L'Oise Agricole 27 janvier 2022 a 09h00 | Par Christophe Soulard

Michel-Édouard Leclerc s'affiche toujours moins cher

Le président du comité stratégique des centres E.Leclerc, Michel-Édouard Leclerc a été auditionné le 19 janvier par la Commission des affaires économiques du Sénat. Entre crainte du retour à l'inflation et négociations commerciales, il est également revenu sur la polémique de la baguette à 0,29 E.

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Avec 721 magasins (hypers, supers et express), 690 drives, 2 541 enseignes spécialisées 140 000 salariés, 18,5 millions de clients et un chiffre d'affaires de près de 50 milliards d'euros par an, Michel-Édouard Leclerc est un poids lourd de la grande distribution.
Avec 721 magasins (hypers, supers et express), 690 drives, 2 541 enseignes spécialisées 140 000 salariés, 18,5 millions de clients et un chiffre d'affaires de près de 50 milliards d'euros par an, Michel-Édouard Leclerc est un poids lourd de la grande distribution. - © V.F.

Avec 721 magasins (hypers, supers et express), 690 drives, 2 541 enseignes spécialisées 140 000 salariés, 18,5 millions de clients et un chiffre d'affaires de près de 50 milliards d'euros par an, Michel-Édouard Leclerc est un poids lourd de la grande distribution. Lui-même le concède : «Leclerc a surperformé pendant la crise Covid». C'est sans doute ce qui a agacé le sénateur Laurent Duplomb (LR, Haute-Loire) qui s'en est pris frontalement au patron des supermarchés. «Vous vous présentez comme le chevalier blanc du consommateur en faisant savamment oublier que vous vous enrichissez. Vous vous êtes enrichi en 2021 de près de 75 millions d'euros, augmentant votre rémunération de plus de 40 millions d'euros», l'a-t-il accusé. Quelque peu bousculé, le président du comité stratégique a tempéré préférant porter le propos sur les «premiers prix [...] revenus à la lumière de la crise [...] Les Français sont sensibles aux prix. Leur préoccupation essentielle, c'est le pouvoir d'achat», a-t-il insisté souhaitant «ne pas opposer un mur de hausse aux consommateurs».

Transparence

Se défendant d'avoir abordé les négociations commerciales dans un sentiment de déflation mais bien au contraire d'inflation, Michel-Édouard Leclerc assure toutefois qu'il va demander la transparence sur les prix. À mots à peines couverts, il accuse les industries agroalimentaires de ne pas jouer le jeu. «Cependant, nous ferons passer les hausses nécessaires, (...) avec discernement, mais attention à ne pas casser la croissance», a-t-il averti. Selon lui, les centrales d'achat ont reçu des hausses de tarif supérieures ou égales à 6 % «25 % du chiffre d'affaires du groupe est impacté par une hausse de + 6 % sur les produits alimentaires et de +7 % sur le non alimentaire».

«Arrêtons ce cinéma»

Interrogé sur la baguette de pain à 0,29 E pour laquelle il n'a eu que «des retours positifs» de la part de sa clientèle, il a ouvertement accusé Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, d'avoir réagi un trop rapidement. «Nous n'avons pas baissé le prix. C'est le prix moyen de la baguette blanche 1er prix qui oscille entre 0,22 E et 0,32 E. Nous avons décidé de geler le prix pour six mois à 0,29 E. C'est d'ailleurs le même prix qu'Intermarché l'an dernier sur le même produit», a-t-il ajouté. Parce qu'il considère la baguette comme un marqueur à la fois social, culturel et économique, «il faut rassurer le consommateur sur ce produit. Nombre de nos clients sont aussi des agriculteurs», a glissé Michel-Édouard Leclerc. Pressé sur le sujet, et un brin agacé, il a fini par lâcher : «30 % de variation prix du blé, c'est un centime sur une baguette. Arrêtons ce cinéma». Le grand patron est également revenu sur la crise du Covid pendant laquelle «on a mangé n'importe quoi. On a dit que c'était le bio qui avait marché. Non, ce n'est pas vrai, c'est le snacking, on n'a jamais mangé autant de pâtes, riz, plats transformés. Maintenant, c'est passé, la pédagogie sanitaire est réinstallée dans la consommation des Français [...] La transformation du modèle alimentaire français vers un modèle plus vertueux, c'est en marche», a-t-il assuré.

Du porc en vente à moins de 2 E/kg

Depuis quelques jours, le groupe Leclerc propose, de vendre à moins de deux euros le kilo de côtes de porc, soit trois fois moins que le prix au kilo sur le marché de Rungis. Cette pratique a provoqué la colère du syndicat Culture Viande. Dans un communiqué, il dénonce le prix de vente de ces produits, commercialisés «moins cher que des produits d'alimentation pour chiens et chats». Ainsi lorsque E.Leclerc vend des côtes de porc à 1,69 E/kg, son jambon à 1,85 E/kg, l'épaule à 1,45 E/kg ou la poitrine pour 1,95 E/kg, «il manque près de 0,50 E/kg pour couvrir les frais d'abattage, découpe, conditionnement», dénonce le syndicat des entreprises de viande françaises. Auditionné au Sénat le 19 janvier par la commission des affaires économiques du Sénat, s'est fait le héraut des prix bas. Il a annoncé le 20 janvier sur BFM qu'il allait bloquer le prix «d'environ 200 à 300 produits» dont il n'a pas détaillé la liste. Le porc en ferait-il partie ? Le patron de Leclerc a bloqué le prix de la baguette à 0,29 E, suscitant, entre autres, la colère des syndicats agricoles et des boulangers.

Egalim 2 : le ministère durcit le ton envers la distribution

Alors que la forte inflation des matières premières agricoles et des charges met sous tension les négociations commerciales entre industriels et distributeurs, le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie a appelé «personnellement et à plusieurs reprises tous les dirigeants de la grande distribution pour leur mettre la pression sur le respect de la loi Egalim 2», a informé son cabinet le 21 janvier. Depuis le mois de décembre, plus de 200 contrôles ont été effectués par la DGCCRF (répression des fraudes) pour veiller à la bonne application de la loi dans les conditions générales de vente établies entre les industries alimentaires et leurs clients. Le ministère avait annoncé vouloir réaliser «quatre fois plus de contrôles cette année» pour «éviter les stratégies de contournement» d'Egalim 2. Le cabinet du ministre affirme que le ministère est sur une ligne de «tolérance zéro» et que des sanctions seront appliquées «pour ceux qui ne respecteraient pas la loi».

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