Agora lance ses plateformes d’essais agroécogiques
Si le cap avait déjà amorcé les années précédentes, avec son retour sur Catenoy et une plateforme dédiée au bio, Agora assume son tournant agroécologique pour le plus grand intérêt de ses adhérents.
En témoignent les thèmes ciblés développés sur la plateforme. À côté des traditionnels essais variétés proposés, une partie des micro-parcelles était consacrée aux mélanges variétaux qui sont sans doute amenés à se développer. Il s’agit de mélanges de semences certifiées, trois ou quatre variétés de blé différentes. L’objectif est de réduire les IFT (indices de fréquence de traitement) en ayant des variétés tolérantes à la fusariose ou la septoriose ou, si le mélange comporte un blé améliorant, d’augmenter le taux de protéines de la récolte, jusqu’à 0,5 point.
Agora propose ainsi plusieurs mélanges à quatre variétés, chacune représentant un quart : Orloge + Winner + Complice + Absalon, Ghayta + Campesino + Mutic + Chevignon, Ghayta + Absalon + Mutic + Chevignon... Ce dernier sera commercialisé dès les semis 2021, avec une prime variétale à la livraison pour les adhérents qui achèteraient des semences certifiées.
Des melanges à trois variétés, sans Ghayta qui est un blé améliorant, sont testées à Catenoy sur le créneau sanitaire. Par exemple, Mutic + Chevignon + Absalon.
De nouvaux traitements de semences
Anticipant à terme la fin des traitements de semences ou la seule autorisation de traitements comptant zéro IFT, Agora explore de nouveaux procédés de traitement de semences expérimentés sur la plateforme. Le premier, Thermoseed, consiste à désinfecter les semences à la vapeur, à les sécher, les refroidir avant de les conditionner. Les grains sont ensuite semés sur la plateforme afin de mesurer la levée. Avec ce procédé, elle s’élève à 84 %, ce qui est satisfaisant.
Autre technologie, le traitement à l’ozone, développé avec des partenaires dont UniLaSalle Beauvais et sa plateforme O3. Les graines subissent d’abord un malaxage de différentes durées, de 4,2 minutes à 12 min. Avec une durée courte, on obtient une levée des graines à 81 % contre 86 % pour une durée plus longue. Un traitement à l’ozone est ensuite effectué, à des doses allant de 0,5 à 3 avec des levées notées à 88 % pour 0,5 et seulement 33 % à la dose 3. Manifestement, l’ozone est efficace à petite dose ! Enfin, dernier procédé testé, une bactérie intégrée autour de la semence grâce à un enrobage en sucre. L’objectif est que la bactérie entre en compétition avec les champignons du sol. La levée monte à 86 % et la bactérie libère en plus du phosphore, ce qui intéressant dans les sols faiblement pourvus. Une autre modalité sera testée sur la plateforme en 2021, l’utilisation du vinaigre, déjà homologué et comptant pour 0 IFT.
De même, toujours dans l’optique de la réduction de l’usage des phytosanitaires, Agora teste un insecticide à base d’extrait d’ortie, l’Urtibasic, en deux applications à 2 l/ha,qui a en plus un effet d’engrais foliaire. 2021 n’est pas une année à forte pression pucerons, il est difficile de se faire une idée de l’efficacité de ce produit, il faudra attendre la récolte.
Quatre variétés de blé en test
Sur la plateforme, quatre variétés prometteuses qui seront proposées aux adhérents :
- Autricum (Saaten) : bonnes résistances sanitaires, bon tallage, pour des premières et deuxièmes dates de semis, à éviter en blé de maïs et à tester en blé sur blé
- Garfield (Secobra) : gros tallage, premières dates de semis, bel aspect, à essayer en potentiel limité
- Sphère (KWS Momont) : un blé de maïs qui fait de la paille, bonne résistance maladies, à semer dru, c’est un blé d’éleveur
- Junior (Unisigma) : dans la suite de Fructidor, meilleur que Chevignon en 2020, premières dates de semis, blé passe-partout, bien en blé sur blé.
Thierry Dupont, président d’Agora
«Nos essais reflètent notre stratégie»
Avec notre retour à Catenoy et une nouvelle plateforme à Léglantiers, Agora a souhaité réduire les surfaces en expérimentation et cibler plus les essais pour répondre aux demandes de nos adhérents : un pôle céréales et agriculture raisonnée, un pôle Cive orienté vers la méthanisation, un dédié à l’agriculture de conservation des sols et un spécifique à l’agriculture biologique. L’agroécologie est clairement notre orientation et nous avons renforcé nos compétences en ce domaine.
Notre objectif est de préserver le revenu de nos adhérents et cela passe par des solutions combinatoires : moins de phytos, semis sous couvert, plantes compagnes, biocontrôles, avec l’aide de nouvelles technologies, afin de répondre aux enjeux auxquels l’agriculture doit répondre : revenu, effet sur le climat, biodiversité, intégration territoriale des modes de production... Les réponses à ces enjeux seront multiples et procèderont d’un équilibre à trouver. C’est l’objet de nos expérimentations qui doivent apporter des solutions concrètes à nos adhérents : agriculture de conservation des sols, colza bas carbone... Demain, la rémunération des agriculteurs se fera aussi par d’autres approches comme la valorisation des crédits carbone.
Et puis, tout simplement, à l’occasion de ces visites, quel plaisir de pouvoir enfin se retrouver, en respectant les gestes barrières bien sûr, autour de projets communs.
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