Après avoir traversé une grave crise interne en 2020 qui a conduit au départ de la direction historique du groupe, Tereos a annoncé jeudi 1er juin des résultats économiques 2022-2023 (clos fin mars) particulièrement satisfaisants. La coopérative, présente dans les filières sucre, amidonne-rie, céréales, éthanol ou encore nutrition animale, a réalisé l'année dernière un chiffre d'affaires de 6,6 milliards d'EUR, en hausse de 29 %, et un résultat opérationnel (Ebitda) record de 664 MEUR, multi-plié par deux par rapport à l'an-née précédente. L'entreprise est également parvenue à considérablement réduire son endette-ment. La «dette structurelle» du groupe, qui s'élève à 1,4 MdEUR à la fin mars 2023, a baissé de 400 MEUR en seulement un an.

Hausse des prix

Selon le président du conseil d'administration Gérard Clay, ces bonnes performances sont à porter au crédit de la stratégie de relance engagée fin 2021. «Celle-ci commence à porter ses fruits et permettra à la coopérative d'atteindre ses objectifs de redressement dès 2024», s'est-il félicité. Chahuté par la fin des quotas sucriers et par une coûteuse poli-tique de diversification, le groupe a mené depuis deux ans une vigoureuse politique «d'optimisation» de son portefeuille, avec la cession de ses activités d'amidon en Chine et de sucre au Mozambique et en Roumanie, mais aussi en adaptant ses capacités industrielles en France à la baisse importante des surfaces de bette-raves «de 20 à 25 % en cinq ans», a rappelé Gérard Clay. Les dirigeants de Tereos ont récemment annoncé la fermeture des sites d'Escaudoeuvres dans le Nord et de Morains dans la Marne et la recherche d'un repreneur pour l'amidonnerie d'Haussimont (Marne). En parallèle, la coopérative, qui compte 43 sites industriels dans 15 pays, a engagé une stratégie commerciale volontariste privilégiant désormais «la valeur sur les volumes» et le développement de nouveaux produits, a annoncé l'équipe dirigeante. La coopérative originaire de l'Aisne a pris notamment position sur les cosmétiques à base de fibres alimentaires ou sur l'alimentation à base de plantes avec la marque «Ensemble». Les bonnes performances de l'entreprise ont été favorisées par la hausse des prix sur tous les segments (sucre, alcool, éthanol, pro-duits sucrants et électricité), stimulés par une demande désormais supérieure à l'offre. Tandis que les surfaces betteravières ont baissé en Europe de 4 % en 2021-2022, «le niveau de consommation du sucre est resté soutenu, conduisant à une augmentation très forte des prix, qui ont atteint 802 EUR la tonne en moyenne en février 2023», a expliqué Olivier Leducq, directeur Commerce de Tereos. Selon ce dernier, les cours du sucre devraient rester élevés en 2023-2024, en raison - notamment - d'un nouveau déficit de production au niveau mondial.

Une gouvernance «apaisée et sereine»

Les agriculteurs sociétaires ont commencé de leur côté à bénéficier du rétablissement de leur coopérative. Le prix de la betterave payé aux producteurs est ainsi passé de 30 EUR à plus de 41 EUR. «Nous avons également annoncé au cours de nos assemblées de région que nous renouerions dès 2024 avec une politique de distribution de dividendes aux coopérateurs en provenance de la diversification», a indiqué le président de Tereos. Les coopérateurs toucheront ainsi, en juin 2024, 2 EUR par part sociale. «C'est dire la confiance et l'optimisme que nous avons sur l'avenir de Tereos», a souligné Gérard Clay. La coopérative s'appuie enfin sur une nouvelle gouvernance «apaisée et sereine», mais aussi «plus opérationnelle et plus agile» selon son président. En juin 2022, Tereos s'est doté d'un organe de gestion de la coopérative sous la forme d'un conseil d'administration resserré de neuf membres, qui s'est récemment ouvert à une personnalité qualifiée, Thierry Billot, ancien du groupe Pernod Ricard et administrateur de Bel. Un conseil, com-posé de 18 coopérateurs, assure de son côté la gestion des activités liées aux cultures des adhérents. Tereos a enfin recruté il y a un mois un nouveau directeur général, Jorge Boucas, ex-Sodiaal. «Le groupe est allé chercher les talents là où ils se trouvaient et a rassemblé tous les courants pour le meilleur de la coopérative», s'est félicité Gérard Clay.Le groupe coopératif ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Ses dirigeants ont annoncé un train d'investissement de 150 MEUR sur les six prochaines années pour la modernisation des sites industriels - particulièrement les sucre-ries, doublé d'un programme de décarbonation de ses sites sucriers et amidonniers européens de 500 MEUR en huit ans, avec pour objectif une réduction de 50 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2032 (par rapport à 2022-2023).