Bulgarie, trouver une nouvelle voie
Pays le plus pauvre d'Europe la Bulgarie est à la recherche d'une identité et d'une stabilité économique. Lorsque l'on demande à un bulgare la principale date de l'histoire de son pays, il vous répond la libération du joug turc des 600 années d'occupation par le tsar russe en 1876 ; et non pas la fin de la seconde guerre mondiale, ou la fin du communisme.
Encore très reconnaissant et très proche de l'ex-grand frère russe, il en dépend pour son approvisionnement énergétique et de nombreuses ressources. Une partie de la population vie sous le seuil de pauvreté et de nutrition. L'agriculture est en priorité de subsistance avec quelques grosses exportations céréalières qui exportent via les ports de Varna et Bourgas sur la mer noire.
À 31 ans, Peter a déjà un sacré passé et un sacré caractère. Jeune agriculteur et président du CNJA bulgare, il se bat au quotidien pour son métier et pour l'agriculture. Peter a deux ans quand le régime soviétique vacille. Ilia, son père récupère deux années plus tard, une partie de la ferme familiale qui appartenait à son grand père, maire du village, confisquée par les communistes en 1945. Il ne connait rien aux pratiques agricoles mais garde précieusement la ferme retrouvée d'un hectare et une vache. Cela ne suffit pas, la petite famille n'a pas d'autres choix que de trouver une autre source de revenu pour survivre. Les parents créent une entreprise de transport. Tous les bénéfices sont investis dans la ferme qui progressivement s'agrandit. Elle devient trente hectares et vingt vaches. C'est le cadeau d'anniversaire de Peter pour ses 18 ans. Lui qui rêvait d'être paysan se retrouve devant ses responsabilités.
Retour à la case départ
Sa joie est de courte durée. Dans l'année qui suit, l'entreprise parentale dépose le bilan. Pour faire face aux banquiers et au recouvrement des créances, Peter doit vendre le matériel et le cheptel et louer la ferme. Comme beaucoup de jeunes bulgares, il s'expatrie pour vendre sa force de travail en Irlande, Pays-Bas, Danemark puis en Allemagne.
Il n'oublie pas son pays. Ses retours sont faits pour peaufiner un projet familial, redonnant de la fierté à tout le monde. La famille se soude. Elle économise Lev après Lev pour racheter des animaux, des outils et de la terre. Le sol est rocailleux ne permettant aucune culture. Progressivement les hectares sont repris, le cheptel reconstitué. Il faut absolument trouver des débouchés récurrents pour faire vivre trois personnes. Outre la production de lait et de viande, de nouvelles diversifications sont créés dans le tourisme avec trois gites et un restaurant puis dans la vente directe de produits transformés sur place, enfin dans des visites pédagogiques pour scolaires et étudiants.
Y croire au quotidien
La famille n'est pas riche. Elle développe un art de vivre et de produire. Ilia s'occupe des élevages ovin, bovin et volailles. Passionné par la génétique, il présente une variété impressionnante de volailles de plus de trente espèces. Les races bovines sont elles aussi très variées pour équilibrer le lait et la viande. Les moutons, sous la garde des fameux chiens de race karakachan, parcourent les 75 hectares de friches et de bois. Ilia a aussi en charge d'élaborer le fromage.
Peter s'occupe de la réception des hôtes et de l'artisanat. En costume local, elle accueille des touristes locaux et étrangers. La langue anglaise lui est familière. Un plus considérable. La visite de la splendide église orthodoxe qui jouxte le gite se termine au coin du feu de bois avec quelques spécialités locales.
Peter, lui, court. Entre la tenue des gites, les parcours de randonnée, l'entretien des miradors pour l'observation des animaux, la fabrication de la charcuterie et les livraisons, il lui reste bien peu de temps dont une grande partie sera consacrée au syndicalisme.
Président des JA
Depuis 3 ans, il est président des Jeunes Agriculteurs. Une fonction qu'il adore mais qui commence à le fatiguer. «Après la période communiste, les bulgares ne veulent plus entendre d'actions collectives. C'est très difficile de mobiliser pour faire entendre notre voix. Nos adhérents viennent en général pour les subventions et ensuite on ne les voit plus». Il rêve d'une force comme notre CNJA qu'il connait bien. Qu'importe après le découragement, il y a toujours une petite voix pour relancer l'envie d'aider les autres. L'un de ses prochains défis sera aussi de pouvoir retenir dans sa ferme une compagne qui accepte un certain isolement et un travail harassant.
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