L'Oise Agricole 25 mars 2022 a 11h00 | Par I.L.

Biodiversité : un chantier national à poursuivre

La secrétaire d’État à la biodiversité Bérangère Abba a présenté une version partielle de la future Stratégie nationale biodiversité 2030, dont l’élaboration se poursuivra après la présidentielle. Si l’approche n’est pas sectorielle, l’agriculture sera concernée par de nombreuses mesures, dont une protection renforcée des sols, mais également un chantier sur les subventions dommageables et la fiscalité pollueur-payeur.

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La Secrétaire d’État, Bérangère Abba, lors de la présentation de la Stratégie nationale biodiversité 2030.
La Secrétaire d’État, Bérangère Abba, lors de la présentation de la Stratégie nationale biodiversité 2030. - © Ministère de la Transition écologique

«Je partage avec les acteurs le sentiment que nous avions encore un peu de travail», a plaidé Bérangère Abba, devant la presse, le 15 mars, lors de la présentation de la Stratégie nationale biodiversité 2030. Car malgré dix-huit mois d’échanges au niveau local comme national, les associations avaient dénoncé en février l’empressement du gouvernement à publier la stratégie avant la présidentielle, estimant qu’elle n’était pas aboutie sur les indicateurs et les financements.

Le document présente le 15 mars et ses 72 mesures seront donc «amendés au lendemain de la Cop15 fin août», prévoit la secrétaire d’État, espérant mieux prendre en compte les indicateurs qui émergeront de ces négociations internationales. Mais les éléments du rapport de 68 pages transmis à la presse ont bien été «bleuis», c’est-à-dire validé par Matignon, a assuré la secrétaire d’État. De nombreuses pistes en sont encore cependant à l’état de brouillon politique, sans calendrier précis ni chiffrage.

Pour les premières mesures déployées dès 2022, afin de lutter contre les espèces envahissantes et l’artificialisation des sols ou restaurer des zones humides, la secrétaire d’État a rappelé avoir déjà obtenu 5 millions d’euros du fonds d’amorçage via la loi de finances 2022. Un montant bien inférieur aux 600 millions d’euros annoncés par Nicolas Hulot lors de la présentation de son plan biodiversité à l’été 2018. «Le plan Biodiversité de Nicolas Hulot était une annonce dans laquelle il agrégeait des budgets. Je peux le faire aussi en comptant le financement des Agences de l’eau, de l’OFB, et on est déjà bien au-delà des 600 millions», a déclaré Bérangère Abba.

Supprimer les aides «dommageables»

Parmi les mesures qui pourraient entraîner des changements profonds, le gouvernement indique sa volonté de «réformer les aides et dépenses publiques dommageables à la biodiversité pour supprimer leurs impacts dommageables». Un travail qui, précise la secrétaire d’État à la biodiversité Bérangère Abba, «sera à établir en concertation avec les différents acteurs, et en ligne avec les travaux européens et internationaux».

«Nous avons aussi à aller beaucoup plus loin sur la fiscalité, notamment sur les principes pollueur-payeur et usager-payeur, pour être à la fois plus incitatifs, et mieux contraindre les atteintes à la biodiversité», a poursuivi la secrétaire d’État. Autant de chantiers qui bénéficieront des apports d’une mission conjointe entre le CGEDD et l’Inspection générale des finances, pour «agréger toutes les connaissances en termes d’expertises, de rapports, et de flux financiers liés à la biodiversité», rappelle Bérangère Abba.

Dans son objectif dédié à l’agroécologie, le document ne paraît cependant pas envisager de changement majeur de trajectoire. Plusieurs politiques et chantiers déjà en oeuvre sont cités, du Plan stratégique national à la rénovation de la HVE en passant par les paiements pour services environnementaux. Le plan évoque également un plan «Agroforesterie 2», sans doute pour prolonger le premier plan dévoilé par Stéphane Le Foll, et qui s’est achevé en 2020, sans que le bilan en soit tiré.

D’autres chantiers pourraient concerner plus ou moins directement l’agriculture. La volonté d’élaborer une stratégie nationale sur les sols, par exemple, pourrait faciliter la lutte contre l’artificialisation, mais aussi aboutir à «une liste rouge des espèces d’organismes du sol menacés». De même, le volet «lutte contre les pollutions», prévoit d’améliorer «les actions de police contre les pollutions et atteintes aux milieux», mais également de «renforcer l’évaluation réglementaire», notamment en y ajoutant une dimension plus forte en matière d’écologie.

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