L'Oise Agricole 10 novembre 2020 a 14h00 | Par Amandine Priolet

Les personnes non issues du milieu agricole, la solution du futur ?

Les inquiétudes quant au renouvellement des générations en agriculture ne cessent de croître. Dans une étude publiée début septembre, l’Institut de l’élevage (Idele) et l’Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement, AgroParisTech, se sont penchés sur le profil des personnes non issues du milieu agricole.

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Le secteur de l’élevage des ruminants est caractérisé par le net vieillissement de la population de ses chefs d’exploitation depuis le début des années 2000. Aujourd’hui, le nombre d’installations en élevage de ruminants est insuffisant pour assurer le renouvellement des générations.
Le secteur de l’élevage des ruminants est caractérisé par le net vieillissement de la population de ses chefs d’exploitation depuis le début des années 2000. Aujourd’hui, le nombre d’installations en élevage de ruminants est insuffisant pour assurer le renouvellement des générations. - © Flickr

Alors que le vieillissement de la population agricole laisse présager une importante vague de départs en retraite dans les années à venir, les enjeux sont importants pour assurer le renouvellement des générations. Le monde de l’élevage ne fait pas exception à ces bouleversements en devenir, d’autant plus que les enfants d’agriculteurs sont davantage nombreux à choisir une autre voie. Il est donc important d’attirer de nouveaux profils, hors cadres familiaux. Car est-il nécessaire de rappeler que l’élevage contribue à l’alimentation des consommateurs français (viande et produits laitiers), mais aussi au maintien de la biodiversité et des paysages ? Toujours est-il que le secteur de l’élevage des ruminants est caractérisé par le net vieillissement de la population de ses chefs d’exploitation depuis le début des années 2000 : 40 à 50 % d’entre eux avaient plus de 50 ans en 2016.

Aujourd’hui, le nombre d’installations en élevage de ruminants est insuffisant pour assurer le renouvellement des générations. Il faudrait chaque année plus que doubler le nombre d’emplois nouveaux (nouveaux installés et salariés) pour remplacer l’ensemble des départs à la retraite. Depuis une dizaine d’années, un phénomène nouveau s’impose dans le milieu agricole avec une nette augmentation du nombre de candidats non issus du milieu agricole (Nima) - donc n’ayant pas de parents agriculteurs ou de liens directs avec ce milieu - au sein des filières ruminants. En Bretagne par exemple, près de 25 % des agriculteurs qui se sont installés en 2009 n’étaient pas originaires du milieu agricole, contre seulement 13 % en 1998.

L’image du métier en décourage plus d’un

C’est dans ce contexte que l’Idele (Institut de l’élevage) a réalisé une étude sur l’ouverture des métiers agricoles à des personnes Nima, pour le compte de la Confédération nationale de l’élevage (CNE). Si les personnes Nima ont un profil aussi diversifié que peut l’être l’agriculture française, elles se rejoignent sur un point commun : leur quête de sens.

En effet, ces nouveaux candidats veulent donner une valeur et une utilité profonde à leur métier. Nombre d’entre eux considèrent d’ailleurs que le métier d’agriculteur est un «beau métier qu’il faut valoriser». La polyvalence de l’activité agricole, associée à une certaine liberté, sont autant d’atouts qui attirent ces profils.

Pour autant, il semblerait qu’une minorité d’entre eux se tourne vers l’élevage, la majorité étant davantage attirée par les productions maraîchères.

Les difficultés véhiculées autour du métier d’agriculteur, et d’éleveur en particulier, contribuent à décourager les futurs candidats à l’installation. «Aujourd’hui la première difficulté qu’on a dans le renouvellement des générations, c’est l’image du métier. Il faut redonner envie aux gens de devenir agriculteur, ce qui n’est pas évident», mentionne l’étude. L’élevage étant souvent décrié, les candidats sont peu nombreux.

Des profils atypiques

Et ceux qui osent se lancer dans l’aventure préfèrent, de manière générale, s’installer dans des structures de taille relativement restreinte, à la recherche d’une valeur ajoutée (investissements moindres, découverte progressive du métier, etc.). Des projets atypiques, souvent en décalage avec les fermes classiques en termes de taille et de production.

Et même s’il s’agit pour beaucoup d’un choix de vie, certains candidats Nima semblent avoir mal anticipé la charge de travail qu’un tel métier exige.

Les Nima qui deviennent éleveur le font avec deux idées paradoxales : celle d’un projet de vie et l’envie d’y retrouver les caractéristiques d’un emploi comme un autre (horaires, vacances, etc.). «Les Nima bousculent les mentalités et les visions du métier, apportant à la fois une ouverture bienvenue et parfois des tensions», est-il rapporté dans cette étude.

Globalement, et par rapport aux décennies passées, l’agriculture attire de plus en plus de nouveaux profils, hors cadres familiaux. Mais il semblerait que ces candidats manquent cruellement d’informations sur la réalité du métier. Un accompagnement plus poussé, par le biais de stages pratiques ou de formations, serait intéressant.

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