L'Oise Agricole 10 mars 2022 a 09h00 | Par Hervé Vaughan

Guerre en Ukraine : quels impacts sur l'économie régionale ?

En marge de la présentation des Rencontres régionales de l'économie lundi 28 février à Lille, les conséquences de la guerre en Ukraine sur l'économie régionale ont été esquissées. Si les opérateurs économiques les redoutent, ils veulent également se mobiliser fortement pour les populations civiles en danger.

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La guerre en Ukraine aura des conséquence sur l'économie régionale.
La guerre en Ukraine aura des conséquence sur l'économie régionale. - © Agence de presse

Pouvait-on parler d'économie, lundi, au siège de la Chambre de commerce et d'industrie des Hauts-de-France sans tenir compte de la guerre en Ukraine ? Certainement pas. Le premier conflit armé sur le sol européen depuis des décennies a fatalement déboulé sur le tapis lors de la présentation, à la presse, de l'édition 2021 des Rencontres régionales de l'économie intitulée «Reprise ou re-crise ?». Rencontres organisées conjointement par la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) Hauts-de-France, la Chambre des métiers et de l'artisanat (CMA), la Chambre d'agriculture des Hauts-de-France et la Banque de France.

Des poids différents

Si des échanges commerciaux existent entre les Hauts-de-France et les deux pays en guerre, ils semblent limités. Au total, un peu plus de 200 entreprises des Hauts-de-France commercent avec les deux belligérants. En pourcentage, l'Ukraine est le 43e pays d'exportation pour les Hauts-de-France (0,3 %) et le 51e pays d'importation pour notre région (0,2 %). Les chiffres sont plus conséquents pour la Russie, 13e pays d'exportation des produits made in Hauts-de-France (1,2 %) et le 11e pays d'importation (2,5 %). Mais cette moyenne basse cache de grandes disparités. Les échanges avec la Russie représentent 24 % des importations régionales de produits pétroliers, 28 % des importations régionales de houille et surtout 40 % des importations régionales d'hydrocarbures, même si ces derniers ne sont pas consommés uniquement ici.

Peu d'échanges agricoles

Dans le domaine agricole, le négoce entre ces deux pays et notre région représente moins de 2 % des échanges totaux, a rappelé Pascale Nempont, chef du service stratégie et prospective de la Chambre d'agriculture.

En revanche, la vigilance sera de mise sur le prix des engrais, fortement lié au prix du gaz qui sert à les fabriquer. Alors que ceux-ci avaient déjà fortement augmenté l'an passé. Ce n'est pas tout. 13 % de l'huile de tournesol importée dans la région vient d'Ukraine. Autre spécialité ukrainienne : les tourteaux de tournesol, pour l'alimentation du bétail. Là aussi, l'incertitude plane et le risque est grand de voir une pénurie s'installer.

Conséquences multiples

Les responsables des différents opérateurs économiques ont listé une série de conséquences que pourrait générer ce conflit armé. La première serait la remise en cause de projets de développement d'entreprises implantées dans ces pays.

Autres conséquences possibles : l'arrêt de production d'entreprises françaises installées en Russie ou en Ukraine, sans oublier la restriction des exportations et le risque financier et commercial lié à l'exclusion de banques russes du système bancaire Swift. Enfin, des hausses du prix du gaz et du pétrole, mais aussi du blé et du maïs semblent inéluctables. Pour mémoire, la Russie est le deuxième pays producteur de pétrole au monde. L'Europe y achète 25 % de son pétrole et 40 % de son gaz.

Dans le domaine agricole, c'est la même chose. En effet, Russie et Ukraine représentent, en cumulé, 29 % des exportations de blé dans le monde (17 % pour la Russie, 12 % pour l'Ukraine). Quant au maïs, là encore, les deux belligérants pèsent pour 25 à 30 % du commerce des quatre plus grands exportateurs dans le monde.

Attention au «choc de défiance»

Les responsables des chambres consulaires concluent : «Les conséquences pourraient se faire ressentir sur les entreprises régionales qui exportent vers ces deux pays ou qui y sont implantées avec une vigilance pour les secteurs de l'agro-alimentaire, de la chimie, des cosmétiques et des parfums.»

Cette guerre pourrait avoir, enfin, un impact sur le moral des consommateurs, instiller un doute sur l'avenir et réduire les velléités d'investissement des ménages. Plus que la hausse des matières premières, impossible quasiment à répercuter sur les factures, c'est surtout «ce choc de défiance» que redoute Laurent Rigaud, président de la Chambre de métiers et de l'artisanat, au nom des entreprises de proximité qu'il représente.

La Task force réactivée

Les responsables régionaux n'ont pas voulu rester dans le simple constat. Ils sont d'ores et déjà dans l'action, comme l'a rappelé Philippe Hourdain, président de la CCI Hauts-de-France : «À force d'être confrontés aux crises, nous avons développé un savoir-faire, une certaine agilité, acquise d'abord lors du Brexit, puis lors de la crise sanitaire.» La task force constituée lors des crises précédentes va être réactivée. Baptisée «task force spéciale Ukraine», elle va poursuivre deux missions. La première : contacter les entreprises impactées directement par le conflit pour qu'elles puissent faire remonter les problématiques auxquelles elles sont confrontées. Mais aussi leur faire connaître les aides dont elles pourraient bénéficier. Les mettre en garde, enfin, contre les cyber attaques.

La seconde mission est tournée vers le peuple ukrainien avec le lancement de l'opération «Solidarité Ukraine entreprises Hauts-de-France.» Une campagne de crowdfunding (financement participatif) va être mise en place pour permettre aux entreprises régionales de faire des dons financiers. De même, un questionnaire va être envoyé aux entreprises pour qu'elles puissent proposer différentes actions de solidarité (dons alimentaires, non alimentaires et services, etc.). Enfin, la CCI Hauts-de-France va mettre à disposition des locaux et des entrepôts, qui lui appartiennent, pour stocker les marchandises avant de travailler, avec des spécialistes, à leur envoi en Ukraine.

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