Le marché mondial des céréales reste dynamique
Pas moins de 186 millions de tonnes (Mt) de blé devraient exportées dans le monde en 2022-2023 malgré la guerre en Ukraine. Celle-ci n'est plus un facteur de déstabilisation des marchés.
La flambée des prix des céréales aura duré quelques mois, le temps nécessaire pour que les marchés retrouvent une certaine sérénité après avoir été pris dans la torpeur lorsque le conflit en Ukraine a éclaté. Au mois de mars 2022, près d'un tiers des exportations de blé était alors paralysé. Mais depuis la reconduction du corridor maritime sur la Mer Noire de l'automne dernier, les prix des grains ne cessent de diminuer. Le 18 janvier, la tonne de blé valait 288 EUR à Rouen, soit près de 75 EUR de moins qu'il y a trois mois. Surtout, son prix n'excède que 10 EUR à 15 EUR celui du 24 février 2022, date du début de la guerre en Ukraine. Les cours de l'orge et du maïs ont suivi la même tendance. En ce début d'année, tous les indicateurs sont passés au vert sur les marchés des céréales. Ces derniers sont approvisionnés par les millions de tonnes de blé russe invendues au cours de la première partie de la campagne de commercialisation et par la récolte australienne record (26,9 Mt).
Au total, 763 Mt de blé auront été produites dans le monde en 2022-2023. L'Ukraine est parvenue à engranger non pas 21 Mt, selon les prévisions du Conseil international des céréales (CIC) en décembre dernier, mais 25 Mt.
Aussi, les risques de pénurie se sont dissipés et les échanges commerciaux se sont réorganisés. Malgré le conflit en Ukraine, 186 Mt de blé (- 3 %) devraient être exportées durant la campagne 2022-2023. La Chine pourrait importer moins de grains (19 Mt de maïs, 8 Mt de blé) que l'an passé car ses récoltes sont bonnes. Par ailleurs, les prix du fret (baisse de l'indice baltique) et de l'énergie rendent dorénavant la navigation moins onéreuse.
La compétitivité retrouvée de la France
La France est particulièrement compétitive sur les marchés algérien et égyptien face à ses concurrents, l'Ukraine mise à part qui brade ses grains. L'euro réévalué par rapport au dollar américain (+ 12 c en quatre mois) rend les grains européens moins chers à l'achat. Notre pays a déjà exporté 10 Mt de blé dont 4,3 Mt en Égypte, en Algérie et au Maroc. Mais l'effet ciseaux prix-charges, tant redouté par les céréaliers, est en oeuvre avec, en perspective, une baisse de revenus en 2023. La récente diminution du prix du gaz devrait ne se répercuter sur les prix des engrais azotés qu'au cours du printemps prochain, voire l'été prochain. À condition, bien sûr, que cette baisse soit durable.
Sur la Mer Noire, le corridor maritime a contribué remettre en scelle l'Ukraine sur la scène internationale. Les trois quarts du blé et du maïs ont été expédiés par voie maritime. Le reste a été transporté par camions et par trains.
La sérénité géopolitique apportée par le corridor a aussi profité à la Russie. Depuis ses ports, ses exportations sont moins risquées. Le pays a même rattrapé le retard pris en début de campagne : 24 Mt de grains ont été expédiées contre 26 Mt en moyenne quinquennale. Pour autant, la Russie parviendra-t-elle à exporter les 42 Mt de blé annoncées par le CIC d'ici la fin du mois de juin ? Anticiper des stocks mondiaux de blé (275 Mt) et d'orges (26 Mt) en hausse en fin de campagne et une production potentielle de blé cette année juste inférieure d'1 % à celle de 2022, contribuent à stabiliser les marchés des grains. Pourtant, seuls 5,2 millions d'hectares (Mha) de blé ont été semés l'automne dernier en Ukraine, selon le CIC, soit 2,2 Mha en moins qu'en 2020. Au printemps, une partie des terres pourrait ne pas être cultivée. En 2023-2024, l'Ukraine sera moins présente sur les marchés mondiaux de céréales, mais cette nouvelle n'affole plus... pour le moment.
Une campagne céréalière «exceptionnelle» pour Le Havre et la Seine
Dans un communiqué de presse du 16 janvier, le complexe portuaire Haropa Port - qui regroupe les actifs portuaires du Havre, de Rouen et de la région parisienne depuis une fusion en 2021 -, a annoncé une hausse de son trafic de 2 % en 2022, à 85,1 Mt transportées à l'import comme à l'export. Les vracs solides représentent 14,2 Mt, soit une progression de 3 %, portés par une campagne céréalière «exceptionnelle» de 8,6 Mt, en hausse de 12 % en un an. «Le conflit en Ukraine a engendré une demande accrue et issue de pays rarement desservis ces dernières années, notamment au second semestre 2022, où 5 Mt ont été chargées, un record pour cette période de l'année», précise le communiqué de presse.
En 2023, le complexe Haropa Port dit vouloir «poursuivre ses investissements et sa transformation», en développant notamment «le premier écosystème industriel décarboné» mais aussi en «poursuivant la structuration de son corridor logistique multimodal», pour traiter les marchandises du monde entier jusqu'à l'Île-de-France, premier bassin de consommation national. L'année passée, l'entreprise a investi 555 MEUR à cette fin, dont 251 M de fonds publics et 304 M de fonds privés. À ce stade, elle ne connaît pas le montant précis des investissements pour 2023, précise-t-elle.
Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,