L’APCA propose de créer une Maec pour financer la transition agro-écologique
Considérant la transition agro-écologique des exploitations agricoles comme un projet d’entreprise à part entière, comme l’est l’installation d’un jeune agriculteur, les chambres d’agriculture sont favorables à la création d’une nouvelle Maec, intitulée Maec-Transformation.
Lors de la séance de l’académie de l’agriculture intitulée «Recherche appliquée en agriculture, innovations et transfert» le 13 novembre dernier, les intervenants n’ont pas manqué de souligner les difficultés rencontrées pour diffuser les technologies et les connaissances nécessaires pour tendre vers cette transition. Mais, force de propositions, ils ont présenté des leviers à actionner pour que les agriculteurs s’inscrivent pleinement dans cette transition. Selon Éric Collin, directeur des entreprises et du conseil à l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA), la transition agro-écologique doit être choisie et non pas subie pour être acceptée. La réforme de la Pac 2020-2026 est justement une opportunité pour structurer cette transition en redéployant une partie des aides du second pilier et en créant une nouvelle Maec dédiée. Cette dernière, intitulée Maec Transformation (Maec-T), s’inscrirait dans une logique de projet comme le sont actuellement les aides à des jeunes agriculteurs. Des fonds alloués cofinanceraient une partie des matériels à acquérir lors de l’installation et une dotation couvrirait les coûts des nouvelles pratiques culturales. Mais le règlement européen portant sur l’installation des jeunes agriculteurs devra pour cela être amendé afin de l’élargir.
Créer des passerelles entre chercheurs et agriculteurs
Pour Christian Huyghe, directeur scientifique Agriculture de l’Inra, la transition agro-écologique interroge sur les organisations et les partenariats pour que le transfert des innovations soit efficace. Sans intérêt et sans volonté, il est impossible de lever les inerties qui caractérisent toutes les organisations. Une demande sociale ou une nouvelle réglementation, par exemple, sont des leviers parmi d’autres pour susciter le transfert d’une technologie précise qui sans cela n’aurait présenté aucun intérêt. «Il faut aussi retravailler le conseil auprès des agriculteurs», souligne Éric Collin. Selon lui, le modèle de transfert en cascade - des instituts de recherche aux exploitations en passant par des fermes pilotes - des connaissances et des découvertes est parfois trop rigide. Les agriculteurs sont très bien formés et Internet leur offre le champ d’informations auquel a aussi accès l’ensemble des chercheurs. L’accent doit donc être mis sur l’intérêt que représentent ces innovations en créant des passerelles entre les instituts et les exploitations agricoles pour diffuser aisément les connaissances. Cependant, la transition agro-écologique des exploitations et les transferts de technologies qui en découlent, exigent une certaine stabilité économique et réglementaire. Le pas de temps technique n’est pas le pas de temps agronomique. «Il a fallu une génération pour maîtriser l’utilisation des produits phytosanitaires, il en faudra une autre pour en réduire l’emploi voire même pour s’en passer», explique Éric Collin. Si les fermes Dephys apportent des références pour réduire la consommation de produits phytosanitaires, les agriculteurs ont néanmoins besoin de temps pour les intégrer dans leurs pratiques culturales afin de ne pas mettre en danger leur exploitation. Enfin, la transition agro-écologique de l’agriculture française doit aussi associer les secteurs de l’aval et de l’amont afin qu’ils en comprennent les enjeux et les conséquences.
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