Arnaud Montebourg défend une agriculture moins productive
Ancien ministre du Redressement productif, l’ancien élu de Saône-et-Loire Arnaud Montebourg reste sensible à la question de la rémunération des agriculteurs, mais oriente, peut-être paradoxalement, sa vision du secteur agricole sur une productivité réduite, portée par le bio, l’agro-écologie et l’agriculture urbaine. Candidat à la primaire de la gauche, il porte des propositions en faveur de l’égalité des territoires.
«Le dogme ultra-concurrentiel et la production intensive en Europe ont détruit notre modèle agricole et laissé nos agriculteurs avec leur dette», regrette Arnaud Montebourg en introduction de la partie agricole de son programme électoral. Pour permettre aux producteurs de mieux vivre de leur métier, le candidat à la primaire de la gauche propose, par exemple, de compléter leurs revenus en généralisant l’activité de producteurs d’énergie (méthanisation, entre autres).
Il compte également réserver 80 % des marchés publics aux PME sur le sol national, ce qui concerne donc les producteurs agricoles, en réorganisant l’achat public «pour tirer pleinement parti des marges de manœuvre ouvertes par le droit existant», explique son programme. Cependant, l’essentiel de sa vision en matière agricole repose sur la recherche de valeur ajoutée à travers le bio et les circuits courts.
Consacrer 25% des surfaces au bio
Arnaud Montebourg souhaite ainsi atteindre 25 % de surfaces cultivées dédiées à l’agriculture biologique, «en soutenant leurs débouchés, notamment par la conversion des cantines scolaires en nourriture d’origine biologique», explique-t-il dans son manifeste sur l’écologie. La lutte contre les pesticides fait partie de ses combats, même s’il souhaite avant tout leur remplacement par des alternatives naturelles «dans tous les usages récréatifs ou d’agriculture à proximité des habitations».
Il compte également obtenir de Bruxelles «la possibilité d’interdire unilatéralement la commercialisation en France de tout produit contrevenant aux règles environnementales et sanitaires édictées par la représentation nationale, notamment ceux susceptibles de contenir des perturbateurs endocriniens ou de porter atteinte à la survie des pollinisateurs afin que le mieux-disant environnemental l’emporte sur les règles du marché commun».
Toujours dans cette optique de développer des modèles, Arnaud Montebourg a pour projet de reconvertir les friches industrielles en terres agricoles pour créer des emplois dans les villes. Une démarche qu’il associe à «l’agroécologie ou permaculture, technique de densification naturelle des cultures sur les petites surfaces économes en énergie et en mécanisation, qui permet d’obtenir des revenus suffisants pour une famille qui vit de son travail», explique-t-il dans son Discours sur la libération des Français (5 novembre 2016).
Ruralité et numérique
Arnaud Montebourg développe par ailleurs l’idée d’un plan d’investissement «de sortie de crise et de transformation écologique et numérique», soutenant également les circuits courts et les transports en commun. Un plan qui donne une large place au numérique, «afin de connecter plus vite les villages ruraux et de réduire la fracture technologique». Le candidat souhaite mettre en place une politique de grands travaux numériques «pour développer la numérisation des secteurs clés» dont la santé et l’agriculture.
Le candidat a pour objectif de relier tous les bassins de vie à la fibre optique ou à la 4G et de créer des espaces de télé-travail dans les villages ruraux. Une disposition qui sous-tend des investissements dans les transports collectifs «puisque les télé-travailleurs doivent être présents au moins un ou deux jours par semaine dans les locaux de l’entreprise», note-t-il. Pour les territoires les moins peuplés, une «garantie service public» sera mise en place : «chaque territoire correspondant à un bassin de vie aura le droit à la présence garantie d’un socle de services publics», indique-t-il. Il propose par ailleurs des «dispensaires du XXIe siècle» pour lutter contre les déserts médicaux avec des médecins volontaires salariés, secondés par des étudiants diplômés en médecine issus du service national, civil, militaire et humanitaire (qu’il veut mettre en place). Cette garantie service public sera confiée à l’Agence de lutte contre les fractures territoriales, créée à partir «d’outils et de fonds aujourd’hui disparates», précise le programme du candidat.
Note de la rédaction: primaire de la gauche
L’Oise Agricole est l’un des journaux de la presse agricole départementale ou régionale qui a souscrit à une démarche pack présidentiel. Après avoir traité la primaire de la droite et du centre en interviewant tous les candidats, ses rédacteurs souhaité réaliser le même exercice pour la primaire de la gauche. Les sept candidats ont donc été sollicités pour répondre aux questions.
En dehors de François de Rugy, qui y a répondu de vive voix, la plupart ont donné leur accord pour des réponses écrites, mais sans l’avoir fait, du moins au 16 janvier (voir en pages suivantes des extraits de programmes agricoles que certains candidats ont publiés). Le temps beaucoup plus réduit entre la diffusion de la liste définitive des candidats (mi-décembre) et le premier tour de l’élection le 22 janvier, sans compter les débats télévisés qu’ils avaient à préparer, explique sans doute ce peu d’empressement à répondre à des questions sur l’agriculture et la ruralité à destination d’un public qui, il faut également l’avouer, ne constitue pas le cœur de cible de leur électorat traditionnel.
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