenant les structures de proximité, disait Jean-Luc Poulain, qui rappelait le travail réalisé dans l’Oise avec les groupes de développement : des groupes ouverts, auxquels il invitait les JA à adhérer.
Le même message a été fait par le président de la FDSEA qui souhaite la participation active des Jeunes Agriculteurs à la vie syndicale. Des actions communes FDSEA-JA ont porté leurs fruits, comme l’abandon d’un projet interdisant tous traitements à moins de 200 mètres des zones habitées, ou la promotion du manger-français en restauration collective. Des représentants de JA participent activement aux réunions de travail organisées par la FDSEA, y compris en bureau, mais il faut aussi que, sur le terrain, les Jeunes Agriculteurs intègrent le réseau FDSEA et y apportent leurs idées pour mieux organiser collectivement la défense du métier.
«Aimer notre métier de paysan» est d’ailleurs la priorité, disait Nicolas Caron, qui a annoncé qu’il présidait cette assemblée générale pour la dernière fois, puisqu’il ne se représentera pas aux prochaines élections, l’année prochaine. «Le cœur de notre métier est de produire» insistait-il ; cela nécessite de préserver le potentiel de productivité de l’agriculture, avec les progrès de la technique et en protégeant le foncier agricole.
Il évoquait par ailleurs les difficultés de l’élevage, avec une baisse des prix sur le lait et la viande. En production laitière, ce sont théoriquement désormais les OP (organisations de producteurs) qui gèrent les volumes, mais de fait, ce sont les industriels qui décident, pouvant contraindre à des abandons de production lors d’installations.
Il évoquait aussi la paratuberculose qui se développe dangereusement dans notre région et qui représente un gros risque.
Et Nicolas Caron lançait lui aussi ce message à tous les nouveaux installés : «venez rejoindre les JA». Et de conclure : «Ensemble, cultivons notre avenir».
La loi d’avenir
Cette année 2014 a été celle de la loi d’avenir de l’agriculture. Karen Chaleix, agricultrice en élevage bovins viande en Haute-Vienne, siègeant au conseil d’administration à JA national qu’elle est venue représenter à cette assemblée de JA de l’Oise, a expliqué les modifications apportées par cette loi sur la gestion des aides à l’installation. Ce qu’a confirmé Emmanuel Berthier, préfet de l’Oise, venu conclure cette assemblée générale. Cette loi apporte une nouvelle base au parcours à l’installation et elle facilite l’accès aux aides pour des installations hors cadre familial. Le critère d’activité minimale remplace celui de la surface et le préfet a affirmé qu’«il n’y aura pas de blogage de dossiers JA cette année», grâce au relai financier de l’État, qui maintient son effort pour une revalorisation de la DJA. Le comité régional à l’installation a été mis en place, une grille DJA étant désormais commune aux trois départements picards. Le préfet conseillait aux JA de s’organiser en s’adaptant à la future carte des régions, qui sera opérationnelle à partir du 1er janvier prochain.
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