JA 60 croit en l’avenir du métier avec une adaptation au climat
JA 60 tenait son assemblée à l’Empreinte du Crédit agricole, à Beauvais, et entendait réaffirmer haut et fort ses convictions et sa foi en l’avenir du métier.
Dynamique et rondement menée, telle fut l’assemblée du syndicat jeune qui n’avait pas réuni ses troupes depuis deux années, la faute au Covid. Il y avait du plaisir à se retrouver ensemble, accueillis chaleureusement par Patrice Grégoire, président de la Caisse régionale Brie-Picardie, qui rappelait l’offre de la banque auprès des jeunes dans l’accompagnement de leurs projets et des défis de demain, transition énergétique et innovations.
Quentin Leguillou, secrétaire général adjoint JA national, partageait le ras-le-bol général des agriculteurs à propos des nombreuses réglementations qui fâchent : sur-transposition nationale de textes européens, chartes riverains cassées par le Conseil d’État, retour de la jachère dans la Pac 2023. Il insistait sur l’urgence à se saisir de la loi Egalim 2, victoire syndicale qu’il va falloir transformer en réalité pour les exploitants, plan stratégique national et sa volonté d’installation de jeunes. Enfin, l’agriculture de demain se construisant aujourd’hui, il appelait les jeunes de l’Oise et d’ailleurs à prendre en main leur destin et à s’impliquer fortement dans les projets agricoles locaux.
Soufflait ensuite un vent de fraîcheur avec un rapport d’activités sous forme d’une vidéo humoristique, parodie des Bodin, histoire de brosser les temps forts de l’année passée : actions ZNT, banderole déployée sur les grilles de la préfecture, Campagne en fête et garde à vue parisienne pour conclure une année particulière.
Faire face aux aléas climatiques
Tel était le thème de la table ronde qui a surtout, sous la houlette de Vincent Yver, animateur de l’exercice, abordé le sujet sous un angle très technique. Pour Denis Thierry, d’Arvalis-Institut du végétal, le changement climatique est déjà palpable : une hausse des températures et surtout des aléas plus nombreux avec des phénomènes extrêmes en températures, sécheresse ou précipitations. «Il est de plus en plus difficile de faire des prévisions météorologiques fiables, on constate beaucoup d’extrêmes depuis 10 ans. Avant, les rendements augmentaient mais, depuis quelques années, il s’agit plus de sécuriser la production en s’adaptant constamment aux conditions du moment. On recherche un itinéraire technique adapté, une génétique qui assure un niveau de rendement et plus de résilience. L’agriculteur doit également adapter sa fertilisation et sa lutte contre les bio-agresseurs en fonction des conditions climatiques.»
Arvalis développe ainsi des outils d’aide à la décision, par exemple Mileos en pomme de terre pour lutter contre le mildiou. Mais ces outils devront à terme être capables de mesurer aussi le développement racinaire des plantes afin de choisir les variétés les plus adaptées au contexte pédo-climatique. La fertilité du sol doit notamment être un point sur lequel l’exploitant doit travailler, de façon toujours plus précise.
Bruno Osson, de Semae (ex-Gnis), invitait les éleveurs à être autonomes dans l’alimentation de leur troupeau. «La polyculture-élevage est le meilleur système agro-écologique et le plus résilient face aux coups durs que peuvent être la sécheresse ou une fluctuation des cours des intrants. Vous devez prendre soin de vos prairies naturelles qui vous le rendront bien», lance-t-il. L’éleveur doit observer ses prairies, comprendre pourquoi elles se dégradent, adapter leur mode d’exploitation en fonction de la météo (pâture, fauche), bien raisonner sa fertilisation et ne pas hésiter à introduire de nouvelles espèces ou à aménager un chemin, un abri, une rangée d’arbres. Il rappelait l’existence d’une réglette prairies temporaires pour les gérer au mieux, la bonne performance de la betterave fourragère qui doit trouver sa place dans les assolements régionaux et l’intérêt des méteils pour lesquels une réglette est en cours de conception. Que ce soit pour les surfaces fourragères ou les cultures de vente, les deux conseillers insistent sur la nécessité d’augmenter le taux de matière organique, la couverture des sols.
Julien Degry, agriculteur, partageait son expérience et son changement de pratiques : plus d’herbe dans la ration des laitières, gestion des adventices par l’implantation de prairies temporaires... Avec son GIEE, il vise dorénavant une labellisation bas carbone. Les participants s’accordent pour miser sur la réintroduction des légumineuses dans les rotations, de nouvelles cultures pour plus de résilience. Des retours d’expériences sur plusieurs années permettront de proposer aux agriculteurs des démarches pour amortir les aléas climatiques. Le prix de l’adaptation constante.
Une nouvelle équipe
Dans son discours final, Gwenaëlle Desrumaux a insisté sur le plaisir de se retrouver enfin pour une assemblée générale après deux années difficiles à cause de la crise sanitaire. «Il a fallu s’adapter pour continuer à faire vivre le syndicat et cette crise a été le révélateur de l’importance de l’alimentation et donc de l’agriculture pour assurer la souveraineté alimentaire chère au Président Macron», a lancé la jeune présidente.
Mais la récente augmentation fulgurante des charges de production, engrais, carburants et aliments du bétail, et les négociations commerciales soumises à la loi Egalim 2 rappellent que les prix payés aux producteurs ne peuvent plus être la variable d’ajustement sur lesquels chaque maillon de la filière se refait une santé. «Les contrats viande sont une chance pour nous. Nous n’avons pas l’habitude, mais il va falloir nous les approprier», encourage-t-elle. Les manifestations dans les grandes surfaces vont dans ce sens, tout comme celles sur les ZNT. «L’agriculture est un secteur pourvoyeur d’emplois qui a de l’avenir, nous devons continuer à nous battre.» La défense syndicale, c’est l’affaire de tous et chacun peut donner un peu de son temps.
En attendant, pendant le huis clos de la matinée, de nouveaux administrateurs ont été élus qui vont poursuivre l’action de JA 60 (voir encadré ci-contre). Gwenaëlle Desrumaux a été reconduite à son poste de présidente de JA 60. Elle conduira les temps forts de 2022, notamment la Foire de Songeons en septembre et l’école des responsables qui reprend du service.
Aide à l’Ukraine
Les jeunes agriculteurs de l’Oise organise une collecte de biens de première nécessité pour subvenir aux besoins essentiels des familles touchées par le conflit en cours. Cette aide humanitaire risque de devoir hélas s’inscrire dans la durée. Pour l’acheminement nous sommes en contact avec La Croix Rouge.
- Couvertures chaudes, couvertures de survie, oreillers
- Savons, dentifrices, brosses, serviettes, essuie-tout, désinfectants, masques, produits bébé
- Batteries portatives, piles, bougies, lampes de poche
- Nourriture : eau, conserves, restauration rapide, pâtes, barres énergétiques, fruits secs
- Médicaments antiseptiques, antidouleurs, antibiotiques, pansements
- Vêtements
Merci de vous rapprocher de Lorine aux Jeunes Agriculteurs pour la collecte dans son bureau. Email : jeunesagriculteursdeloise@gmail.com ou tél : 07 84 40 49 25.
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