Le biocontrôle devenu inévitable ?
Lors des neuvièmes rencontres du biocontrôle, l'Association française des entreprises de produits de biocontrôle (IBMA France) s'est notamment félicitée de la mise en place d'une première définition du biocontrôle dans un règlement européen.
Les agriculteurs ne vont pas vraiment avoir le choix : il leur faudra réduire encore leurs intrants pour répondre aux attentes des consommateurs qui ont relayé l'information auprès des politiques. C'est pourquoi ces derniers ont pris, au plan français et européen, des mesures par voie législative et réglementaire. C'est le cas de la directive sur l'utilisation durable des produits phytosanitaires, dite directive Sud que la Commission a proposé de réviser en juin 2022.
Sous l'appellation Sustainable use of pesticides reglementation (Directive Sur), elle doit permettre de réduire de 50 % le recours aux pesticides de synthèses et les risques associés. Mais aussi d'interdire l'usage des produits les plus dangereux, d'ici à 2030. C'est notamment à l'occasion de cette révision que la Commission a proposé une définition européenne du biocontrôle qui s'appuie sur celle écrite par la France en 2014 dans son Code rural (article 253-6 ndlr). «C'est une nouvelle voie pour le biocontrôle», a indiqué la directrice générale de l'alimentation, Maud Faipoux. Cependant, Céline Barthet, présidente d'IBMA France, regrette que la proposition européenne ne nomme pas clairement les substances d'origine minérale. Pour elle, il s'agit d'un point «à clarifier», même si elle s'y retrouve dans la proposition de définition européenne. «Elle est compatible avec le dispositif français», a-t-elle précisé.
Formation gratuite
La France semble d'ailleurs bien placée au sein de l'Union européenne sur ce dossier. Elle a publié une stratégie sur le biocontrôle en 2020 et le Plan France 2030 a débloqué une enveloppe de 60 millions d'euros (MEUR) sur six, soit une moyenne de 10 MEUR par an : 42 MEUR pour accélérer la recherche et l'innovation, grâce à la coopération d'acteurs publics et privés. À ces 42 MEUR, s'ajoutent 18 millions de fonds privés. L'objectif est également d'embarquer les nouvelles générations dans cette démarche, avec l'objectif de rendre plus attractif le métier. Il est aussi de former les utilisateurs, ainsi que les conseillers et formateurs. Ces derniers pourront d'ailleurs bénéficier de contenus digitaux de formation qui seront gratuitement mis à leur disposition «dans les prochains mois», a affirmé Céline Barthet. Xavier Buffo, viticulteur dans le Fronsac, a été précurseur du biocontrôle «dès 2010» notamment en utilisant des produits de confusion sexuelle. Il a pu ainsi réduire ses indicateurs de fréquence de traitements phytosanitaires (IFT) et les résidus qui y sont liés. «Oui, c'est efficace», a-t-il expliqué, rejoint en cela par de nombreux autres intervenants. D'ailleurs, une majorité a convenu qu'il était nécessaire de faire passer le message et pas seulement au sein de la profession. Car lorsqu'un agriculteur traite ses cultures, les voisins croient toujours que ce sont des produits conventionnels. «D'où la nécessité de discuter avec eux», a plaidé Jean-François Monod, agriculteur à Castelnaudary. «Ça passe par du storytelling», a lancé Jean-Marc Sanchez, directeur technique de Lallemend Plant Care. Enfin, le biocontrôle a un autre défi à relever : valoriser cette efficacité et l'ensemble des efforts et des investissements tout le long de la chaîne de valeur.
Un secteur en croissance
Le secteur du biocontrôle a atteint, en 2021, 13 % du marché de la protection des plantes contre 12 % en 2020. Le chiffre d'affaires global en France a augmenté, dans le même temps, de 16 %, atteignant 274 millions d'euros (MEUR). Les substances naturelles représentent 72 % des ventes, loin devant les médiateurs chimiques (12 %).
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