Une start-up qui lave les consignes en verre
Ils sont vignerons, brasseurs, laitiers, transformateurs de jus de fruits, oléiculteurs à réemployer de plus en plus les contenants en verre. Ils s'inscrivent dans une démarche citoyenne et font appel au service de lavage et de collecte «Ma Bouteille s'appelle Reviens».
Il est dix heures du matin, le camion à l'enseigne «Ma Bouteille s'appelle reviens» se prépare à collecter les bouteilles sales dans les 40 points de collecte dont 38 magasins en Drôme et en l'Ardèche. Il fera dans la journée la livraison des bouteilles vides lavées aux producteurs et aux magasins. «Ma Bouteille s'appelle Reviens» est une initiative lancée par l'association Locaverre, porteur de projet, créée en novembre 2017.
Du local et du recyclage
En juillet 2019, l'unité de lavage de Chabeuil voit ses premiers clients arriver : les brasseurs et la ferme bio Margerie à Portes-lès-Valence, une entreprise familiale qui transforme fruits et nectars et les revend aux professionnels de jus de fruit. A l'accueil de la laverie, les deux frères Esteves cherchent un partenaire pour laver leurs bocaux d'olives de 3,5 litres. Ils ont créé un nouveau service de collecte et de lavage des bouteilles utilisées par les producteurs de jus fruit, de vin, de compotes, de yaourts, de lait et de bières. L'enjeu : favoriser les producteurs locaux du territoire et renforcer la consigne. «Nous avons créé un cercle vertueux dans tout le territoire. Les producteurs sont de plus en plus nombreux à frapper à notre porte, soit 45. On propose deux formules : soit le lavage à façon, moins cher à raison de 20 centimes la bouteille lavée soit le tout en 1 (23 centimes/ bouteille lavée) où l'on collecte les bouteilles dans les magasins partenaires et l'on fait la promotion de leurs produits dans les magasins de vente avec des affiches, des sacs, des flyers. Et ça marche. Certains producteurs ont même noté une hausse de leur vente», explique Benjamin Cordonnier, responsable commercial de l'unité de lavage à Chabeuil (Drôme).
Une scic en projet
L'unité de lavage de bouteilles, pots en verre possède un tunnel et une laveuse (démarche HACCP). La Laveuse traite 2000 bouteilles/ heure et tous les types de contenants en verre : pots de miel, cosmétique, bols, bacs alimentaires, plats à emporter etc. 100.000 contenants ont été lavés en 2020 pour une prévision de 350.000 contenants en 2021. «Le point d'équilibre en 2024 est d'atteindre un million et demi de contenants lavés. Début 2022, nous deviendrons une société coopérative d'intérêt collectif SCIC avec des collèges producteurs, salariés, consommateurs et collectivités locales», admet Clémence Richeux cheffe de projet.
Producteurs : privilégier la démarche citoyenne
La ferme bio Margerie existe depuis plus de 40 ans. Elle travaille avec une centaine de producteurs de jus de fruit qui veulent transformer leurs fruits en jus et nectars et élabore des recettes. « Chez nous cela semblait évident de soutenir un tel projet. C'est une démarche de bon sens et citoyenne. C'est toujours plus écologique de réutiliser que de recycler. Historiquement, on lavait nos bouteilles avec notre laveuse. Il fallait investir dans un nouvel outil de lavage pour être aux normes européennes. Nous avons fait le choix de privilégier la transformation de jus de fruits. Nous avons partagé notre réseau de contacts de producteurs et de points de vente avec l'association. Nous faisons laver 20.000 bouteilles par an. Le coût de la prestation est légèrement supérieur à une bouteille neuve en comptant la gestion de la logistique, l'adaptation, le lavage etc... Le camion récupère les bouteilles à laver et livre les bouteilles propres à la ferme bio et à l'épicerie Comme trois pommes de Portes-lès-Valence (Drôme). «Nos clients ramènent ensuite les bouteilles. Il n'y a pas de consignes monétaires», explique, Mary Margerie qui a repris l'entreprise familiale en 2019. Le domaine viticole Mayoussier dans le Royans (Drôme) a choisi ce service pour une raison citoyenne : «Je voulais changer les choses à mon échelle, réduire les déchets, faire bouger le monde du vin. Je fais laver 1000 bouteilles sur mes 12000 bouteilles produites. Les bouteilles sont récupérées chez le caviste, le point de collecte ou au domaine», assure Antoine Dépierre, créateur du domaine, créé en 2013. A la ferme laitière des Caillats (45 vaches laitières) à Saint-Jean-en-Royans (Drôme) on ne lave plus les bouteilles de lait au goupillon depuis juin 2020. Elisabeth et Claude Chaléon ont fait appel au service de lavage et collecte et s'en trouvent très contents : «Le coût du lavage est identique au coût de la bouteille. Les intérêts : gain de temps, pas de déchets et des consommateurs satisfaits. Tous nos contenants (yaourts, pots) sont en verre. On ne fait pas de consigne. Les clients ramènent leurs contenants à la ferme», conclue le couple.
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