Conjoncture agricole juillet-août en Hauts-de-France
Point mensuel sur l’agriculture en Hauts-de-France par le service de la statistique agricole, Agreste.

Les craintes qui pointaient fin juin sur le potentiel de récolte de blé tendre dans l’hémisphère Nord se sont confirmées durant l’été au fur et à mesure de l’avancée des moissons. Outre un niveau de production européenne décevant dans les pays du Nord, la Russie et l’Ukraine constatent une baisse des volumes avec une qualité dégradée. Par ailleurs, l‘Australie connaît une sécheresse sévère à trois mois de la récolte.
En conséquence, la production mondiale de blé devrait atteindre son plus bas niveau depuis cinq ans, mettant fin à 3 années de forts surplus. Ce contexte est idéal pour une dynamique haussière des marchés des céréales. Ainsi le cours du blé (Fob Rouen A2) s’envole de façon spectaculaire, passant de 184 €/t le 12 juillet à 226 €/t le 7 août, soit une hausse de 23 % en 3 semaines.
Une moisson précoce, rapide et de qualité
Très précoce, la récolte régionale de blé tendre s’est déroulée entre le 5 et le 30 juillet. La production est estimée fin août 2018 à 6,82 millions de tonnes, en baisse de 4,6% par rapport à la récolte de 2017 et de 3,5% par rapport à la moyenne 2013-2017.
À 84 q/ha, le rendement moyen de cette campagne est proche de la moyenne décennale, mais en baisse de 3,3 % par rapport à 2017. La qualité par contre est très satisfaisante avec des teneurs en protéines supérieures à 12% et des PS remarquables, compris entre 76 et 80 kg/hl.
La production d’orges et escourgeons diminuerait de 7,4 % sur un an et de 3% par rapport à la moyenne 2013-2017. Les rendements d’orge d’hiver, autour de 77 q/ha sont décevants au regard du potentiel observé en juin. La production régionale est estimée à 0,83 millions de tonnes contre 0,98 en 2017.
La moisson d’orge de printemps serait meilleure avec des rendements autour de 73 q/ha. La baisse de la production des orges et escourgeons est elle aussi accentuée par une baisse de 2,3% des surfaces sur un an. Davantage que les céréales, le colza a fait les frais des mauvaises conditions météo de l’hiver et du printemps. Les rendements atteindraient 35 q/ha. La production de colza 2018 (0,57 millions de tonnes) diminuerait de 16,5 % sur un an.
Pomme de terre
Les conditions de sécheresse et de chaleur ont considérablement ralenti la croissance des tubercules et provoqué une sénescence précoce de certaines parcelles. Le retour des pluies à la mi-août permet un reverdissement de certaines parcelles qui s’accompagne parfois de repousses physiologiques, voir de rejumelage sur les parcelles les plus stressées.
Fin août , le rendement moyen est estimé en baisse de plus de 10 % par rapport à la moyenne quinquennale. L’écart de rendement entre les parcelles irriguées et celles conduites en sec est estimé à 14,5 t/ha en moyenne.
Viande bovine, un marché alangui par la chaleur
La baisse d’activité, observée habituellement en août, est ressentie cette année dès juillet avec les épisodes de canicule.
Jeunes bovins : l’offre peu importante permet de maintenir les prix dans un marché encombré par la baisse des exports.
Vaches allaitantes : la demande est en berne en juillet avec les fortes chaleurs. La reprise de l’activité à partir de la mi-août fait réagir à la hausse les cours.
Vaches laitières : la demande des industriels se fait au profit des animaux bien conformés avec des cours qui se maintiennent.
Pour le milieu de gamme délaissé, les prix s’orientent à la baisse.
Tendances en juillet-août 2018 :
Jeunes bovins (cat. U): stable
Vaches allaitantes (cat. R) : hausse
Vaches laitières (cat. P) : légère baisse.
Météorolgie exceptionnelle
Les conditions estivales du mois de juillet sont très marquées dans la région. La température moyenne est supérieure à la normale de 3,5°C à Amiens-Glisy et de 3,8°C à Lille-Lesquin avec des records relevés pour les minimums et les maximums. Les précipitations sont à nouveau très faibles en juillet avec 13,8 mm (déficit de 80%) à Lille-Lesquin et 15,8 mm (déficit de 72 %) à Amiens-Glisy.
L’ensoleillement de juillet est exceptionnel avec un surplus de 40 % de soleil sur la région. En août, la température moyenne est supérieure à la normale de 1°C avec 2 épisodes de chaleur, du 1er au 8 août et du 20 au 24 août. La pluviométrie du mois d’août est excédentaire sur la majeure partie de la région, sauf sur la partie Est de la région qui est restée peu arrosée.
Lait en progression malgré la sécheresse
Malgré la sécheresse, la production laitière sur le territoire régional s’affiche en légère progression par rapport au niveau de la campagne précédente. La hausse est de 1 % en juin et 2,2 % en juillet. En juillet 2018, le prix moyen du lait en région, toutes qualités confondues, progresse de 3,5 % sur 2 mois mais est en recul de 3,9 % sur un an, première baisse sensible observée depuis octobre 2016.
À l’échelle européenne, selon le Cniel, sur le second semestre, la production laitière devrait ralentir et conforter une hausse du prix du lait. Le prix de la poudre de lait en Europe reste stable, grevé par des stocks d’intervention toujours conséquents. Côté beurre, l’offre extérieure s’est accrue et freine l’ascension des cours qui s’affichent fin août inférieurs à ceux de 2017 à date.
Viande porcine, marché calme
Malgré une offre estivale plutôt réduite, le prix du porc est resté quasiment stable en juillet-août. La hausse consent à apparaître avec la pré-rentrée qui stimule l’activité. Le cours s’affiche fin août à 1,46 €/kg, soit en baisse de 9 % par rapport à 2017 et de 11 % par rapport à la moyenne quinquennale. Cette faiblesse du niveau des cours intervient dans un contexte de hausse de cours des aliments.
En Europe, les pays du nord connaissent le même scénario avec cependant une reprise des cours plus marquée en août. En France les exportations du premier semestre s’élèvent à 243.000 tonnes, en hausse de 5,6 % par rapport à 2017. Un premier cas de peste porcine est signalé en Chine fin juillet, alors que l’épidémie s’étend en Roumanie et gagne l’est de la Bulgarie fin août.
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