L'Oise Agricole 17 août 2022 a 10h00 | Par Anaïs Lévêque

Des fleurs locales et de saison, vendues en circuits courts

Émergente, la filière française des fleurs coupées attire de plus en plus d'adeptes. Rencontre avec Sarah Bradley, jeune floricultrice installée à Silhac (Ardèche), dont la production est vendue en direct et à des fleuristes de proximité.

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Installée depuis septembre 2020, Sarah Bradley produit diverses variétés traditionnelles de fleurs, d'autres plus désuètes ou originales.
Installée depuis septembre 2020, Sarah Bradley produit diverses variétés traditionnelles de fleurs, d'autres plus désuètes ou originales. - © AAA07

Originaire des Vosges, Sarah Bradley s'est orientée vers la production de fleurs coupées après avoir travaillé dans la régie son de spectacles de théâtre et de cirque, puis durant une petite année dans la culture maraîchère bio au jardin des Cèdres à Silhac (Ardèche). «J'ai toujours aimé les fleurs, leurs couleurs, mais je n'en faisais pas une vocation jusqu'à ce que je travaille la terre. Le maraîchage me plaisait, mais je préférais cultiver des fleurs pour le côté créatif. J'y retrouve un peu tout ce que j'aime : la nature, les couleurs et, avec les circuits courts, le fait de participer à la vie d'un territoire», retrace la jeune floricultrice.

Des variétés traditionnelles aux plus originales

Installée depuis septembre 2020 sous le nom Hanami, fleurs des monts d'Ardèche, Sarah Bradley loue un terrain au Jardin des Cèdres et produit des fleurs coupées sur une parcelle plein champ de 1.000 m2 et une serre de 100 m2. Parmi ses cultures figurent diverses variétés traditionnelles de fleurs, d'autres plus désuètes ou originales : renoncules, dauphinelles, giroflée d'été, tournesol, pois de senteur, muflier, clarkia, myosotis, grande camomille, pavot d'Islande, didiscus, oeillet chabaud, reine-marguerite, julienne des dames, nigelle, anémone, pivoine, benoîte... «Dans les fleurs, il faut toujours essayer d'aller chercher une variété que les gens n'ont pas trop l'habitude de voir, les surprendre, proposer autre chose que les formes classiques.» Pour les tulipes notamment, elle cultive plutôt des variétés doubles ou légèrement dentelées. D'autres fleurs sont privilégiées pour leurs qualités florales ou leur aspect décoratif.

Elle a également implanté divers buissons, haies et arbustes, reconnus pour leur floraison printanière afin de produire une gamme de feuillages : monnaie-du-pape, eucalyptus, laurier-tin, seringat, viorne de Chine... «Il faut compter trois ans au minimum pour qu'ils se tiennent bien et entrent en production, mais le feuillage est tout aussi important que les fleurs dans la conception d'un bouquet», indique-t-elle. «Les plantes aromatiques sont intéressantes aussi, en utilisant le feuillage et les fleurs de menthe des montagnes, menthe pomme, origan, népéta, agastache anisée...»

Des méthodes de culture encore peu documentées

Son année de travail en maraîchage lui a permis de se former au travail du sol, au montage des serres et à l'installation de l'irrigation. Elle a également suivi une formation en ligne sur la fleur coupée, proposée par la ferme florale américaine Floret Flowers. «Cela m'a donné de l'assurance et de l'encadrement pour m'organiser et passer la première année. On ne se rend pas forcément compte des besoins quand on s'installe, du budget, des tâches mensuelles, de l'importance d'anticiper les plannings de culture, de sélectionner les bonnes variétés», explique-t-elle. «Il n'y a pas beaucoup de livres explicatifs sur les méthodes de cultures de fleurs. Beaucoup d'ouvrages viennent des États-Unis ou d'Angleterre et sont traduits petit à petit. C'est une filière émergente en France que l'on essaye de relancer et de dynamiser.»

Dans cette optique, Sarah Bradley adhère au Collectif de la Fleur française qui regroupe de nombreux professionnels français et soutient leurs savoir-faire agricoles et artisanaux. Elle alterne les cultures de fleurs à cycle rapide ou plus long, des semis spontanés, pour s'assurer une diversité de productions au fil des saisons. Janvier s'affiche comme la période creuse dans la production de fleurs coupées. Les semis de plantes s'effectuent de février à mai, la pleine période de production entre mai et octobre. En mai, elle repique aussi une partie de ses semis en pots, proposés à la vente. Durant l'été, elle prépare toute une partie de ses fleurs destinées à être séchées, puis utilisées pour la confection de bouquets, couronnes et éléments de décoration préparés en fin d'année et vendus durant les marchés de Noël.

Une production bien valorisée

Face à un marché floral français essentiellement alimenté par les importations, Sarah Bradley s'oriente vers de la vente en circuits courts, auprès de fleuristes situés à Valence, et en direct sur le marché de Vernoux-en-Vivarais. Avec une autre floricultrice locale, elle vient d'ouvrir un point de vente en direct, La Droguerie, à Vernoux. Elle propose aussi des offres d'abonnement, qui s'étendent sur deux, quatre ou six mois, à diverses fréquences et pour différentes tailles de bouquets, à récupérer sur son point de vente. «Les fleurs n'arrêtent pas de fleurir donc il est important de sécuriser ses ventes en ayant plusieurs circuits et formules de vente et pouvoir les ajuster.»

Cette année, Sarah Bradley s'est d'ailleurs dotée d'une chambre froide pour conserver notamment les tulipes qui fleurissent rapidement et simultanément : elles sont coupées avec les bulbes, stockées au froid puis réhydratées un à deux jours avant leur mise en vente. En septembre prochain, la jeune floricultrice déménagera également sur un autre terrain à proximité de Vernoux pour développer et diversifier sa production sur une parcelle de 2.500 m2. «Actuellement, j'ai une trop petite surface pour pouvoir vivre de ma production mais je pense que c'est une filière rentable. Les fleurs se valorisent bien, d'autant plus quand elles sont locales et de saison !»

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