L'Oise Agricole 27 janvier 2024 a 07h00 | Par JJ

Ecophyto et intempéries irritent l’AGPB

Lors de ses voeux à la presse, l’AGPB est restée fermement opposée au plan Ecophyto 2030, en particulier à l’indicateur de suivi des produits phytosanitaires une nouvelle fois retenu, le Nodu. L’association s’inquiète par ailleurs des conséquences des intempéries.

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- © XN

«Nous sommes absolument opposés à la nouvelle stratégie d’Ecophyto 2030», a affirmé le président de l’AGPB Éric Thirouin à l’occasion d’une conférence de presse le 17 janvier. Selon M. Thirouin, la stratégie du gouvernement visant à réduire de 50 % l’usage des pesticides à l’horizon 2030 par rapport à la période 2015-2017, risque de mener l’agriculture française «droit dans le mur».

L’AGPB conteste en particulier l’indicateur – qu’elle qualifie de «loufoque» –, une nouvelle fois choisi par la France pour suivre le recours aux produits phytosanitaires, à savoir le Nodu pour Nombre de doses unités.

Calculé à partir des données de vente des distributeurs de ces produits, le Nodu «correspond à un nombre de traitements moyens appliqués annuellement sur l’ensemble des cultures, à l’échelle nationale», rappelle le ministère de l’Agriculture sur son site. «À partir du moment où l’on remplace un produit efficace, mais considéré comme nocif, par une solution moins efficace, nous sommes obligés de passer plus souvent dans les champs. Or, plusieurs passages impliquent une augmentation du Nodu, ce qui fausse les résultats», regrette le président de l’AGPB.


Un contexte climatique «morose»
«Depuis vingt ans, nous avons réduit de 46 % l’usage des substances actives, mais le Nodu ne le reflète pas. Aussi, utiliser cet indicateur crée une situation de distorsion de concurrence flagrante par rapport à nos voisins», dénonce Philippe Heusele, secrétaire général de l’AGPB. Pour rappel, l’Europe utilise un autre indicateur (HRI), soit l’indicateur de risque harmonisé qu’utilise la Commission européenne pour suivre les objectifs de réduction de l’utilisation des pesticides.


À ce titre, le président de l’AGPB précise qu’il appellera les céréaliers «à descendre dans la rue». Et ce, d’autant plus qu’il s’inquiète des propos de Benoît Vallet, auditionné en commission d’enquête sur les causes de l’incapacité de la France à atteindre les objectifs des plans successifs de maîtrise des impacts des produits phytosanitaires sur la santé humaine et environnementale.

M. Vallet recommande en effet la mise en place d’un registre – «diffusable» –visant à tracer les épandages de produits phytosanitaires au niveau de chaque parcelle. «Cela reviendrait à livrer les agriculteurs en pâture», s’alarme M. Thirouin. Pour l’heure, la loi impose aux agriculteurs de déclarer, dans un registre papier ou électronique, les traitements phytosanitaires à la parcelle, et de les conserver pendant au moins cinq ans. Or, cette période ne s’accorde pas au temps nécessaire à l’épidémiologie, selon le président de l’Anses.

Les griefs de l’AGPB s’inscrivent dans un contexte «morose» pour la filière avec, notamment, les intempéries qui touchent depuis deux mois la France. Le président de l’AGPB a estimé les surfaces de blé tendre non semées à environ 10 %. Et de s’inquiéter des semis effectués dans des «conditions exécrables», avec un risque de voir les levées «asphyxiées». «Il manquera près de 500 000 hectares de blé tendre pour la campagne 2024 par rapport aux années précédentes», a d’ores et déjà averti M. Thirouin, qui montre également du doigt la diminution des solutions de désherbage pour le blé tendre : «Nous nous attendons à une situation catastrophique au printemps, avec des agriculteurs qui pourraient renoncer à récolter», prévient d’ores et déjà le président de l’AGPB.

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