Alimentation durable et Ukraine au menu du G7 agricole
Les ministres de l'Agriculture des sept pays les plus industrialisés (G7) se sont réunis les 22 et 23 avril à Miyazaki (Japon) avec l'objectif de renforcer la coopération en matière de sécurité alimentaire et d'accroître la production mais aussi de soutenir l'agriculture ukrainienne.
«Nous nous engageons à promouvoir des politiques qui soutiennent une croissance durable de la productivité» afin de renforcer la sécurité alimentaire, indique le communiqué final des ministres de l'agriculture du G7 réunis à Miyazaki. Le choix du lieu n'est d'ailleurs pas anodin. En effet, la préfecture de Miyazaki est connue pour son élevage, ainsi que pour ses mangues de qualité supérieure. Son taux d'autosuffisance était, en 2019, le plus élevé de toutes les préfectures du Japon, selon les données du ministère de l'Agriculture.
Lors de cette réunion qui réunissaient les représentants du Japon, de la France, des États-Unis, du Royaume-Uni, de l'Allemagne, de l'Italie, du Canada et de l'Union européenne auxquels se sont joints quelques invités(*), le ministre français de l'Agriculture, Marc Fesneau, a insisté sur la nécessité de renforcer la sécurité alimentaire, affirmant que «l'agression illégale de la Russie avait montré que la nourriture pouvait devenir une arme.»
Cette guerre a provoqué «un choc sans précédent pour le système alimentaire mondial», ont convenu les ministres. Tetsuro Nomura, ministre japonais de l'Agriculture, des Forêts et de la Pêche, a déclaré que son pays soutiendrait la reconstruction des infrastructures d'irrigation et autres infrastructures connexes endommagées en Ukraine.
A l'issue de leur réunion les ministres ont appelé «à la prolongation, à la mise en oeuvre intégrale et à l'expansion» d'un accord crucial pour l'exportation des céréales ukrainiennes via la mer Noire. La Russie menace en effet de ne pas reconduire, le 18 mai prochain, l'accord sur le corridor maritime en Mer Noire. Moscou estime en effet qu'une «liste de demandes visant à faciliter ses propres exportations de céréales et d'engrais» n'a pas été satisfaite.
Autosuffisance alimentaire
Le G7 agricole a également adopté un plan d'action appelé "Actions de Miyazaki" afin d'accroître la production et d'assurer la durabilité de l'agriculture et des systèmes alimentaires. La crainte des pénuries alimentaires s'est en effet aggravée dans les pays en développement depuis le début du conflit russo-ukrainien. Des dizaines de pays connaissent une inflation à deux chiffres, tandis que 349 millions de personnes dans 79 pays sont en situation d'insécurité alimentaire aiguë, a de son côté alerté Qu Dongyu, directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), ajoutant que de nombreux pays identifiés comme des "points chauds de la faim" se trouvent en Afrique.
Il a proposé la mise en place de cinq actions. Pour aider ces pays, outre l'aide alimentaire indispensable, la ministre canadienne de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, Marie-Claude Bibeau a estimé que «l'innovation est sans aucun doute la clé pour nourrir une population croissante et le faire de manière durable», a-t-elle déclaré évoquant l'initiative canadienne dite des "clusters", qui forme des partenariats entre l'industrie agricole, le gouvernement et le monde universitaire, avec le soutien de l'État. Ce sujet parle particulièrement au Japon qui est pourtant un pays riche. En effet, pauvre en ressources et vieillissant rapidement, le Japon estime que l'augmentation de la productivité agricole est une question clé à laquelle il doit s'attaquer pour améliorer son taux d'autosuffisance alimentaire. Le Japon importe plus de 60 % des produits alimentaires qu'il consomme.
Cette réunion des ministres de l'Agriculture avait aussi vocation a préparer le prochain G7 qui se tiendra du 19 au 21 mai à Hiroshima. Le Japon assure la présidence tournante du G7 pour la première fois depuis 2016.
(*) Notamment le ministre ukrainien de la politique agraire et de l'alimentation, Mykola Solskyi, qui a assisté virtuellement à la réunion. Des représentants de l'Organisation internationale du travail et de l'Organisation de coopération et de développement économiques étaient aussi présents.
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