C'est sur l'exploitation céréalière d'Emeric Duchesne, à Nanteuil-le-Haudouin, dans le sud-est de l'Oise, que McDonald's France a présenté son programme d'accompagnement vers des pratiques agroécologiques, inscrit dans le cadre de sa Stratégie Filières Durables 2020-2030 - l'objectif étant pour «McDo'» de réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 35% par transaction, sur l'ensemble de son périmètre d'activité, à horizon 2030 et par rapport à 2005.

L'enseigne de restauration rapide et son fournisseur de petits pains, Bimbo QSR, ont lancé en septembre 2021 un projet pilote d'agriculture régénérative et d'agroforesterie visant à améliorer la qualité des sols et à préserver et développer des puits naturels de carbone dans les exploitations dont ils sont partenaires. «Nous servons près de deux millions repas par jour dans nos 1.500 restaurants répartis sur l'ensemble du territoire français, explique Eloi de la Celle, directeur achats/qualité/logistique/environnement chez McDonald's France. Nous avons donc une responsabilité : fournir des produits de qualité et réduire l'impact environnemental de nos activités.»

Projet pilote ARA-Blé

Principalement construit et financé par McDonald's, le projet d'Agriculture Régénérative et d'Agroforesterie dans la filière Blé CRC (ARA-Blé) accompagne 47 agriculteurs français dans la mise en place de pratiques agricoles favorisant la réduction des émissions et le stockage de carbone dans les sols.

En 2022, les agriculteurs participants ont pu réaliser des essais de couverts végétaux agronomiques sur 5 hectares de leur exploitation. Ces essais ont permis aux agriculteurs de mettre en pratique les enseignements issus d'une formation dédiée qui leur a été proposée.

Plusieurs indicateurs ont été suivis, portant notamment sur : le taux de matière sèche, la densité du couvert, les variétés cultivées et le potentiel de séquestration carbone.

Six projets d'agroforesterie, plus précisément de plantation de haies en bordure de parcelles, représentant 8,5 km de haies soit 8.571 arbres, ont aussi été lancés, avec pour 4 d'entre eux des co-financements publics. D'autres sont prévus pour la prochaine saison de plantation qui débutera à l'automne, estimé à 5 km.

Pour mener à bien le projet ARABlé, en expérimentation pour une durée minimale de 3 ans, McDonald's et Bimbo QSR se sont entourés d'un consortium d'experts  : l'ONG Earthworm Foundation qui accompagne les entreprises sur les problématiques de leur chaîne d'approvisionnement et dans la transition vers l'agriculture régénérative avec son programme Sols Vivants  ; Agroof, spécialiste de l'étude et du développement des systèmes agroforestiers ; Icosystème, société de conseil et centre de formation professionnelle spécialisée dans l'accompagnement de la transition agroécologique. Les coopératives agricoles Oxyane et Valfrance, dont le président, Christophe Grison, était présent lors de la présentation, sont également investies dans ce projet pilote.

Des «soldats du climat»

Concrètement, chez Emeric Duchesne, cela se traduit par 60  ha passés en agriculture régénérative. Après la moisson, il ne laisse plus son sol nu mais profite d'un enherbement naturel ou sème un couvert végétal composé de tournesol, de vesce, d'avoine, de sorgho, nigelle et phacélie. «Le sol est protégé du soleil et conserve de l'humidité, explique le céréalier. Le tournesol piège le nitrate et permet de conserver l'azote dans le sol. Il y a un véritable bénéfice pour la santé du sol.» En plus de la matière organique pour la terre, son couvert se valorise avec le méthaniseur alimentant la ville de Senlis en gaz. «On compte aussi sur le crédit carbone pour valoriser ces pratiques.»

L'exploitant a également planté 4 kms de haie dont 1,5 a été financé par McDonald's. «C'est peut être du non productif mais ça apporte du vivant.» Une haie offre en effet une réserve de biodiversité utile aux cultures (pollinisateurs). «Une haie sert aussi de brise vent et prévient l'érosion du sol.»

Le céréalier semble en tout cas convaincu et se veut un précurseur d'un mouvement plus ample  : «Nous, agriculteurs, avons un rôle à jouer dans le stockage du carbone. Nos champs ont la capacité d'être des puits de carbone. En développant ces stratégies, les agriculteurs vont devenir les soldats du climats.»