L'Oise Agricole 30 mars 2017 a 08h00 | Par L'Oise Agricole

Blé: des débouchés dans les pays tiers à conforter

Pour fidéliser ses clients du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne, le blé français doit améliorer ses critères qualitatifs et être disponible en tout début de campagne.

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- © Stéphane Leitenberger

Comment le blé peut-il rebondir à l’export après la mauvaise récolte 2016 et les faibles disponibilités présentes sur le marché? C’est la question à laquelle a tenté de répondre le 22 mars, à Paris, France Export Céréales, au travers d’exemples pris dans le Maghreb et l’Afrique subsaharienne. Selon les prévisions de France AgriMer au 8 mars, la France devrait exporter vers les pays tiers durant la campagne 2016-2017 environ cinq millions de tonnes (Mt) de blé tendre.

Un résultat qui restera toutefois, s’il se confirme, largement inférieur à celui de la campagne précédente 12,6 Mt). «Il faudra récupérer nos parts de marchés dès la prochaine campagne», a lancé Jean-Pierre Langlois-Berthelot, président de France Export Céréales. Tout en prévenant: «Nos clients sont de plus en plus exigeants et dictent la qualité des blés que l’on doit produire.»

Troisième exportateur mondial de blé tendre derrière les Etats-Unis et le Canada, la France doit, en effet, faire face, depuis quelques années, à de dangereux compétiteurs d’Europe de l’Est et de la mer Noire. «La concurrence s’est affirmée et les besoins de nos clients ont évolué vers des blés plus qualitatifs. Notre offre doit s’adapter», a souligné Jean-François Lépy, directeur de Soufflet Négoce.

 

La France: pays du pain

De façon générale, la France obtient de bons résultats à l’export dans les pays où l’intervention publique est forte (Algérie, Egypte, Tunisie). L’exemple de l’Algérie, destination majeure et traditionnelle du blé français, est significatif. Nous devrions y placer entre 1,5 et 1,7 Mt sur la campagne en cours alors que les volumes exportés atteignent habituellement les 4 à 5 Mt.

Ce sont les blés allemands, lettons, polonais, et même suédois, qui remplacent l’origine française. «Un ebrèche est créée. Il faudra vite la colmater», a prévenu Roland Guiragossian, responsable des bureaux du Caire et d’Alger de France Export Céréales.

La situation en Afrique subsaharienne est également préoccupante.La France y exporte chaque année entre 2 et 2,2 Mt. Au rythme des expéditions de la campagne en cours, on en sera loin, «aux alentours de 1,2 Mt», a précisé Yann Lebeau, responsable du bureau de Casablanca de France Export Céréales.

La baisse de la production française, conjuguée à la compétitivité du prix des blés russes, explique le recul de nos parts de marché. Mais, pour Yann Lebeau, il ne s’agit pas d’être alarmiste pour l’avenir, mais plus réactif. «Depuis des années, nos opérateurs attendent janvier pour commencer à exporter, a-t-il regretté. Il faut débuter les mises en marché dès septembre, sous peine de passer après d’autres origine.»

La France est souvent identifiée comme «le pays du pain». Un argument de poids pour les pays de la rive sud de la Méditerranée, où la consommation de pain par habitant est parfois le triple de celle de l’Hexagone. Des pays qui achètent également une production homogène et régulière grâce au travail de l’ensemble de la filière, ainsi qu’un réseau logistique performant.

Mais les importateurs réclament aussi de la protéine. Force est de constater que le blé français pêche toujours à ce niveau-là. L’effritement constaté ces dernières années est une menace contre laquelle la filière céréales a décidé d’agir en mettant en place en 2014 un «Plan protéines».

Mais ce plan devrait au mieux porter ses fruits à l’horizon 2020.

 

Maîtriser la teneur en protéines

D’autant que persiste la «difficulté» à mobiliser les agriculteurs autou rde cette notion, si celle-ci n’est pas mieux rémunérée. Jean-Paul Bordes, directeur Recherche et Développement d’Arvalis-Institut du végétal, se veut toutefois confiant. «Pour maîtriser la teneur en protéines, il faut composer un itinéraire technique combinant variété, dose d’azote, fractionnement et conditions d’applications», a-t-il expliqué.

Dans la même idée, Arvalis poursuit son implication dans la diffusion d’outils d’aide à la décision, et notamment ceux de pilotage, dans le but de s’approcher de la dose optimale d’azote en préservant la production et en réduisant les risques pour l’environnement.

Près de 20% des surfaces en blé tendre, soit environ 1 million d’hectares, sont déjà concernés. L’Institut vise aussi à renforcer l’inscription de variétés à forte efficience de l’azote pour le rendement et la teneur en protéines. Par ailleurs, de nouveaux axes de recherche sont en cours. La méthode du bilan prévisionnel utilisée depuis les années 1980 pour le calcul de la fertilisation azotée pourrait laisser place à une nouvelle approche par modélisation qui, selon Jean-Paul Bordes, «permettra demain de s’affranchir de l’objectif calculé de rendement».

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