FNH veut réorienter les aides Pac vers la réduction des phytos
Dans un rapport publié le 9 février, la Fondation Nicolas Hulot (FNH) regrette que seul 1 % des aides à l’agriculture a «un effet positif sur la réduction de l’utilisation des pesticides». Elle demande une ré-orientation massive des aides Pac vers cet objectif. Un levier pour enrayer la «dualisation» de l’agriculture française, met en avant son rapport.
Pas moins de 23,2 milliards d’euros. Ce serait, selon les chiffres publiés par le cabinet d’étude Basic le 9 février à la demande de la Fondation Nicolas Hulot (FNH), le montant de l’ensemble des aides publiques annuelles au secteur agricole, aides et allégements fiscaux compris.
Se référant au rapport de France Stratégie de 2020 sur l’agroécologie, le Basic souligne ensuite que seul 1 % de ces aides, soit 220 millions d’euros, a «un effet positif sur la réduction de l’utilisation des pesticides». Le cabinet d’études retient uniquement parmi ces aides vertueuses les 200 millions d’euros de soutien à l’agriculture biologique, ainsi que les 20 millions d’euros dédiés aux Maec «rotation, limon profond, et grandes cultures en zones intermédiaires» comme aides aux effets «avérés». En revanche, juge le Basic, la conditionnalité «n’incite pas au changement de pratique», les mesures du paiement vert sont «trop laxistes», et le plan Ecophyto demeure «inefficace».
Le poids de l’échec
Pour Caroline Faraldo, responsable agriculture et alimentation au sein de la FNH, le poids de l’échec des politiques de réduction de pesticides «est trop souvent mis sur les épaules des agriculteurs alors que la responsabilité est du côté des pouvoirs publics, mais également de l’ensemble des acteurs du secteur».
La FNH demande, en conclusion du rapport, une réorientation des aides européennes, avec notamment «cinq fois plus de moyens» pour l’agriculture biologique, 40 % du premier pilier dédiés aux ecoschemes, et une bonification pour les jeunes agriculteurs s’installant en agroécologie. Côté fiscalité, qui pèserait près d’un tiers du total des aides décomptées par le Basic, la FNH défend également la mise en place d’un système de bonus-malus «sur le principe pollueur-payeur». «Ce n’est pas de plus d’argent dont on a besoin, mais de plus de conditionnalité. Si on ajoute le levier de la commande publique, on a tous les paramètres reunis», a résumé lui-même Nicolas Hulot.
Les phytos, symbole d’une dualisation
Dans une autre partie de l’étude, le Basic se penche sur les dépenses de produits phytosanitaires des exploitations agricoles, grâce aux données du Rica. Un exercice qui permet au bureau d’étude de déterminer trois types d’exploitations avec leurs Otex associées, des moins utilisatrices aux plus utilisatrices. Le cabinet observe un renforcement des disparités d’utilisation. La surface cultivée par les exploitations les plus utilisatrices aurait ainsi augmenté de 69 % entre 2008 et 2018. Et celle des exploitations les moins utilisatrices, de 11 %. C’est le groupe médian qui aurait fait les frais de ces deux dynamiques inverses, avec une surface en recul de 6 % sur la période étudiée. Étendant aux pesticides une analyse d’Agriculture Stratégies parue en 2019, le Basic voit alors dans ces chiffres «une dualisation de l’agriculture française et particulièrement en grandes cultures avec d’un côté une stratégie de «décommoditisation», et de l’autre un renforcement de la «vocation exportatrice». En conclusion, FNH recommande un meilleur ciblage des aides Pac vers «les exploitations faiblement à moyennement utilisatrices, qui représentent 91 % des exploitations agricoles».
Après le rapport de FNH, Julien Denormandie interpellé
Le rapport publié le 9 février par la Fondation Nicolas Hulot a suscité des réactions de deux types. D’une part, le syndicalisme agricole majoritaire a vivement réagi aux chiffres d’utilisation des phytos utilisés. «Ces chiffres caricaturent une réalité bien plus complexe», a estimé par exemple la FNSEA, dénonçant «une série d’affirmations à charge». Une émotion visiblement partagée par le ministre de l’Agriculture : «Arrêtons de faire croire que la transition n’est pas en cours ou que l’agriculture s’y opposerait ! C’est dégradant et c’est faux», s’est ému sur Twitter Julien Denormandie. Autant de critiques qui n’ont pas répondu à la question du fléchage des aides publiques posée par le rapport, regrette Caroline Faraldo, responsable agriculture et alimentation au sein de l’association : «Le PSN vient donner de l’argent public pour compenser les défauts du marché. Qu’on nous réponde : oui ou non, Julien Denormandie va-t-il travailler à un rééquilibrage des aides en faveur de la transition écologique ?»
D’autres types de réactions sont venues des parlementaires de l’opposition de gauche (socialistes ou écologistes), faisant écho aux demandes de FNH. «Dans le futur PSN, prévoyez-vous d’augmenter le budget destiné à rémunérer l’agriculture biologique, dont la performance économique, sociale et environnementale est aujourd’hui avérée ?», a par exemple demandé Joël Labbé, sénateur écologiste du Morbihan, lors des questions au gouvernement le 10 février. À cette question, Julien Denormandie a invité à «cesser d’opposer agriculture et environnement». Et de poursuivre : «Il faut arrêter d’être dans l’injonction vis-à-vis de personnes qui travaillent 55 heures par semaine pour nourrir le peuple français. Il faut avoir une ligne de conduite qui est claire : c’est la création de valeur.» Une réponse loin de satisfaire les auteurs du rapport.
Berel (55) | 20 février 2021 à 10:15:00
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