«L’objectif premier : sécuriser le revenu des planteurs»
À 46 ans, Emmanuel Pigeon a été nommé directeur des Syndicats betteraviers de la région des Hauts-de-France le 1er janvier 2018. Il répond à nos questions.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Après des études à l’Ihedrea, j’ai été embauché en septembre 1997 à l’Union des syndicats agricoles de l’Aisne (USAA) en tant que conseiller sur l’arrondissement de Soissons.
En 2003, j’ai pris le poste de directeur de l’Adasea de l’Aisne et en même temps, de 2009 à 2010, j’étais directeur de l’Adasea de la Somme en remplacement de Philippe Jacques. En septembre 2011, j’ai rejoint les Syndicats betteraviers de l’Aisne, du Nord-Est, de l’Aube, et de l’Yonne en tant que directeur.
À l’occasion du départ en retraite d’Étienne Lenaerts après de nombreuses années au service des planteurs, la CGB a souhaité réorganiser les périmètres des directeurs régionaux afin qu’ils soient en phase avec le découpage administratif des nouvelles régions. L’objectif étant d’avoir une meilleure identification des syndicats betteraviers par rapport aux instances régionales.
Quel est votre rôle aujourd’hui ?
Avec la fin des quotas, le secteur betteravier a beaucoup bougé. La compétitivité est devenue impérative, il faut appréhender aussi pour l’ensemble de la filière l’allongement des durées de campagnes… Le rôle des Syndicats betteraviers des Hauts-de-France est et sera d’accompagner les planteurs dans toutes ces nouveautés. Bien entendu, toujours en lien avec l’ITB sur les aspects techniques.
Aujourd’hui, on entre dans une nouvelle ère, tant pour les planteurs que pour les syndicats betteraviers, qui doivent eux-aussi évoluer dans leur façon de travailler. Nous devons être toujours plus à l’écoute, répondre aux attentes des planteurs et les accompagner dans leurs évolutions.
Quelles sont les actions du syndicat betteravier dans cette nouvelle configuration de la filière ?
Les syndicats betteraviers sont les interlocuteurs de terrain des agriculteurs et des pouvoirs publics et nous devons renforcer cet aspect. Les réunions d’hiver que nous venons de terminer ont été l’occasion de tirer un bilan de cette première longue campagne betteravière sans quota.
Car, même si elle s’est globalement bien déroulée sur le plan agronomique, il y a néanmoins de nombreux questionnements de la part des planteurs sur le déroulement des longues campagnes. Nous devons échanger avec nos interlocuteurs dans les usines pour en tirer les enseignements et améliorer, de part et d’autre, les points qui le méritent pour les années à venir.
En parallèle, la CGB porte des dossiers nationaux sur plusieurs sujets importants pour défendre et garantir le revenu des planteurs exposés désormais à plus de volatilité.
Nous travaillons à de nouveaux outils de gestion des risques (marchés à terme, instruments de stabilisation de revenu, fiscalité agricole), mais aussi à un meilleur retour pour les planteurs des gains obtenus grâce à l’allongement des durées de campagne.
En effet, il faut mieux prendre en compte les contraintes liées à ces campagnes plus longues, notamment au niveau des premiers arrachages qui jouent sur le rendement et les derniers qui peuvent impacter les cultures suivantes.
Comment s’investit le syndicat betteravier durant la campagne pour accompagner les planteurs ?
Notre rôle est d’assurer un suivi des réceptions qui assure aux planteurs que les règles définies par l’interprofession sont bien respectées. On peut constater, cette année, que les réceptions se sont bien déroulées dans toutes les usines de la région. Nous allons également renforcer notre accompagnement des planteurs sur le suivi en plaine des enlèvements.
Nous avons proposé des services pour faciliter le bâchage via la vente de velcros, de sacs de lestage ou de panneaux. Mais au-delà, notre enjeu premier reste le revenu des planteurs et donc l’amélioration de leur compétitivité.
Pour cela, des formations qui s’appuient sur l’expertise de l’ITB font partie du panel de services que nous offrons à nos adhérents. L’optimisation des coûts de production est un enjeu majeur.
Pouvez-vous faire un point sur la campagne ?
La campagne s’est terminée avec d’excellents résultats avec + 10 % en moyenne, autour de 94-95 tonnes/ha. Les bonnes conditions climatiques, des semis précoces, des bonnes levées sauf dans certains secteurs, ont permis d’obtenir un très bon rendement, ce qui montre que la betterave garde des capacités d’adaptation et de résistance aux aléas climatiques. La recherche, la technicité, le réchauffement climatique sont des facteurs qui jouent dans les résultats.
Un mot sur la production d’éthanol ?
Le sans plomb 95 E 10 est devenue la première essence vendue cette année en France. Le ministère de la transition écologique et solidaire a publié vendredi 15 décembre 2017 un arrêté qui définit les conditions d’homologation des boîtiers flex-fuel permettant à des véhicules essence de rouler également avec ce carburant dès le printemps prochain.
Ce texte, très attendu des automobilistes et des professionnels, fixe un cadre règlementaire précis à l’installation des boîtiers homologués. Il permettra de démocratiser l’utilisation du superéthanol-E85 dans toute la France. C’est une bonne nouvelle pour la filière éthanol française et cela représente une part importante des débouchés de la production betteravière.
Les Hauts-de-France représentent 50 % de la production betteravière française
Les Hauts-de-France est la première région betteravière française avec 235 000 ha sur 475 000 pour les surfaces 2017 et 13 200 exploitations agricoles sur 26 000 planteurs de betteraves en France.
Surfaces betteravières 2017
Aisne : 70.200 ha (premier département)
Somme : 53.100 ha
Oise : 44.200 ha
Pas-de-Calais : 41.600 ha
Nord : 26.100 ha
Nombre de planteurs : Somme : 3.200, Pas-de-Calais : 3.200, Aisne : 2.600, Nord : 2.300, Oise : 1.900.
La région des Hauts-de-France compte 13.200 planteurs de betteraves, soit 50 % des planteurs français.
Sucreries : 10 sucreries dans la région des Hauts-de-France sur les 25 que compte la France métropolitaine.
Nord : 1 sucrerie à Escaudoeuvres (Tereos)
Pas-de-Calais : 3 sucreries à Attin, Boiry et Lillers (Tereos)
Aisne : 2 sucreries : Bucy-le-Long et Origny-Sainte-Benoîte (Tereos)
Oise : 1 sucrerie à Chevrières (Tereos)
Somme : 3 sucreries à Eppeville et Roye (Saint Louis Sucre) et Sainte-Émilie (Cristal Union).
La région des Hauts-de-France va produire en 2017 plus de 3,2 millions de tonnes de sucre soit presque la moitié de la production française.
La France est le premier producteur mondial de sucre de betteraves, la consommation de sucre dans l’Hexagone est stable depuis 50 ans avec 22 kg par an et par habitant.
(source : Syndicat betteravier)
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