Le renouvellement des générations, un défi existentiel
Le renouvellement des générations est un enjeu clé pour l'agriculture française et régionale, confrontée au vieillissement de la population des chefs d'exploitation et à une diminution du nombre de candidats à l'installation. Les départs ne compensant pas les arrivées, le monde agricole des Hauts-de-France fait face à un défi démographique.
La profession agricole est fortement marquée par les différentes crises et le dérèglement climatique. Mais pas que... D'ici dix ans, un agriculteur sur deux prendra sa retraite. Dès lors, le Conseil régional a décidé d'organiser le 1er juillet les états généraux du renouvellement des générations et dispose d'une politique ambitieuse en matière de renouvellement des générations.
La Région Hauts-de-France est l'une des premières régions agricoles de France et également l'une des plus jeunes. La Région s'est fixée comme objectif d'encourager les jeunes à s'installer au sein d'une exploitation agricole. Pour les accompagner dans leurs projets, différentes aides ont été mise en place. «Plus de la moitié des dirigeants des exploitations ont plus de 50 ans contre 35 % qui ont moins de quarante ans et 8 % seulement ont moins 30 ans», s'alarme Marie-Sophie Lesne, vice-présidente des Hauts-de-France à l'agriculture, l'agroalimentaire et la bio-éonomie. Qui plus est, le contexte géopolitique actuel fragilise le système agroalimentaire mondial.
Le renouvellement des générations devient la pierre angulaire pour atteindre l'objectif de la souveraineté alimentaire. Cette crise montre la nécessité de mettre en place des systèmes de production plus résilients et d'une agriculture forte et solide dans les Hauts-de-France. Cependant, «le déclin de la population agricole est important, particulièrement en élevage. Cette filière est souvent en difficulté, même si elle représente une part importante de notre agriculture. En moyenne, le nombre d'exploitation avec un atelier d'élevage a baissé de 30 % en dix ans (2010-2020). Il est donc impératif que les Hauts-de-France agissent pour le renouvellement des générations. Il faut contribuer à la sécurité alimentaire dans notre région ainsi que préserver et maintenir le modèle d'exploitation et le lien de proximité entre les agriculteurs et les citoyens», poursuit la vice-présidente.
Le recensement agricole 2020 confirme cette chute. Depuis 50 ans, le nombre d'exploitations a été divisé par trois. En 10 ans, la région a perdu 3.800 exploitations agricoles. Au niveau national, un chef d'exploitation sur trois cesse son activité avant 55 ans. Les éleveurs et les maraîchers sont les plus touchés par les départs précoces. En 2020-2021, il y a eu 1.718 porteurs de projet en Hauts-de-France. Avec un âge moyen de 31 ans, 34 % sont des femmes et 66 % des hommes.
La Safer, dont l'une des missions est de veiller à l'installation de jeunes agriculteurs, identifie de nombreux freins. Dans un contexte difficile, «la plupart des cédants recherchent un arrêt rapide de leur activité. Il est ainsi à la fois plus facile, plus rapide et plus rentable pour eux de se tourner vers un voisin que d'accueillir un jeune inconnu. Les repreneurs, eux, sont à la recherche de gains de productivité, passant par l'agrandissement. La poursuite à l'excès d'un modèle à bout de souffle (la diminution des coûts de production) semble la seule solution pour beaucoup», explique Florentin Kempeneers, conseiller à la Safer.
De plus, de nouveaux agriculteurs qui ne sont pas issus du monde agricole se trouvent confrontés à des difficultés supplémentaires : «méconnaissance du système, absence de relation, crédibilité vis-à-vis du cédant ou du propriétaire».
Malgré toutes les palettes et dispositifs (cf : encadrés), cela n'est pas encore suffisant. Sur les 6.500 installés depuis 2015, seul 1/3 d'entre eux ont bénéficié d'une dotation à l'installation, que ce soit la DJA ou l'Arsi. «Nous devons donc relever le défi de renouvellement des générations. Cette problématique doit demeurer et être réaffirmée comme la priorité de la stratégie régionale pour la programmation Feader 2023-2027. De plus, à compter de 2023, la DJA va être transférée au niveau régional» affirme Marie-Sophie Lesne, plus déterminée que jamais.
La Région soutient les structures régionales
En plus de soutenir l'installation des jeunes agriculteurs, la Région propose un plan d'action régionale de 1,1 million d'euros par an, qui se décline à travers quatre outils :
- le point Accueil Installation Transmission (PAIT) coordonné par la Chambre d'agriculture. Il est cofinancé avec l'État pour un budget annuel régional de 290.000 EUR. Il accueille et oriente plus de 1.000 personnes par an.
- le plan Activ'ton installation adopté en 2018 constitue un accompagnement renforcé des porteurs de projets, des cédants, et certains jeunes installés. Il donne accès à des formations spécialisées qui réunissent près de 600 participants par an. Il mobilise un budget annuel d'environ 430.000 EUR.
- le nouveau Programme régional pour la création et la transmission en agriculture (PRCTA) vise à faciliter les projets d'installation et de transmission à travers l'accompagnement à la recherche de foncier, une exploitation test en installation et l'accompagnement vers les prêts d'honneur. Il mobilise un budget annuel d'environ 353.000 EUR en partenariat avec quatre associations et la Safer. Plus de 100 agriculteurs et une vingtaine de territoires ont été accompagnés.
- pour l'accès au foncier, la convention avec la Safer a été élargie à l'ensemble des Hauts-de-France en 2019 ; 300.000 EUR ont été engagés pour une période 2019-2023. L'objectif est de soutenir au moins 15 installations sur cette période.
Trois aides directes pour les projets d'installation
- La dotation jeune agriculteur (DJA) : depuis 2014, 1.046 jeunes agriculteurs ont pu bénéficier de cette aide pour un montant global de subventions de 26,6 millions d'EUR, avec une aide moyenne de 25.456 EUR par bénéficiaire.
- L'aide régionale spécifique à l'installation (Arsi) a été mise en place fin 2019 avec une enveloppe annuelle de 600.000 EUR. Elle a bénéficié à 100 nouveaux installés. Cette aide (de 9.000 EUR ou 12.000 EUR) est un outil efficace, complémentaire avec la DJA. L'objectif est d'accompagner 60 installations chaque année.
- Le prêt à taux 0 % a été élargi à l'ensemble des Hauts-de-France en 2016. Il a bénéficié entre 2016 et 2019 à 64 porteurs de projets et a mobilisé 1,9 millions d'euros.
Le Top 3 des régions agricoles qui ont le plus installé
- Le plateau Picard dans l'Oise
- Le plateau Picard dans la Somme
- Le Ternois dans le Pas-de-Calais
Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,