L'Oise Agricole 06 novembre 2025 a 09h00 | Par Christophe Soulard

FNSEA et JA au Sénat pour défendre la production et les revenus

Après avoir rencontré les députés le 24 septembre dernier, une délégation de la FNSEA et de Jeunes agriculteurs ont exposé leurs revendications aux sénateurs le 29 octobre au Palais du Luxembourg.

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Arnaud Rousseau a résumé : «Il faut conserver notre capacité de production pour préserver la souveraineté alimentaire.»
Arnaud Rousseau a résumé : «Il faut conserver notre capacité de production pour préserver la souveraineté alimentaire.» - © FNSEA

Alors que le débat parlementaire bat son plein sur les projets de loi de finances (PLF2026) et de financement de la Sécurité sociale (PLFSS2026), les deux syndicats agricoles ont rencontré un large parterre de sénateurs pour leur faire passer un message que le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a résumé : «Il nous faut conserver notre capacité de production pour préserver notre souveraineté alimentaire». Sur la base de cet objectif clair, il a constaté que la très grande majorité des productions françaises ne parvient plus à l’autosuffisance : «en lait, en porc, en viande bovine, en fruits et légumes…». Or, la crise devient structurelle et les agriculteurs ne comprennent pas le cap fixé pour l’agriculture. «Que veut faire le pays pour son agriculture ?», a interrogé Arnaud Rousseau, se faisant l’écho des in-compréhensions du terrain. Pour lui, il faut dépasser le discours de Rungis de 2017 et revenir à un choix simple : «Produire pour nourrir», en créant des «aménités positives» et surtout «du revenu».

«Taxe comportementale»

À la lecture des PLF2026, PLFSS2026 et des premières ébauches de la réforme de la Pac, cette reconquête de la production et du revenu semble au point mort, ont constaté les différents intervenants, pointant des contradictions et des dangers. La FNSEA et JA conviennent qu’un effort budgétaire est nécessaire. Sur le principe, réaliser une économie de 200 millions d’euros sur le budget du ministère de l’Agriculture s’inscrit dans cette démarche. Mais à condition que toutes les structures du ministère participent à cet effort et que ce dernier ne se «concentre pas uniquement sur la compétitivité et l’enseignement agricole», a averti Arnaud Rousseau. De même, s’est-il agacé du manque total de concertation («aucune consultation») sur le dossier de la fiscalisation des biocarburants éthanol (E85) et biodiesel (B100). «Qui peut accepter qu’ils soient soudainement taxés à 380 % pour le premier et 400 % pour le second ?» Le président s’est aussi insurgé sur la mise en place d’une «taxe comportementale» sur les bois-sons alcoolisées à la manière de ce qui a été effectué pour le tabac. «On voudrait tuer ce qui reste de viticulteurs qu’on ne s’y prendrait pas autrement», a dé-noncé Arnaud Rousseau, soulignant au passage que sans les viticulteurs, les feux de l’Aude (15 000 ha brûlés) auraient détruit au moins le double de surface.

«Des règles uniques»

La question de l’accès à l’eau reste un sujet épineux pour les deux syndicats agricoles. La décision de réduire les prélèvements d’eau de 30 à 40 % pour l’agriculture, notamment dans la Vienne, passe très mal. «Pas d’agriculture sans eau», a rappelé Arnaud Rousseau, quand le secrétaire général de JA, Quentin Le Guillous, a pointé «le risque de disparition des exploitations et de la filière semences dans la Vienne. Le stockage de l’eau est une nécessité». Pour eux, l’État doit avoir dans ce domaine une vraie politique ambitieuse. «D’au-tant que l’agriculture est d’intérêt général majeur et qu’il faut en profiter pour faire reconnaître son intérêt socio-économique», a rappelé Arnaud Rousseau. C’est aussi la vision de nombreux sénateurs, comme Laurent Duplomb, Franck Menonville ou encore Patrick Chauvet qui souhaitent que l’on mette en place des études d’impact en amont des décisions poli-tiques (taxes, normes, etc.). Il faut aussi «éviter d’être plus royaliste que le roi et de vouloir anticiper des directives qui ne sont pas encore appliquées», a ajouté Arnaud Rousseau, prenant l’exemple de la directive «taxe énergie» en préparation à Bruxelles. Il faut aussi de la «réciprocité», concernant les accords de libre-échange et «des règles uniques au sein de l’Union européenne» pour éviter les distorsions de concurrence qui pénalisent la France et la font décrocher sur les marchés internationaux.

C’est le message qu’avait fait passer quelques minutes plus tôt Laurent Duplomb alarmé par la chute de notre balance commerciale agroalimentaire : «Sur les sept premiers mois de l’année 2025, nous sommes descendus à 8 millions d’euros de bénéfice contre une moyenne de 4 mil-liards d'euros sur les dix dernières années. Dans le même temps, les Italiens ont un excédent de 8 Md€ et les Espagnols de 12 Md€», a-t-il observé. Le réarmement de l’agriculture française devient plus qu’urgent.

Matignon plaide pour une «Pac forte et équitable»

Dans un communiqué du 29 octobre, le Premier ministre Sébastien Lecornu est revenu sur sa rencontre avec le commissaire européen à l’Agriculture et à l’Alimentation. Christophe Hansen. Le chef du gouvernement a rappelé les «trois exigences clés pour la France». Tout d’abord «maintenir une Politique agricole commune (Pac) forte (…) dotée de moyens ambitieux pour soutenir pleine-ment les agriculteurs», avec l’objectif de «produire pour nourrir nos citoyens». Deuxième exigence : «La Pac doit rester commune : simplification des règles oui, mais sans créer de distorsions sur le marché intérieur ni affaiblir les standards européens», indique le communiqué. Comme troisième exigence, la France entend que Bruxelles mette en place des «règles justes» et réciproques et que les contrôles soient renforcés aux frontières. «Les agriculteurs français ne peuvent devenir la variable d’ajustement d’une concurrence accrue», insiste le gouvernement.

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