«Les résultats viendront de l'implication de tout le monde !»
Si les blocages routiers ont été levé en fin de semaine dernière, la mobilisation n'est pas pour autant terminée. FDSEA et JA organisent des réunions de sections pour recueillir et synthétiser les propositions de chacun pour davantage de simplification. Entretien croisé avec leurs présidents respectifs.
Quels étaient les principaux objectifs de cette mobilisation et dans quelle mesure estimez-vous qu'ils ont été atteints ?
Régis Desrumaux : Il y a déjà longtemps que l'on alerte sur une rupture du monde agricole ! L'opération «On marche sur la tête», où les panneaux d'entrée d'agglomération ont été retourné, le montrait bien. Lors de nos assemblées de SEA, on voyait un ras-le-bol général des agriculteurs concernant les règlementations, les contrôles, les jachères, la remise en cause de la fiscalité du GNR... On en a marre ! Marre qu'on nous accuse d'être responsables de l'inflation, du réchauffement climatique et de la pollution.
Gwennaëlle Desrumaux : On a voulu dénoncer le fait de considérer systématiquement les agriculteurs comme une variable d'ajustement. Rien que sur le plan médiatique, cette mobilisation a été une réussite. Il y a eu une véritable prise de conscience des politiques comme du grand public. Côté politique, certains élus sont venus plusieurs fois, comme Xavier Bertrand (le président de la région Hauts-de-France, ndlr). Nous avons pu lui parler des difficultés que nous rencontrions avec son administration à propos de la dotation jeunes agriculteurs (DJA) mais aussi le PCAE et autres dossiers en souffrance. Il y a déjà eu des retours positifs sur le sujet de la part de la région.
RD : Evidemment, il est encore trop tôt pour qu'il y ait des effets qui se fassent ressentir dans les exploitations. Mais on a déjà des groupes comme Lactalis qui reviennent à la table des négociations. Pour ce qui est du GNR et des jachères, il y a eu des annonces, mais on reste vigilants.
Quels ont été les moments clés ou tournants de cette mobilisation selon vous ?
RD : Dès les premiers jours, on a vu qu'il y avait de plus en plus de monde. Que les agriculteurs venaient de partout. Et le week-end où l'Oise a décidé de maintenir la pression a été décisif. Tous les agriculteurs présents sont d'ailleurs à remercier. Sans eux, il n'y aurait pas eu cette action dont on reparlera encore dans vingt ans. Pas de dérapage, pas de dégât et on a tenu bon. J'y ai peut-être perdu quelques kilos, mais j'ai découvert des personnes. Ces moment sont enrichissants et renforcent notre volonté.
GD : Le vendredi soir, après les annonces du gouvernement, on a bien senti que l'on était sur un autre modèle de mobilisation. Derrière, les animateurs syndicaux se sont démenés pour assurer l'intendance. Sans oublier le Service de remplacement, qui a su se mettre en ordre de marche pour permettre à tout le monde de venir sur la manifestation.
Quelles sont les prochaines étapes pour la FDSEA et les JA suite aux annonces du gouvernement ? Y a-t-il déjà des actions ou des négociations prévues ?
RD : C'est un gros boulot qui nous attend maintenant. Des réunions de travail vont se mettre en place pour proposer des simplifications à la préfète de l'Oise. Ce sont des mesures qui pourront se prendre au niveau départemental. On sollicite tous nos adhérents pour participer. Qu'ils viennent avec les problèmes qu'ils rencontrent sur leur exploitation. On veut être complet, on ne veut rien oublier et amorcer une maximum de choses avant le Salon de l'agriculture (qui s'ouvre le 24 février prochain, ndlr).
GD : Cette phase de travail est tout aussi importante que la mobilisation. La synthèse des contributions sera ensuite remontée à la préfecture.
RD : Les résultats viendront de l'implication de chacun. Chaque contribution compte. Ensuite, je fais confiance à la préfète de l'Oise, Catherine Seguin, pour faire remonter nos difficultés et pour changer ce qui peut l'être à son niveau. On a bien vu dans nos échanges que même l'administration était parfois perdue dans tous les normes et textes réglementaires. Nos interlocuteurs de l'administration départementale ont su être à l'écoute.
Comment la FDSEA et les JA comptent-ils s'assurer que le gouvernement respecte ses engagements ?
RD : Avec une telle mobilisation, il y a une obligation de résultat. Il y a un suivi des annonces qui est assuré par la FNSEA et nous échangeons régulièrement avec le national à ce sujet. Ce seront autant de sujets et de questions qui seront soulevés lors du prochain congrès de la FNSEA à Dunkerque (du 26 au 28 mars 2024, ndlr). Même chose au niveau départemental. C'est fini le harcèlement des agriculteurs ! Si rien ne bouge, on remettra le couvert !
GD : Et ça viendra de la base. Ce sont nos adhérents qui décideront de la marche à suivre si nos revendications ne sont pas prises en compte. Les réponses à nos actions doivent être concrètes. On sait que certaines problématiques ne peuvent pas se régler rapidement comme les jachères et le plan Écophyto, mais la marche avant est enclenchée.
RD : On reste toutefois méfiants. J'ai encore le souvenir des actions contre l'application des ZNT. Les pouvoirs publics étaient revenus sur leurs annonces. Je le répète, si rien ne se passe rapidement, on repartira pour des actions après ou pendant le Salon de l'agriculture. L'Oise en est capable
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