UE/EU : le soja pour calmer les tensions commerciales
Les présidents des Etats-Unis et de la Commission européenne se sont entendus pour désamorcer la crise commerciale entre Bruxelles et Washington.
Lors de leur réunion à la Maison-Blanche, le 25 juillet, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et Donald Trump sont parvenus à désamorcer la crise commerciale entre Washington et Bruxelles en prévoyant, entre autres, selon leur déclaration conjointe, d’«accroître le commerce» de soja. Le président américain a assuré que l’Union européenne allait commencer «presque immédiatement» à acheter «beaucoup de soja» aux Etats-Unis.
Les exportations américaines dans ce secteur sont taxées depuis le 6 juillet sur le marché chinois, où elles avaient atteint 14 milliards de dollars en 2017. Depuis le début du conflit avec Pékin, le prix du soja a perdu 25 % pour descendre à son plus bas niveau depuis 2008-2009. Une aide de douze milliards d’euros a d’ailleurs été annoncée par le gouvernement américain pour soutenir les agriculteurs affectés par les représailles douanières déclenchées par les pays tiers en réponse aux taxes à l’importation décidées par Donald Trump.
«Ce sera fait»
Une augmentation des importations de soja de l’Union européenne en provenance des Etats-Unis serait au détriment de ses principaux fournisseurs que sont les pays sud-américains (cf. encadré). Elle ne favoriserait sans doute pas le «plan protéines» que Bruxelles compte lancer avant la fin de l’année. «En ce qui concerne l’agriculture, l’Union européenne peut importer plus de soja des Etats-Unis, et ce sera fait», a en tout cas déclaré Jean-Claude Juncker à l’issue de son entretien avec Donald Trump. De son côté, le commissaire européen à l’agriculture, Phil Hogan, a, dans un tweet, félicité le président de la Commission européenne et son équipe pour avoir «effectué une percée significative dans leurs négociations avec le président américain. Espérons que cela permettra d’améliorer les relations commerciales entre l’Union européenne et les Etats-Unis».
Déclaration conjointe
La déclaration conjointe euro-américaine prévoit que les deux parties vont «travailler ensemble» à la libéralisation des échanges de «biens industriels hors automobiles», et «s’employer également à réduire les obstacles pour accroître le commerce de services, de produits chimiques, de produits pharmaceutiques, de produits médicaux et du soja». Selon une source européenne, aucun nouveau droit ne sera imposé sur les importations de voitures européennes aux Etats-Unis, un dossier particulièrement sensible pour l’Allemagne. «Nous voulons aussi résoudre les problèmes des tarifs douaniers américains sur l’acier et l’aluminium exportés par l’Union européenne, ainsi que les tarifs de rétorsion» européens, précise le texte. Ce sont ces taxes américaines, en application depuis le 1er juin, qui avaient mis le feu aux poudres entre Washington et Bruxelles. Les deux parties vont, par ailleurs, oeuvrer de concert pour «réformer l’OMC» et «s’attaquer aux pratiques commerciales déloyales, y compris le vol de la propriété intellectuelle, le transfert forcé de technologies, les subventions industrielles, les distorsions créées par les entreprises d’Etat et la surcapacité». Avec la Chine en ligne de mire.
La France demande des «clarifications»
La France a demandé, le 26 juillet, des «clarifications» sur les mesures annoncées à l’issue de la rencontre entre Donald Trump et Jean-Claude Juncker. Le ministre de l’Economie et des finances, Bruno Le Maire, a rejeté la possibilité de négocier un accord commercial global entre l’Union européenne et les Etats-Unis. Il a exigé que l’agriculture reste «en dehors du champ des discussions», assurant que «l’Europe ne transigera pas avec ses normes». Avant d’ajouter : «Nous avons des normes sanitaires, alimentaires et environnementales élevées, et des règles de production auxquelles nous sommes attachés parce qu’elles garantissent la protection et la sécurité de nos consommateurs.» Lors de son entretien à la Maison-Blanche avec le président américain, le président de la Commission européenne lui aurait dit qu’il n’avait pas de mandat du Conseil de l’Union européenne pour discuter agriculture, avec l’exception notable du soja.
Graines et tourteaux importés par l’UE en 2017-2018
Les importations de soja de l’Union européenne ont atteint 33 millions de tonnes en 2017-2018, dont 14 millions de tonnes de graines et 19 millions de tonnes de tourteaux. Les graines provenaient pour 41 % du Brésil et 33 % des Etats-Unis, les tourteaux pour 45 % d’Argentine, 41 % du Brésil et 2 % des Etats-Unis. 94 % du soja planté par les producteurs américains est génétiquement modifié. «Les effets de l’accord (sur le soja) entre l’Union européenne et les Etats-Unis doivent être surveillés attentivement au cours des prochains mois», a commenté, le 26 juillet, l’organisation agricole italienne Coldiretti.
BERTRAND (40) | 02 août 2018 à 17:22:09
Pour ceux qui rêvent de NON OGM , c'est rappé..
Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,