L'Oise Agricole 17 décembre 2021 a 15h00 | Par Nathalie Frauciel, Clélia Chevalier

Conditions de travail : de «bonnes» conditions selon les exploitants

Dans le cadre de la neuvième campagne de Gestion prévisionnelle des emplois (GPE), une enquête concernant les conditions de travail en l’agriculture s’est déroulée au cours de l’année 2020. La qualité et la quantité des données récoltées au niveau national ont contribué à l’élaboration d’un webinaire par la FNSEA sur les conditions de travail en agriculture le 19 octobre 2021 avec notamment la participation de la MSA, de l’Association nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) et de la Direction de l’animation des recherches des études statistiques (Darès).

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Schéma représentant les mesures mises en place pour améliorer la qualité de vie au travail des salariés (au niveau national).
Schéma représentant les mesures mises en place pour améliorer la qualité de vie au travail des salariés (au niveau national). - © FNSEA

Les objectifs de l’enquête GPE 9 étaient de qualifier les conditions de travail des exploitants et salariés agricoles, évaluer les différentes contraintes auxquelles ils sont confrontés, apprécier les différentes mesures mises en place par les chefs d’exploitation et mesurer l’accompagnement sur ces questions par les différents organismes.

Pour cela, en France, douze régions ont participé avec 4.750 exploitants interrogés dont 73 % d’employeurs. En Hauts-de-France, 282 exploitants ont été interrogés, dont 71 % sont employeurs. En moyenne, 56 enquêtes ont été administrées par département.

Dans notre région, les exploitants interrogés jugent bonnes leurs propres conditions de travail. Sur une échelle de 1 à 10, les employeurs de la région attribuent la de 6,4 qui est aussi la moyenne nationale. Cette note évolue en fonction des filières allant de 5,7 pour les éleveurs bovins lait à 6,5 pour les éleveurs porcins-volailles. Malgré cela, 39 % d’entre eux estiment que leurs conditions de travail se sont dégradées au cours des dernières années. C’est particulièrement significatif sur la filière grande culture avec 44 % des exploitants interrogés.

Pour les salariés ayant répondu à l’enquête, ils jugent encore meilleures leurs conditions de travail puisque la note moyenne est de 7,8 et plus et les trois-quarts d’entre eux indiquent que leurs conditions de travail sont restées inchangées ou se sont améliorées.

81 % des exploitants des Hauts-de-France se disent satisfaits de leur travail actuel dont 19 % se disent très satisfaits. C’est dans la filière porcine-volaille que le taux de satisfaction est plus important avec 93 %. Au niveau national, 84 % sont satisfaits dont 20 % très satisfaits. Le principal facteur impactant les conditions de travail des exploitants reste les conditions météorologiques pour 26 % d’entre eux suivi de près par les horaires et l’amplitude de travail et dans un troisième temps les aspects administratifs et réglementaires.

Rythme de travail en Hauts-de-France

Concernant le rythme de travail des exploitants, le nombre d’heures moyen par semaine qu’indiquent travailler les exploitants en période normale est de 51 heures et il est de 72 heures pour les périodes avec un pic d’activité. 98 % des exploitants qui ont répondu au questionnaire déclarent travailler régulièrement le samedi et 93 % le dimanche. De même, les deux tiers déclarent travailler régulièrement de nuit. Malgré des horaires de travail importants, 62 % des agriculteurs de notre région interrogés se disent satisfaits de leur équilibre vie privée-vie professionnelle. Une hétérogénéité des réponses s’observe en fonction des filières puisque seulement 44 % des éleveurs bovin lait se disent satisfaits contre 67 % des exploitants en polyculture-élevage.

Au niveau national, les salariés interrogés indiquent travailler 35 heures en période normale et 45 heures en période de forte d’activité. Pour les salariés en Hauts-de-France, le nombre d’heures moyen par semaine en période normale est de 37,5 heures et 56,7 heures pour les semaines avec un pic d’activité. 15 % déclarent ne pas travailler le samedi et 43 % ne travaillent pas le dimanche. La moitié des salariés déclarent travailler de nuit. Seulement 8 % ne sont pas satisfait de leur équilibre vie privée/vie professionnelle.

Santé sécurité au travail

Concernant les accidents du travail, 21 % des exploitants dans les Hauts-de-France indiquent avoir déjà été concernés par un accident du travail. 7 % ont été concernés par une maladie professionnelle. 14 % des salariés de notre région déclarent un accident du travail et seulement 1 % ont été concernés par une maladie professionnelle.

Au niveau national, 17 % des salariés ont été confrontés à un accident du travail et seulement 3 % à une maladie professionnelle. Concernant la pénibilité physique du métier, les exploitants des Hauts-de-France donnent une note de 6,7 à la contrainte physique de leur métier, ce qui traduit une certaine dureté de celui-ci. Au vu des résultats de l’enquête, ils semblent plus concernés par les contacts de produits dangereux et le risque de blessures. De manière général, les exploitants semblent très concernés par les facteurs de pénibilité psychologiques. En effet, 94 % se disent concernés par le fait de penser à «trop de choses à la fois».

Concernant l’accompagnement sur les questions de santé et sécurité au travail, la majorité des exploitants interrogés ont bénéficié des conseils par au moins un organisme. Le réseau FNSEA est l’interlocuteur privilégié des exploitants pour bénéficier de ceux-ci. Les deux sujets majeurs qui ressortent sont le DUER dont 83 % déclarent qu’il existe sur leur exploitation et les EPI. Dans 96 % des établissements employeurs, les salariés ont accès à ceux-ci. Le respect des obligations légales est la principale motivation pour développer la prévention des risques professionnels. La performance de l’entreprise et le bien-être des salariés arrivent ensuite. Parmi la prévention des risques professionnels, 31 % des employeurs ont identifié au moins une situation de travail dangereuse au cours des 12 derniers mois parmi leurs salariés alors qu’au niveau national, il y en a 21 %. Cette identification est beaucoup plus présente dans la filière grandes cultures avec 34 % contre 13 % dans la filière bovin lait. Pour lutter contre le stress et le mal-être au travail, plus d’un tiers des employeurs interrogés ont mis en place une procédure au cours des trois dernières années, notamment l’aménagement des horaires et la modification de l’organisation du travail.

Une très grande majorité des employeurs déclarent que le climat social de leur établissement est bon et pratiquement la moitié d’entre eux ont mis en place des mesures pour améliorer la qualité de vie au travail des salariés.

La fréquence des différentes enquêtes que la FRSEA Hauts-de-France soumet aux employeurs permet, non seulement d’alimenter un observatoire national de l’emploi précis, mais aussi d’apporter des solutions aux problématiques futures. Deux sujets sont actuellement approfondis grâce à une enquête actuelle sur la problématique récurrente de l’emploi saisonnier et une autre à venir sur la fonction RH qui prend une place grandissante dans la stratégie d’entreprise ces dernières années. Nous vous remercions donc d’être les principaux acteurs de la réussite de ces études.

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