L'Oise Agricole 07 juin 2018 a 09h00 | Par Laurent Mingam

L’État a versé de l’huile sur le feu

Pour dénoncer les distorsions causées ou cautionnées par l’État, les FDSEA et Jeunes agriculteurs des 5 départements des Hauts-de-France appellent à bloquer les raffineries et dépôts de carburant, partout sur le territoire, notamment à Dunkerque.

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Dans l’Oise, la mobilisation a eu lieu à la station Total à Beauvais. Une quarantaine d’agriculteurs, venant de trois arrondissements (Clermont, Beauvais-Sud et Beauvais Nord), ont distribué plus de 800 tracts en 1 heure. La réaction des automobilistes est pratiquement unanime : la stupéfaction. (© Dorian Alinaghi)

À travers les raffineries, c’est l’État que la FNSEA et JA veulent viser. L’État qui accumule les incohérences en ce qui concerne l’agriculture, et en particulier l’autorisation accordée au groupe Total d’incorporer de l’huile de palme d’importation pour l’élaboration de biocarburants dans son usine de la Mède, près de Marseille. Et c’est là que l’hypocrisie vire au paroxysme : la France a organisé la Cop 21 sur la réduction des gaz à effet de serre ; les biocarburants contribuent à cet objectif, du moins les biocarburants tels qu’on les connaît jusqu’à présent. Entre la déforestation et la consommation de son acheminement sur place, nul ne comprend le sens écologique de cette orientation industrielle.

Victime directe, la filière colza, car quand on prend la calculatrice, le contingent que Total prévoit d’importer (300.000 t d’huile de palme) est du même ordre de grandeur que ce que l’on peut extraire de la production annuelle de colza dans la région Hauts-de-France. Si ce projet va à son terme, la filière n’aura d’autre choix que de réduire les surfaces. Victimes collatérales : les filières d’élevage. 300.000 t d’huile, c’est environ le double en tourteaux. Des tourteaux tracés, moins volatils que le soja, dont l’incorporation dans les rations ne cesse de croître, pour répondre à l’équilibre économique des exploitations et aux attentes de la société.

Dans un courrier adressé au ministre d’État Nicolas Hulot, le président du Conseil régional des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, s’est dit «inquiet pour les exploitations agricoles car c’est l’ensemble de la filière des oléoprotéagineux qui risque d’être déséquilibrée» par cette décision qui «menace une source importante de matière première utilisée comme pour l’alimentation animale». Et de demander enfin «que l’État, en concertation avec les industriels et la profession agricole, puisse trouver une solution qui allie indépendance énergétique et développement durable».

La démarche est la même sur tous les sujets : l’huile de palme chez Total, les substances de croissance animales et les distorsions phytosanitaires dans les échanges qui augmenteront dans le cadre des accords du Mercosur… L’État annonce vouloir renforcer l’agriculture en votant la loi Agriculture et alimentation, mais l’écartèle dans le même temps entre ses contraintes franco-françaises et la concurrence internationale accrue. «C’est un jeu de dupes», dénoncent Laurent Degenne, Jean-Christophe Rufin, Simon Ammeux et Édouard Brunet, responsables de FRSEA et JA Hauts-de-France, qui appellent à un mouvement collectif : «Ensemble, agriculteurs et consommateurs, refusons ce jeu de dupes dans lequel nous sommes tous trompés ! L’occasion de dire, une bonne fois pour toutes : choisissons l’agriculture française et donnons-lui toutes ses chances de continuer à progresser.»

Le pays raffiné en matière de distorsions

Alors que le projet de loi EGA acte certaines avancées, les contradictions du gouvernement s’accumulent. Comment maintenir nos modes de production et garantir une alimentation saine aux consommateurs, en laissant entrer sur nos marchés des marchandises avec des standards de production différents, voire inférieurs ? Comment être compétitifs alors que nos concurrents ne font pas face aux mêmes charges ? Comment assurer la pérennité de nos filières sans cohérence dans les actions du gouvernement ? Face à tant d’incohérences, les agriculteurs ressentent une profonde injustice et une grande frustration. Non seulement, ils se sentent floués, mais ils savent que la confiance des consommateurs aussi en est durablement altérée. Pour ces raisons et pour ne pas trahir l’esprit des EGA, nous devons nous mobiliser pour dire non aux distorsions de concurrence et à l’importation d’une agriculture dont nous ne voulons pas.

Retrouvez ci-dessous les modalités de mobilisation près de chez vous !

Les cinqs départements de la FRSEA Hauts-de-France et des JA Hauts-de-France se répartissent des tours de garde sur Dunkerque.

Les départements d’Île-de-France avec l’Oise et les autres départements limitrophes de l’Île-de-France se répartissent des tours de garde sur les dépôts franciliens.

La FDSEA et JA de l’Oise appellent à mobilisation : le dépôt de Gennevilliers prioritairement pour les SEA des arrondissements de Beauvais Sud et de Senlis. Le départ se fera exclusivement en covoiturage de nuit le dimanche 10 à lundi 11 juin. Le dépôt de Dunkerque est prioritairement dédié aux SEA des arrondissements de Beauvais Nord, Compiègne, Clermont. Le départ se fera le mercredi 13 juin en bus à la maison de l’agriculture à Beauvais à 4 h, à l’arrêt Hardivillers de Moyvillers à 4 h 40, à l’aire de covoiturage à 4 h 30 arrêt Roye (péage) à 5 h.

L’inscription se fait https://forms.office.com/Pages/ResponsePage.aspx?id=lXPa087yfEO7Wb4Ox_VDobcyezbXmoNKv7WWNOUhPQZUNVZDTFJTNEpRU1VHUVEwV1VVWDAzUFIyWi4u ou bien par téléphone au 03 44 11 44 15 ou par email à syndical@fdsea60.fr

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